Algérie: Mila - Les grottes de Djebel Feltene...témoins perpétuels des massacres commis par la France coloniale

Les grottes de Djebel Feltene

Mila — Les grottes de Djebel Feltene relevant de la commune de Oued Seguen (Sud de la wilaya Mila) sont des témoins perpétuels de la barbarie de la France coloniale, qui a fait de ces lieux des antres de crimes collectifs contre des centaines d'Algériens, dont les restes n'ont été sortis qu'après l'indépendance.

Le moudjahid Amar Boudhersa (85 ans), secrétaire de la délégation des moudjahidine de la daïra de Teleghma, a témoigné que ces excavations, qui étaient à l'origine une mine de fer exploitée sous l'occupation française, ont été transformées en tombes collectives pour des centaines d'Algériens, dont des civils et des maquisards.

Selon M. Boudhersa, qui a rejoint les maquis de l'Armée de libération nationale en 1955, la France coloniale après avoir cessé l'exploitation de ce gisement minier, l'a transformé en fosses communes pour se débarrasser des corps de ses victimes, amenées des localités avoisinantes de Oued Seguen, dont Chelghoum Laïd et Constantine, et des centres de torture à l'instar de ceux de Teleghma, de la Cité Meziane (Constantine) et probablement de biens d'autres régions du pays.

Il a expliqué avoir été, lui-même et les membres du groupe de moudjahidine auquel il appartenait, témoins d'une de ces atrocités alors qu'ils se trouvaient à Djebel Feltene, relevant de la wilaya II historique.

"Nous avons vu quatre jeeps militaires françaises faire descendre près de cette mine de nombreuses personnes, qui ont toutes été exécutées par balles puis jetées dans les grottes", a-t-il attesté, toujours ému par cette scène atroce.

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"Devant ces crimes commis quasi quotidiennement, nous nous devions d'agir pour venger nos frères", a poursuivi le moudjahid, ajoutant qu'au printemps 1959, ils avaient tendu une embuscade à une patrouille des forces spéciales françaises stationnées à Teleghma éliminant les 18 soldats qu'elle comprenait".

Quelques jours après cette action, leur refuge à Djebel Feltene a été découvert et encerclé par les troupes françaises, a-t-il enchainé. "L'accrochage avait duré un jour entier. Trois moudjahidine sont tombés au champs d'honneur, dont le responsable du groupe", a déclaré Amar Boudhersa, assurant que son groupe a pu éliminer plusieurs soldats français avant son retrait vers la forêt Chetaba d'Ain Smara (wilaya de Constantine).

Plus de 660 cadavres dégagés

Après le référendum sur l'autodétermination du 1er juillet 1962, la priorité pour le moudjahid Amar Boudhersa et le groupe de l'ALN auquel il appartenait, était de se rendre à la mine de Djebel Feltene. Mais rien ne les avait préparé à l'horreur qu'ils allaient constater une fois sur place. "Les cadavres étaient entassés et il nous a fallu un mois pour arriver à sortir toutes les victimes de cette sauvagerie inouïe du colonisateur français", s'est-il remémoré encore secoué par ces découvertes macabres.

Pas moins de 664 cadavres, majoritairement des hommes, avaient été dégagés, a précisé ce témoin de la barbarie coloniale, ajoutant qui leur était alors impossible d'identifier beaucoup des victimes, à l'exception de celles qui avaient des signes distinctifs.

Plusieurs années après l'Indépendance, de nombreuses familles de différentes wilayas du pays se rendaient régulièrement dans la région de Feltene à la recherche de leurs fils moudjahidine. Elles affirmaient détenir des informations selon lesquelles ils (leurs fils) avaient été exécutés et jetés dans cette mine après leurs arrestations, a-t-il relevé.

Pour le moudjahid, les entrailles de cette ancienne mine conservent toujours les corps de victimes algériennes et les crimes perpétrés par la France coloniale contre les Algériens sont à jamais ancrés dans la Mémoire collective.

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