Cameroun: Investir dans le maïs camerounais

27 Octobre 2022

Déficit de production de 300 à 500.000 tonnes !Qui l'eût crû ? Le déficit de production du maïs aujourd'hui au Cameroun oscille entre 300.000 et 500.000 tonnes ! Il s'accroît même d'années en années, bien que le maïs ait été décrété " culture stratégique " par l'administration agricole : le très bureaucratique ministère de l'agriculture et du développement rural, le Minader, avec quelques autres spéculations !

C'est vrai, le maïs est chez nous une plante stratégique. C'est la principale céréale cultivée du pays. C'est aussi la principale céréale cuisinée. Non seulement 2 camerounais sur 3 la consomme mais encore, sa moyenne atteint les 51 kg par personne et par an. Stratégique, la culture de maïs l'est encore sur le plan industriel. C'est, en effet, une " matière première de choix de l'industrie brassicole " et un " ingrédient majeur des aliments complets d'élevage avicole et porcicole ".

Toutefois, le maïs camerounais n'a cessé d'afficher, depuis plus d'une double décennie, une " mine grise " avec un volume de production minable, en inadéquation complète avec la demande réelle de l'économie. L'important déficit de production est la résultante d'une demande domestique et sous-régionale en constante expansion (chiffrée à 5 et 7% respectivement il y a près d'une décennie) couplées à un taux d'accroissement démographique et une urbanisation des plus élevées. Par ailleurs, la productivité agricole ne cesse de décroître. Or, il est constant que les 1,25 million de maïsiculteurs ne sauraient, en l'état actuel des choses, infléchir la tendance. Comment le pourraient-ils avec les espaces réduits qu'ils exploitent ? Avec le mode de production artisanal qui est le leur, " caractérisé par le dérisoire des rendements (1 à 2 T par Ha) et le pourcentage élevé des pertes après récoltes (25 à 30%) " ? Cet état de choses fonde, cependant, une multitude de possibilités d'investissement dans la culture, " au regard du potentiel agricole du pays et de ses ressources humaines.

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" La fiche d'identité agricole du Cameroun c'est, en effet : (i) 54 millions d'hectares dispersés sur toute l'étendue de sa demi-douzaine de zones agro climatologiques ; (ii) une main d'œuvre disponible ; (iii) une main d'œuvre bon marché, quand bien même on note un renchérissement du prix de la journée de travail avec l'explosion du " phénomène des motos bend-skin " un peu partout dan les campagnes, issue de la réserve des actifs agricoles paupérisés (plus de 60% de la population). Par ailleurs, bien qu'on doive signaler l'existence d'hybrides locaux théoriquement performants (10 tonnes par Ha) mis au point par la recherche agronomique (IRAD), on ne peut ne pas décrier le fait que l'important travail de recherche abattu dans ses années de gloire par la recherche camerounaise est bel et bien mis sous le boisseau avec la préférence systématique des maïsiculteurs pour les semences hybrides d'Afrique du Sud.

Quelles opportunités d'investissement ?

Comme pour la plupart des opportunités d'investissement passés précédemment en revue ici, les opportunités d'investissement dans le maïs gisent dans la production industrielle de maïs-grain. Pour ce faire, il revient à l'Etat camerounais de faire acte de concession de terres. Dans cette perspective, des complexes agro-industriels de taille judicieuse (souci environnemental et de durabilité), intégrant plantations et infrastructures de stockage, doivent voir le jour. Leur vocation ? La distribution domestique (industries), l'exportation sous-régionale (CEMAC) et, pourquoi pas, continentale. Comme le note elle-même la bureaucratie du Minader, "lL'agro-industrie est un des secteurs prioritaires ciblé par le gouvernement pour l'investissement, car le mieux susceptible de pourvoir massivement aux emplois en milieu rural et de générer la croissance ". Les 5 grandes régions du pays susceptibles de constituer les greniers maïsicoles industriels du pays sont : les régions de l'Ouest, du North-West , du Nord, de l'Adamaoua et du Centre où la mécanisation est facile (coûts de déforestation abordables).

La filière maïs au Cameroun

La filière maïs demeure encore largement inorganisée, en dépit de la mise sur pied, depuis 2006, d'un Programme national d'appui à la filière (PNAFM), largement corrompu et bureaucratique mais aux objectifs de relance et de dynamisation de la production et de la distribution tout à fait louables. Dans une étude produite pour le compte du cabinet BDS nous notions :

" En amont de la filière, les petits producteurs ou exploitants familiaux (plus de 98% des effectifs), constitués en majorité de femmes, demeurent en butte à d'innombrables contraintes de production dont l'accessibilité aux intrants (coûts, disponibilité), le financement, le manque d'espace ou la technicité. Ils consomment entre 75 et 90% de leurs productions. L'effectif des producteurs moyens et gros (5 à 100 ha) représente moins de 2% de l'ensemble des maïsiculteurs. Celui des producteurs industriels (plus de 100 ha), est tout à fait marginal. " L'aval de la filière est caractérisé par des tensions spéculatives fréquentes et fortes (15 à 78% de fluctuation des prix en 2008), alimentées par l'insuffisance de l'offre. Les statistiques de production (maïs, note de T.N.) montrent le croît très peu significatifs des volumes de production au fil des ans. La fulgurance des dernières importations ou celles de 2002 et 2005 confirme la faiblesse structurelle déjà vue de la filière. En prenant en compte les produits dérivés du maïs comme le gritz, les volumes de maïs importés sont énormes. Ils atteignaient 90.000 tonnes en 2000. Le gros des volumes de production proviennent des grands bassins maïsicoles que sont le Mungo, le plateau Bamiléké, le Noun, la région du North-West, les localités de N'Gaoundéré et Ntui où existent les seules plantations industrielles du pays. "

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