Madagascar: Agroalimentaire - Une industrie ambitieuse

Malgré certaines faiblesses structurelles et un marché local qui n'est pas encore suffisamment large, le secteur malgache de l'industrie agroalimentaire poursuit sa marche en avant et n'hésite pas à viser loin.

Dans la Grande Ile, l'industrie alimentaire est l'un des secteurs qui disposent d'un potentiel d'expansion remarquable. Un avantage que l'on constate aussi à l'échelle continentale car selon les estimations, le marché africain de l'alimentaire et des besoins devrait atteindre 1 000 milliards de dollars d'ici 2030. À titre de comparaison, ce marché représente actuellement 313 milliards de dollars. Cette forte croissance attendue va aussi générer des milliers d'emplois, une plus grande prospérité, une population mieux nourrie et un net élargissement des opportunités, ce qui permettra aux agriculteurs d'être compétitifs sur les marchés internationaux.

Madagascar est appelé à tirer profit significativement de ces perspectives positives qui caractérisent l'évolution du marché de l'agroalimentaire. Ses terrains agricoles et son emplacement géographique lui offrent des avantages comparatifs qui n'attendent qu'à être exploités. De plus, le pays compte plus de 25 millions de consommateurs. Par ailleurs, la prédominance de l'agriculture biologique le positionne sur des marchés à l'export qui ne cesse de s'élargir.

Les données de l'Institut national de la statistique (INSTAT) nous informent sur la trajectoire de développement du secteur. Selon cet organisme étatique, la fabrication d'articles alimentaires occupe déjà une place centrale dans l'agencement de la structure du secteur industriel du pays et, donc, de l'appareil productif de l'économie nationale. Cette branche porteuse a toujours affiché, d'une part, un taux de croissance annuel positif au cours des deux dernières décennies, et d'autre part, représente une part relativement importante (supérieur à 10%) dans la formation de la valeur ajoutée du secteur industriel.

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Un tissu industriel inclusif

L'industrie alimentaire a connu une croissance continue depuis la fin des années 1980. Le secteur a connu un boom à partir de l'année 2006, avec un taux de croissance de 2.76% par an. Désormais, il occupe une place de choix dans l'industrie avec une part moyenne de 20 % du PIB du secteur secondaire. Les matières premières, généralement d'origine locale, constituent des atouts pour les industries alimentaires. De plus, la plupart sont biologiques et disponibles en toutes saisons. L'irrégularité des approvisionnements en matières premières constitue cependant un des problèmes soulevés par les opérateurs de la filière. La coopération avec des organisations paysannes en est la solution. Sinon, la faiblesse du secteur réside dans la vétusté des machines dans certaines unités. Mais force est de constater que la tendance est en train de prendre la bonne trajectoire. Nombre d'entreprises investissent des dizaines de milliards d'ariary dans des équipements modernes.

Selon un membre du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM), le pays a légitimement le droit d'être plus ambitieux. "L'écosystème est favorable à un coût de main-d'œuvre raisonnable et des prix des matières premières locales accessibles. Ajoutons à cela la volonté des autorités de booster la production agricole (agriculture, élevage, pêche... ) pour permettre l'essor de l'agrobusiness, en particulier celui du sous-secteur de l'industrie agroalimentaire", soutient-il.

Le Cercle des Economistes de Madagascar opine, pour sa part, que contribuant à une meilleure régulation des marchés et créant de la valeur ajoutée, l'industrie agroalimentaire constitue un débouché majeur pour la production agricole du pays et contribuera fortement à l'atteinte de l'objectif du ministère de l'Industrialisation, du Commerce et de la Consommation (MICC) d'instaurer un tissu industriel dynamique et inclusif.

Ce think-tank note en outre que sur le plan national, les produits agricoles transformés localement sont de plus en plus à même de concurrencer les produits importés. Aussi, la forte croissance démographique, l'urbanisation avec l'implantation des supermarchés dans les villes et l'apparition de grandes unités de consommation favorisent-elles l'extension et la modernisation de l'écosystème commercial, ainsi que la consommation de produits alimentaires, et plus particulièrement les produits agricoles transformés localement, répondant aux normes et qualités exigées par les consommateurs.

Notons, enfin, que l'initiative d'un nouveau cadre législatif, reposant sur une loi de programmation industrielle, devrait aussi donner un coup de pouce salutaire à l'industrie agroalimentaire. Tout comme la réalisation des programmes ODOF (One District One Factory) et Taninketsa Indostrialy (Zones pépinières industrielles) qui permet de multiplier la création d'unités de transformation des produits agricoles dans les différents territoires. Sans oublier leur apport pour atteindre l'autosuffisance alimentaire. Des progrès que la délégation malgache qui participe actuellement à SIAL Paris, le salon mondial de l'alimentation, ne manque pas de souligner.

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