Ile Maurice: La BoM perd Rs 6,8 Mds en septembre, sa marge de manœuvre rétrécit

La conjoncture internationale couplée à nos faiblesses domestiques ressort à nouveau dans les comptes de la Banque centrale. Après des pertes de Rs 5,5 milliards en mai, Rs 1,3 milliard en juillet et Rs 2,7 milliards en août, sa situation financière pour septembre affiche des pertes de Rs 6,8 milliards. Quelle en est la raison ? Quelles peuvent être les conséquences ?

Les capitaux propres de la Bank of Mauritius (BoM) se retrouvent négatifs pour le deuxième mois consécutif, affichant Rs 9,7 milliards en août et Rs 5,7 milliards en septembre, soit inférieurs aux Rs 10 milliards requis par la BoM Act pour soutenir sa position financière. La première raison qui pourrait contribuer à expliquer ces pertes depuis plusieurs mois reste les fluctuations du taux de change liées aux investissements de la BoM à l'étranger. Il faut savoir que le prix d'une obligation reflète la valeur du revenu qu'elle procure grâce à ses paiements d'intérêts.

Si les taux d'intérêt en vigueur augmentent, les obligations plus anciennes perdent de leur valeur parce que leurs interest payments sont maintenant inférieurs à ceux des nouvelles obligations offertes sur le marché à un taux d'intérêt plus élevé. Résultat : le prix de ces anciennes obligations chute et on parle donc de pertes sur investissements, pertes qui se reflètent dans les comptes de la BoM sur la valeur de son capital. Les investissements étrangers de la Banque centrale (Financial Assets held at Fair Value through Profit or Loss) totalisaient Rs 134 milliards en août et Rs 113 milliards en septembre.

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Volatilité actuelle du marché

Sur cette note, face à l'excès de liquidité sur le marché, la BoM se voit dans l'obligation de mop up, réduire cet excès de liquidité pour défendre la valeur de la roupie face au manque de devises sur le marché. Pour ce faire, on a l'exemple de la mise en vente de l'Emerald Jubillee Bond. Si la BoM ramasse du cash sur le marché dans l'immédiat, elle devra repayer des intérêts. Ces intérêts se payent via la capital reserve de la BoM. Donc, un faible capital limite la marge de manœuvre de la Banque centrale pour défendre la roupie et lutter contre l'inflation.

Il faut aussi mettre en contexte la volatilité actuelle du marché. Un capital faible limite les options de l'institution pour faire face aux risques liés à l'investissement étranger, l'investissement de la BoM dans la Mauritius Investment Corporation (MIC), l'investissement dans l'or et les risques opérationnels ou stratégiques, entre autres. Les emprunts de la BoM comptent évidemment parmi ces risques.

Dans la période préCovid-19, la Banque centrale disposait d'une balance des paiements solide et achetait des devises étrangères sur le marché local. Or, depuis la pandémie, le pays fait face à un manque accru de devises, forçant la BoM à intervenir plusieurs fois sur le marché pour vendre des devises. Cela peut donc influencer la valeur de la roupie à travers le taux de change pratiqué. À titre d'exemple, en mai, la BoM a vendu USD 30 millions, en juillet USD 55 millions, en août USD 20 millions, et en septembre USD 20 millions. Ces interventions affectent le montant de ses réserves internationales, qui affiche USD 7,3 milliards en septembre.

La problématique est que pour financer la vente de ces devises et maintenir un niveau adéquat des réserves en devises, la Banque centrale doit recourir à des emprunts. La section other liabilities qui inclut les emprunts à rembourser en capital et intérêts affichait Rs 66,7 milliards en septembre. "Le problème actuel est que la Banque centrale ne dispose pas d'un niveau de capital adéquat pour couvrir tous les risques auxquels elle est confrontée, y compris le risque qu'elle ne puisse pas rembourser toutes ces dettes qu'elle contracte", explique l'analyste financier Sameer Sharma.

L'on se retrouve donc dans une situation délicate. Pour défendre la roupie, combattre l'inflation et parer à tous types de risques, la BoM doit avoir un capital solide et doit donc être recapitalisée. C'est là que la situation se corse. Si c'est l'État qui recapitalise la Banque centrale, elle se retrouve dans l'incapacité de soutenir ces autres mesures et ne peut pas recourir à plus de dettes. Si la BoM dévalue la roupie pour rebooster son capital, l'inflation empire. La réponse à cette équation se trouve-t-elle dans la nouvelle BoM Act ? Attendons voir.

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