Madagascar: L'exonération de taxes pour l'importation d'animaux "d'attraction" suscite la controverse

S.E.M. Andry Rajoelina, président de la République de Madagascar

À Madagascar, une déclaration du président de la République suscite de nombreuses réactions. Lors du forum des investisseurs pour l'émergence de Madagascar, ce week-end, Andry Rajoelina a annoncé l'exonération de taxes pour les investisseurs qui souhaiteraient, notamment, importer des animaux tels que des girafes, des zèbres ou encore des éléphants, pour développer le tourisme de safari.

Alors que la Grande Île possède une faune et une flore à 80 % endémique qu'elle peine à protéger, cette incitative pour attirer les investisseurs ne fait pas l'unanimité.

" Quand on regarde le dessin animé 'Madagascar' qui a fait la promotion de Madagascar, on trouve des girafes, des zèbres, mais malheureusement, il n'y a pas de girafes, il n'y a pas de zèbres, il n'y a pas d'éléphants, ici à Madagascar. C'est pour cette raison que l'on s'est dit que, dans les sites et les aires protégées, nous allons ériger et faire appel aux investisseurs à construire des hôtels écolodges 5 étoiles et que nous voulons voir des girafes, des zèbres, des éléphants et beaucoup d'autres animaux", a déclaré Andry Rajoelina.

Connue pour sa centaine d'espèces de lémuriens dont la majorité est en danger d'extinction, ses fossas, ses tortues étoilées ou encore le passage des baleines à bosse et des requins baleines dans ses eaux, le défi de la Grande Île "n'est pas d'importer des animaux exotiques qui pourraient attirer les touristes, mais justement de miser sur sa biodiversité unique et de la valoriser", explique Ndranto Razakamanarina, président de l'Alliance Voahary Gasy,

Joint par RFI, le président de cette plateforme - qui regroupe les organisations de protection de l'environnement - estime que "ce serait une fausse solution d'importer des animaux de l'extérieur qui ne représentent pas Madagascar. Les investisseurs ne viendront pas avec l'image actuelle de la gouvernance environnementale et de la trop faible justice environnementale".

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Défrichements, coupes illégales de bois et feux dans les forêts, trafics d'espèces et d'animaux protégés, la priorité de l'État devrait être de "préserver ce que l'on a", considère, pour sa part, Manitra Randriambololona, président de la Fédération nationale des guides.

"L'introduction d'animaux importés dans les aires protégées n'est pas bien du tout pour l'écosystème malgache et les animaux autochtones", fait-il remarquer avant d'ajouter que cette introduction d'animaux de grande taille pourrait être "bénéfique pour le tourisme, mais à l'extérieur des aires protégées, dans des espaces dédiés. Nous avons beaucoup d'espaces inhabités en dehors des aires protégées et, là, on pourrait créer un site clôturé par exemple. Il faut aussi que l'investisseur voie comment bien gérer ce site, la nourriture pour les animaux, etc... "

Des animaux qu'il faut admirer "dans leur pays et dans leur habitat naturel", a réagi sur sa page Facebook le primatologue malgache, Jonah Ratsimbazafy.

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