Madagascar: Élection - Début laborieux de la refonte de la liste électorale

Voici un mois que le recensement des électeurs pour la refonte de la liste électorale a démarré. Le premier bilan des activités donne une idée du gros travail qui reste à faire, surtout que le temps presse.

Treize millions d'électeurs. Tel est l'objectif du processus de refonte de la liste électorale. Un mois après le début du recensement électoral y afférent, pourtant, la partie est loin d'être gagnée.

En un mois, 3% des treize millions d'électeurs escomptés sont pour l'heure enregistrés dans les bases de données de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Ce pourcentage correspond à un peu plus de quatre cent vingt-sept mille électeurs. Selon les explications de Soava Andria-marotafika, rapporteur général de la CENI, ces chiffres découlent des retranscriptions d'un peu plus de seize mille deux-cent cinquante-quatre carnets de recensement, sur les quelque quarante-huit mille neuf cent quatre-vingt-dix collectés, jusqu'ici.

La Commission électorale estime à un peu plus d'un million deux cent vingt-et-un mille électeurs recensés lorsque les données dans les quarante-huit mille neuf-cent quatre-vingt-dix carnets de recensement seront retranscrits dans ses bases de données. Seulement, même dans ce cas de figure, les résultats à l'issue de ce premier recensement sont encore loin du compte. Surtout que le chronogramme du processus de refonte de la liste électorale prévoit trois mois pour l'opération de recensement, à savoir, octobre, novembre et décembre 2022.

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Le recensement des électeurs a démarré au début du mois d'octobre. Pour atteindre le but de treize millions d'électeurs, il faudra donc que la CENI et ses différents démembrements, ainsi que ses agents recenseurs redoublent d'efforts. Cet objectif concernant le nombre d'électeurs a été fixé suivant la norme qui prévoit que le nombre de personnes inscrites dans la liste électorale devrait, en principe, correspondre à la moitié du nombre de la population. Actuellement les malgaches sont estimés à environ vingt-six millions.

Le retard du démarrage du recensement électoral dans certaines régions serait, en partie, la cause de ce premier mois poussif, explique Soava Andriamarotafika. La livraison des fiches de recensement en est la cause, notamment. Il y aurait eu du retard dans leur impression. À cela s'ajoute la lenteur dans l'acheminement de ces fiches, une fois remplies, remises aux Fokontany et collectés au niveau des communes, vers les districts. Les communes n'auraient pas à leur disposition l'équipement informatique avec le logiciel nécessaire à la refonte de la liste des électeurs.

Refus de s'inscrire

De prime abord, il serait opportun d'augmenter le nombre de tablettes numériques à mettre à la disposition des agents recenseurs pour accélérer l'opération recensement. L'impératif temporel pourrait imposer à la Commission électorale nationale indépendante de solliciter un peu plus la technologie pour accélérer la cadence du recensement. Il s'agit d'une étape cruciale dans le processus de refonte du registre des électeurs. De ce recensement dépend, en grande partie, l'exhaustivité et la fiabilité de la liste électorale. Deux critères déterminants pour la crédibilité de tout processus électoral.

Selon la loi organique sur le régime général des élections et des référendums, "la refonte des listes électorales et du registre électoral national est l'opération qui consiste à supprimer une partie ou la totalité des listes électorales et du registre électoral national, et d'en constituer de nouveaux". La CENI a donc une obligation de résultat. Il lui est impératif de confectionner une meilleure liste électorale que la précédente, sans quoi, la refonte n'aura servi à rien. Outre les questions techniques, par ailleurs, les agents recenseurs doivent faire face à la réticence de certains citoyens, déplore le rapporteur général de la CENI.

Soava Andriamarotafika confirme l'information selon laquelle, des citoyens refusent d'être inscrits ou de s'inscrire dans la liste électorale. "Certains arguent que lors de la période du confinement, ils avaient été laissés pour compte par les Fokontany, pour la distribution des aides sociales. Aussi, ils refusent de recevoir les agents recenseurs en représailles, en affirmant qu'ils ne voient pas l'intérêt d'être inscrits dans la liste des électeurs. D'autres avancent des arguments politiques, selon lesquels, les élections seraient déjà jouées d'avance", regrette le commissaire électoral.

Soava Andriamarotafika essaie d'atténuer la situation en ajoutant, "ils ne sont, toutefois, pas nombreux à refuser d'accueillir les agents recenseurs". Seulement, ces cas de figure témoignent d'un désintérêt d'une partie des citoyens vis-à-vis des élections. Mais aussi, qu'une frange de malgaches adhère aux arguments décrédibilisant le processus électoral et l'entité chargée de l'organiser qu'est la CENI. Un des grands défis de la Commission électorale est aussi de casser ces appréhensions.

Les opérations de mobilisation et de sensibilisation électorale ne relèvent pourtant pas seulement de la CENI. Les partis politiques et la société civile, dont l'éducation citoyenne fait partie des attributions, y ont également une grande part de responsabilité. Il est plus que temps qu'ils s'y mettent franchement. Pour l'heure, la plupart multiplient les campagnes médiatiques réclamant l'arrêt du processus de refonte. Tous savent, cependant, que le temps presse étant donné que les deadlines électoraux, comme celui de la présidentielle, sont prévus par la Constitution et que celui de la refonte de la liste électorale, par une loi organique.

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