Madagascar: Gouvernement - Le ministre Richard Randriamandrato éjecté

Richard Randriamandranto, ministre des Affaires étrangères de Madagascar

Pour la deuxième fois, Richard Randriamandrato est évincé de l'équipe gouvernementale. La décision a été prise, hier, en conséquence à son initiative unilatérale sur le vote de Madagascar à l'ONU, le 12 octobre.

Le couperet est tombé hier, en milieu de journée. Sur décision présidentielle, suite à une proposition du Premier ministre, comme le veut la Constitu-tion, Richard Randriaman-drato, ministre des Affaires étrangères, est démis de ses fonctions. C'est le général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale, qui est désigné pour assurer l'intérim.

Les coulisses du vote de Madagascar, à l'Organisation des Nations Unies (ONU), le 12 octobre, a écourté le second mandat de Richard Randriamandrato au sein du gouvernement. Lui qui, avant d'avoir été placé à la tête de la diplomatie malgache, a été ministre de l'Economie et des finances, avant d'en être écarté, en août 2021. La décision d'hier confirme l'information selon laquelle, la prise de position de la Grande île, à New York, la semaine dernière, a été une initiative unilatérale de l'ancien membre du gouvernement.

Madagascar figure parmi ceux qui ont voté pour la résolution des Nations Unies, condamnant les référendums d'annexion de quatre régions ukrainiennes, organisés par la Russie. Une décision qui a intrigué les observateurs. Pour la première fois, la Grande île a pris position sur une question inhérente au conflit dans l'Est de l'Ukraine. Au-delà du vote, c'est la condition dans laquelle le choix de la Grande île a été faite qui pose problème.

%

Historiquement, Mada-gascar fait partie des pays non-alignés. Une ligne qui lui a permis d'obtenir gain de cause devant l'ONU en 1979 et 1980 sur le dossier îles Eparses.

Faute grave

Une position que la Grande île a toujours gardé et réaffirmé durant cette guerre entre l'Ukraine et la Russie. La Grande île a, par exemple, opté pour l'abstention sur le vote pour l'adoption d'une résolution condamnant l'agression de l'Ukraine, par la Russie, le 2 mars.

Suite au vote de la semaine dernière, Christian Ntsay, Premier ministre, a martelé que si Madagascar "condamne la guerre, dans son ensemble", il reste neutre et ne prend pas position vis-à-vis des deux belligérants. Bien qu'il ne porte que sur un point du conflit dans l'Est de l'Euro-pe, cette prise de position est vue comme un revirement majeur dans la ligne diplomatique malgache. Dans un sens, à s'en tenir aux explications du locataire de Maha-zoarivo, vendredi, le vote malgache peut être défendu.

"Nous sommes également victimes d'une occupation illégale de notre territoire. Il est légitime que nous prenions cette position et refusions l'atteinte à l'intégrité territoriale d'un pays", a expliqué Christian Ntsay, faisant référence aux négociations pour la rétrocession des îles Eparses. Seulement, comme indiqué auparavant, là où le bât blesse, c'est sur la manière dont la décision de voter pour la résolution du 12 octobre a été prise. Elle s'est faite sans concertation préalable et sans le feu vert du chef de l'État.

"Le président de la Républi-que n'a pas été consulté avant ce vote", ont attesté différentes sources, dès le lendemain de la réunion à l'ONU. Bien qu'il y ait suffisamment de temps pour le faire, le sujet n'a pas non plus été porté devant le Conseil des ministres du 12 octobre. En principe, le dernier mot sur pareille décision appartient au président de la République. De sources avisées, au sujet de la guerre en Ukraine, chaque décision prise par le locataire d'Iavoloha découle d'une concertation préalable avec le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et même le gouvernement en Conseil des ministres.

"Une décision concertée et collective", serait la ligne étatique sur le dossier du conflit en Ukraine. L'initiative qualifiée d'unilatérale de Richard Randriamandrato, cassant de façon irréversible la ligne diplomatique de Madagascar "dépasse ses prérogatives". Certains observateurs avancent même un avis lourd de sens et soutiennent, "il s'agit d'une faute grave. Dans d'autres circonstances, la haute trahison peut même entrer dans les débats".

Des informations qui se font insistantes depuis jeudi, lendemain du vote aux Nations Unies sont, d'autant plus, accablantes. La consigne de vote officielle, signée, émanant du ministère des Affaires étrangères et reçue par l'ambassade sise à New York, le 11 octobre, a été "l'abstention". "Quelques minutes avant le vote, mercredi, il y a eu toutefois une nouvelle consigne qui a conduit à cette prise de position de Madagascar, traduire par le vote en faveur de la résolution de l'ONU", concède une des sources contactées.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.