Afrique: Accord de cessez-le-feu au Tigré - Une grande avancée vers la paix entre l'Éthiopie et les rebelles

4 Novembre 2022

Après deux ans de guerre, le Gouvernement fédéral éthiopien et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (Tplf), sous l'égide l'Union africaine (Ua), sont convenus, ce mercredi, à Pretoria (Afrique du Sud), d'une cessation des hostilités au Tigré. Si les détails des dispositions et la mise en œuvre de l'accord, que toutes les parties prenantes ont jugé satisfaisants, n'ont pas été dévoilés, il constitue toutefois une grande avancée et un nouveau chemin vers la paix dans cette région nord meurtrie par cette guerre fratricide.

L'accord de cessez-le-feu signé, le 2 novembre 2022, entre les belligérants éthiopiens, après d'âpres négociations, est intervenu à 48 heures du deuxième anniversaire de la guerre déclenchée le 4 novembre 2020. Une guerre fratricide au très lourd bilan macabre, des milliers de blessés et des centaines de milliers de déplacés et disparus. Sous l'égide de l'ancien Président nigérian Olosegun Obasanjo, désigné haut représentant de l'Union africaine pour la Corne de l'Afrique, des délégations du Gouvernement fédéral éthiopien, dirigées par le Premier ministre Abiy Ahmed, et des rebelles du Tigré (Région située au nord du pays), se sont réunies à huis clos à Pretoria depuis le 25 octobre dernier. À l'issue de 10 jours de pourparlers, les chefs des deux délégations se sont accordés sur la cessation des hostilités.

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Avec la situation en Éthiopie qui échappait à tout contrôle de part et d'autre, est-ce le début d'une nouvelle ère ? Tout porterait à le croire si l'on se fie aux échanges de civilités et engagements des représentants du Gouvernement fédéral et des rebelles. Plus qu'un simple texte, ils ont exprimé leur volonté commune de faire taire les armes pour honorer cet accord.

Condamnation unanime

Les deux parties au conflit éthiopien se sont formellement engagées à mettre en œuvre cet accord au profit du peuple éthiopien " qui veut vivre en paix et en harmonie, et un avenir brillant " à travers " la reconstruction des communautés dévastées ainsi que la mise en place, par le Gouvernement, de mesures proactives pour nourrir la démocratie et le développement inclusif dans le pays ". Elles ont convenu d'accord parties de " cesser les hostilités, d'engager un désarmement méthodique, ordonné, en douceur et coordonné ", a annoncé M. Obasanjo qui a travaillé sur ce protocole d'accord depuis 14 mois.

En outre, l'accord, qui est " une solution africaine à des problèmes africains ", prévoit, entre autres, " la restauration de la loi et de l'ordre public, le rétablissement des services, un accès sans entrave des fournitures humanitaires, la protection des civils, la reprise des activités et la possibilité d'acheminer l'aide humanitaire " dans cette région ravagée par la guerre. Toutefois, il précisera que " ce moment n'est pas la fin du processus de paix, mais son début ".

Pertes irréparables

Gravement préoccupés par l'escalade dramatique des combats et les pertes irréparables en vies humaines au Tigré, l'accord, qui participe à la restauration de l'intégrité territoriale de l'Éthiopie (État fédéral depuis 1994), a aussi été salué par les parties prenantes, les organisations internationales (Onu, Ua) et plusieurs autres pays qui ont toujours appelés à l'arrêt des hostilités. Même si les détails des dispositions de l'accord et de sa mise en œuvre n'ont pas été dévoilés, un grand palier vers la paix vient d'être franchi pour un retour à la normale dans cette région du nord du pays, peuplée de six millions d'habitants.

Les affrontements entre les rebelles tigréens et les forces loyales de l'armée fédérale éthiopienne, appuyée par les forces des régions voisines et de l'armée d'Érythrée, pays frontalier du Tigré, ont débuté en novembre 2020. Après cinq mois de trêve, les combats violents, unanimement condamnés par tous les acteurs de la communauté internationale, ont repris en août dernier, plombant l'acheminement de l'aide humanitaire destinée aux six millions de personnes vulnérables de cette région du nord de l'Éthiopie en proie à une grave insécurité alimentaire. S'y ajoutent le bilan inconnu des victimes (décédés, blessés et déplacés) de la guerre au Tigré et la destruction qui a atteint des niveaux alarmants.

Macky Sall salue l'accord de paix signé entre l'Éthiopie et les autorités du Tigré

Le Chef de l'État, Macky Sall, Président en exercice de l'Union africaine (Ua), s'est réjoui de la signature d'un accord pour l'arrêt des combats entre les autorités éthiopiennes et les rebelles du Tigré. " Je salue l'accord de paix signé entre le Gouvernement fédéral éthiopien et les autorités du Tigré. C'est une excellente nouvelle. Je félicite les parties et les encourage vivement à persévérer sur la voie d'une paix définitive ", a twitté le Président Macky Sall.

À rappeler que le Gouvernement fédéral éthiopien et les autorités rebelles du Tigré ont conclu, mercredi, à Pretoria, en Afrique du Sud, un accord de " cessation des hostilités " à moins de 48 heures du 2ème anniversaire du conflit meurtrier qui les oppose dans le nord de l'Éthiopie.

L'Ambassadeur Melaku Legesse parle de " belle réussite "

Pour l'Ambassadeur de la République démocratique fédérale d'Éthiopie au Sénégal, Melaku Legesse, l'accord de paix signé, avant-hier, entre Addis-Abeba et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (Tplf) est une " belle réussite ". Selon le diplomate joint au téléphone par " Le Soleil ", l'engagement du Gouvernement de son pays pour la paix se manifeste très fréquemment. " Maintenant, nous sommes très heureux de voir que notre engagement pour la paix s'est maintenant conclu avec succès et qu'un accord de paix a été conclu ", a soutenu M. Legesse qui a réitéré l'engagement de son pays " à collaborer à la mise en œuvre de cet accord ".

La satisfaction du diplomate est d'autant plus grande que cette " conclusion pacifique " est trouvée dans un contexte où l'Afrique essaie de trouver des solutions à ses problèmes. Dans tous les cas, a-t-il avancé, l'accord a des implications immédiates sur un cessez-le-feu puisque la cessation des hostilités a été convenue. L'accord, a-t-il précisé, va également permettre de sécuriser l'accès humanitaire ainsi qu'aux personnes affectées dans la région du Tigré, mais aussi la restauration des services à la population que le Gouvernement a déjà commencée ces derniers jours. Maintenant, a souligné le diplomate, Addis-Abeba envisage de poursuivre la réinstallation des populations déplacées à cause du conflit. Il a estimé que la situation générale va s'améliorer dans la région du Tigré et dans l'ensemble du pays.

Melaku Legesse en a profité pour exprimer la gratitude de son Gouvernement à toutes les parties qui ont beaucoup contribué à ce processus.

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