Tchad: La désignation d'un facilitateur du processus de transition augure le retour à la concordance nationale

Le Président de la République Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo

La mission confiée par la Communauté des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) au facilitateur dans la crise tchadienne donne l'espoir de paix au pays, à condition que pouvoir et opposition apprennent à rechercher l'intérêt général plutôt que leurs propres intérêts. L'actuel président de la République démocratique du Congo, à qui cette responsabilité a été conférée, a pris la mesure de tout faire pour être à la hauteur du rôle qu'il entend jouer, mais la classe politique tchadienne ne doit pas hésiter d'adhérer à la démarche pour qu'il en résulte un aboutissement satisfaisant.

Il est vrai qu'après sa désignation, le 25 octobre comme " facilitateur du processus de transition " au Tchad, Félix-Antoine Tshisekedi s'est engagé à " ne ménager aucun effort pour remplir " sa mission et œuvrer " pour la paix " dans la région, mais il ne pourra réussir cette complexe tâche sans le soutien de la communauté internationale. C'est, d'ailleurs, pour cette raison que dans sa déclaration finale, le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de la CEEAC a " exhorté les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Tchad, particulièrement les Nations unies et l'Union africaine, à maintenir et renforcer leur appui diplomatique, financier, matériel et technique nécessaire au processus de transition " dans le pays.

En attendant de se mettre au travail avec l'appui des partenaires de N'Djamena, le facilitateur dans la crise tchadienne a dit déplorer que le consensus espéré après un " dialogue national et inclusif ", " censé planter le décor des élections démocratiques au Tchad " ait " volé en éclats ". Tout en qualifiant les manifestations du 20 octobre de " dérapage dramatique ", Félix-Antoine Tshisekedi a assuré que le moment est venu pour " remettre la transition sur de bons rails " malgré le fait qu'" à peine éteints les lampions " du dialogue intertchadien, " la crise politique est malheureusement relancée ".

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La CEEAC a pris l'initiative de résoudre la crise tchadienne après les manifestations meurtrières qui se sont déroulées dans différentes villes, dont N'Djamena, la capitale, et Moundou, la deuxième ville du pays, se soldant par un bilan de plus de 70 morts, selon plusieurs sources. Face à cette situation, l'opposition et certaines organisations non gouvernementales appellent la communauté internationale à peser de tout son poids pour demander aux autorités tchadiennes d'arrêter " la chasse à l'homme ". " A la veille de la marche organisée, nous avons écrit au secrétaire général des Nations unies, à toutes les chancelleries, à l'Union africaine. On est en train de nous regarder. Est-ce que les vrais amis du Tchad peuvent enfin, dire de quel côté ils se trouvent ? ", s'est interrogé, par exemple, Succès Masra, président du parti les Transformateurs.

Appel au respect des droits humains et des libertés fondamentales

Les violences au Tchad ont conduit l'Union européenne à demander aux autorités de transition d'identifier " rapidement " leurs auteurs et de les traduire en justice. Josep Borrell a insisté sur " l'importance d'un retour rapide à l'ordre constitutionnel et d'une transition d'une durée limitée qui garantisse le respect des droits humains et des libertés fondamentales ". " Un engagement réel avec tous les acteurs civils et politiques est, par ailleurs, essentiel afin de garantir la crédibilité et la légitimité du processus en cours ", a-t-il poursuivi.

Les raisons qui ont poussé certains Tchadiens à organiser des manifestations dans plusieurs villes du pays sont connues. Tout est parti du fait que le dialogue national inclusif et souverain, organisé du 20 août au 8 octobre, a décidé, entre autres, que la transition, qui était de dix-huit mois renouvelable une fois, a été prolongée de deux ans. Ces assises ont autorisé les dirigeants de la transition d'être candidats aux prochaines élections, qui devraient se tenir en 2024. Des conclusions que le Parti socialiste sans frontières, le parti les Transformateurs et la coalition Wakit Tama n'ont pas acceptées. Ces formations politiques ont de ce fait appelé à la manifestation du 20 octobre, date marquant la fin de dix-huit mois de transition décrétée après la mort du maréchal Idris Déby Itno, en avril 2021.

Pour les contestataires, ceci n'est rien d'autre qu'un plan de succession dynastique. Mais le régime a qualifié cet argument de " fallacieux et superfétatoire ". " Le dialogue a été décrété souverain, il s'est déclaré souverain. D'où vient-il que les citoyens se permettent de contester ses conclusions ? ", a répondu le Premier ministre, Saleh Kebzabo, au cours d'une conférence de presse. Il a, en outre, annoncé la suspension de " toute activité publique des partis politiques et organisations de la société civile ", dont celle du parti des Transformateurs, du Parti socialiste sans frontière et de Wakit Tamma, collectif de partis d'oppositions et d'associations de la société civile. Malgré la divergence des points de vue et les récentes violences intervenues au Tchad, l'Afrique centrale espère que la concordance nationale y reviendra dans les meilleurs délais.

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