Madagascar: Dr Cyriaque Randrianantenaina - " Il faut prioriser le recrutement de Professeurs pour les universités régionales "

interview

L'émergence économique dépend du développement territorial et donc de la qualité de l'enseignement au niveau des Universités régionales, selon Dr Cyriaque Donat Randrianantenaina, Polytechnicien, membre du Groupement National des Experts et des Professeurs des Universités pour le Développement (GNEPUD). Interview.

Midi Madagascar (MM). Comment trouvez-vous la place qu'occupent les universités régionales dans la promotion du développement territorial ?

Dr Randrianantenaina Cyriaque Donat (RCD). En tant que maire d'une commune rurale ayant participé activement aux élections du président en place, je soutiens l'importance des universités régionales nouvellement construites à Antsirabe, à Itasy, à Fenoarivo-Est et dans d'autres régions pour enclencher l'émergence économique régionale. Dans toute société, quel que soit son niveau de développement, les universités de proximité contribuent directement ou indirectement au processus de développement local. Les politiques éducatives au niveau de l'enseignement supérieur, de par leur finalité, leurs objectifs et leurs moyens, sont élaborées pour contribuer à l'amélioration des conditions de vie des individus.

MM. Et en tant qu'enseignant vacataire auprès d'universités régionales, êtes-vous satisfait de la mise en œuvre de politique de l'enseignement supérieur ?

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RCD. Le système de l'enseignement supérieur malgache a de plus en plus de mal à jouer son rôle dans la promotion du développement pour des multiples raisons : insuffisance des moyens et de personnel enseignant, difficulté d'accès des nouveaux bacheliers dans les universités publiques, rendement universitaire insatisfaisant, faible taux d'achèvement à l'université, insuffisance et détérioration des infrastructures universitaires, manque de quantité et de qualité des enseignants, etc. À cela s'ajoutent les impacts d'une longue interruption des activités pédagogiques liées à des grèves de revendication périodiques de bourse et des salaires des personnels enseignants et techniques. Il est donc difficile de parler de satisfaction.

MM. Le pouvoir en place va recruter des nouveaux professeurs pour renforcer les ressources humaines dans les universités, qu'en pensez-vous ?

RCD. La récente déclaration du SECES a révélé qu'il n'y a pas de transparence dans le recrutement des nouveaux professeurs et dans la répartition des postes dans toutes les universités et instituts. J'en apporte seulement une recommandation constructive en préconisant la politique de bonne gouvernance selon le principe : " la bonne personne à la bonne place ". À mon avis, le recrutement devrait être effectué selon les règles de Gestion Stratégique de Ressources Humaines (GSRH). Dans cette optique, les universités régionales nouvellement créées dans le cadre du PEM - dont celles du Vakinankaratra, d´Itasy, de Fénérive-Est, etc. - doivent être priorisées dans toute décision de recrutement de nouveaux enseignants. À titre d'illustration, il n'y a que 17 enseignants permanents dans l'université manarapenitra de Soavinandriana Itasy alors que le nombre d'étudiants inscrits dépasse les 1. 200. Il en est de même à l'Université d'Antsirabe. Cette priorisation s'impose pour concrétiser le PEM et la promesse présidentielle. Elle permet également d'assurer l'équilibre régional par l'augmentation du taux d'accès des bacheliers originaires des régions dans les universités de proximité et de promouvoir par la suite le développement territorial selon les besoins des acteurs locaux.

MM. Quelques mots pour conclure ?

RCD. Ce qu'il faut faire pour garantir un enseignement de bonne qualité c'est d'augmenter le nombre d'enseignants permanents dans les nouvelles universités, tout au moins, afin d'éviter de payer inlassablement les heures complémentaires des enseignants vacataires par exemple. C'est beau d'avoir des infrastructures universitaires aux normes mais il faut aussi des enseignants qualifiés. Pour le GNEPUD, une nouvelle politique publique au niveau de l'enseignement supérieur visant à la fois à améliorer la qualité de l'enseignement et à augmenter la compétitivité et l'employabilité des diplômés sur le marché du travail devrait être élaborée, afin de réduire le chômage et le sous-emploi. C'est par là qu'il faut commencer.

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