Madagascar: Andry Rajoelina-Hajo Andrianainarivelo - Le divorce consommé

Hajo Andrianainarivelo et son parti Malagasy Miara-Miainga prennent, définitivement, de la distance par rapport au régime actuel. Clairement, si l'on se réfère aux déclarations et agissements des responsables du parti, le MMM a pris la décision de se ranger dans le camp de l'opposition.

La ligne éditoriale des médias du patron du MMM, devenus très critiques envers le régime, confirme cette décision. Bon nombre d'observateurs estiment que cette décision est plutôt compréhensible vu ce qu'a subi Hajo Andrianainarivelo lorsqu'il était encore au sein du gouvernement. On l'aurait poussé vers la sortie.

Lors de la première formation en 2019, le MMM avait deux ministres au sein du gouvernement, à savoir Hajo Andrianainarivelo, ministre de l'Aménagement du territoire et des Travaux publics, et Volahaingo Marie Thérèse, ministre de l'Education nationale. Mais cette dernière n'est pas restée longtemps à son poste.

Par ailleurs, en l'espace de trois ans, le président national du MMM n'a eu de cesse de régresser dans les rangs protocolaires au sein du gouvernement. D'abord, on lui a enlevé le département des Travaux publics. Ensuite, le département des Services fonciers qu'on lui a attribué lors du remaniement du mois d'août 2021 s'est également vu détaché de son ministère. Et au final, Hajo n'a occupé que le portefeuille de l'Aménagement du territoire.

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Ce qui n'a pas plu à cet ancien compagnon de lutte du président Andry Rajoelina qui a fait l'annonce de quitter le navire juste avant le dernier remaniement gouvernemental. Actuellement, le Malagasy Miara-Miainga n'est plus représenté au sein du gouvernement Christian Ntsay. Le président Hajo Andrianainarivelo, quant à lui, semble avoir décidé de se concentrer sur sa candidature à la prochaine course à la Magistrature suprême en multipliant les descentes au niveau des provinces.

Pas plus tard que le week-end dernier, il a rassemblé ses partisans dans le district de Bealanana pour l'inauguration du bureau de la Mairie pour une commune rurale. À cette occasion, il a été accompagné par les élus locaux du MMM dont la députée Volahaingo Marie Thérèse et plusieurs maires. L'on a constaté, en tout cas, que les déplacements de ce genre, dont l'objectif consiste à la redynamisation des bases du parti, sont devenus courants depuis le départ de Hajo Andrianainarivelo du gouvernement.

En ordre dispersé

En tout cas, avec l'évolution de la situation actuelle, on est plus ou moins sûr que le divorce est consommé entre le président Andry Rajoelina et son ancien compagnon de lutte Hajo Andrianainarivelo. Pourtant, d'après les indiscrétions, il n'y aurait aucun problème et aucune discorde entre les deux personnalités.

Le numéro Un du MMM serait plutôt en froid avec l'entourage du locataire d'Iavoloha mais non pas avec lui. Certains observateurs trouvent, quant à eux, que le régime a fait une erreur en laissant partir Hajo. En effet, l'on peut affirmer en se référant aux résultats des dernières échéances électorales et au nombre des élus au sein du Parlement, que le MMM reste un parti que l'on ne peut pas sous-estimer.

Peut-être le plus fort statistiquement après le MAPAR, parmi les partis membres de la Plateforme ARMADA. Le Hiaraka Isika du général Camille Albert Vital et le AVANA du docteur Jean Louis Robinson semblent avoir été mis en veilleuse. Même situation pour le Parti Vert d'Alexandre Georget qui, depuis son éviction du gouvernement, a choisi la politique de la discrétion.

Quoiqu'il en soit, à l'allure où vont les choses, on peut maintenant affirmer que cette plateforme politique ayant soutenu le président Andry Rajoelina durant la présidentielle de 2018, affrontera les urnes en ordre dispersé lors des scrutins de 2023. Pour assurer sa réélection, Andry Rajoelina devrait récupérer ses anciens compagnons de lutte et régler les frustrations de ses partisans dont bon nombre sont mécontents par rapport à la situation actuelle.

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