Ile Maurice: Arrestation de Bruneau Laurette - Comparution sous haute tension

Bruneau Laurette et son fils Ryan ont comparu devant la Bail and Remand Court, hier, avant d'être reconduits en cellule. Ils comparaîtront à nouveau demain en cour de Moka. L'activiste fait face aux charges provisoires de trafic de drogue et possession d'armes à feu.

L'activiste, arrêté vendredi à son domicile à Saint-Pierre par la Special Striking Team de l'ASP Jagai après la découverte de 42 kg de haschisch d'une valeur de Rs 210 M et de deux armes à feu, est défendu par Meˢ Shakeel Mohamed, Neelkanth Dulloo, Akil Bissessur, Anoop Goodharry et Sanjeev Teeluckdharry. Devant le tribunal, la tension était palpable avec des policiers armés jusqu'aux dents présents. Toutefois, après l'intervention de Me Mohamed, la magistrate leur a demandé de quitter les lieux et ce, après que l'enquêteur a confirmé qu'un tel dispositif de sécurité n'était pas normal.

Bruneau Laurette a expliqué au tribunal que la drogue a été "plantée" chez lui. Il a ajouté comment les policiers l'ont palpé pour récupérer son ADN. "Il a aussi dit qu'avant même que les policiers n'ouvrent les paquets, ils ont dit que c'était du haschich", a déclaré Me Mohamed à sa sortie de la cour. Une demande a aussi été faite qu'une autre équipe reprenne l'enquête et la police n'y a pas objecté.

De plus, la question de l'enregistrement de l'opération a été évoquée. Ce n'est que lundi que la police dira si la descente a été filmée ou pas. Me Teeluckdharry a expliqué que Bruneau Laurette "gêne" le gouvernement. Il a fait le lien entre cette affaire et la perquisition chez sa belle-mère la semaine dernière. Me Goodary a rappelé la découverte de drogue dans un terrain vague à Pointe-aux-Canonniers en mai 2021 et la ressemblance avec les colis retrouvés chez l'activiste. Les armes à feu saisies sont "fizi ki bann pirat ti pe servi lontan ou bien bann fizi dekoratif", a-t-il ironisé.

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Les décisions de la police font sourciller

Après l'arrestation de Bruneau Laurette, un enquêteur a informé Me Teeluckdharry qu'il ne pouvait représenter l'activiste car il serait appelé à témoigner dans cette affaire. Déclaration qui est mal passée dans le milieu légal. Me Teeluckdharry a expliqué qu'aucune raison explicite ne lui a été donnée par celui qui aurait fait ce commentaire. "Je ne comprends pas pourquoi je serai appelé à donner un statement. Je pense plutôt que la police tente d'enfreindre le droit constitutionnel de mon client en l'empêchant d'être représenté par un avocat. On tente de m'intimider."

Me Steven Sauhoboa rappelle que ce n'est pas à la police de décider qui peut représenter un suspect. "C'est à l'avocat de décider s'il sent qu'il y a un conflit d'intérêt." De plus, avance-t-il, s'il y a une situation de conflit et que l'avocat insiste, c'est au magistrat de référer l'affaire au Bar Council. "La police peut simplement avertir l'avocat qu'il est un témoin probable dans une affaire et c'est à l'avocat de décider."

Enquête "incommunicado"

La déclaration d'une "enquête incommunicado" par un policier n'aurait pas arrangé les choses... "Cela n'existe pas", dit un avocat sans détour. "C'est vrai qu'un suspect arrêté dans une affaire de drogue peut être isolé pendant 24 ou 36 heures sans contact avec sa famille ou ses avocats. Il peut être interrogé ou appelé à donner sa version des faits en l'absence de son représentant légal", répond une source policière. Mais si un suspect peut être incommunicado (au secret), l'enquête ne peut pas l'être car après 36 heures, il ne peut plus être privé de son avocat ou être appelé à participer à une parade d'identification.

Nouvelle perquisition à Saint-Pierre

Après sa comparution en cour, Bruneau Laurette a été emmené chez lui, à Petit-Verger à Saint-Pierre, pour une nouvelle perquisition des lieux. Un important dispositif policer avait été mobilisé pour l'exercice. Des dizaines de badauds s'étaient rassemblés sur le bord de la route pour tenter de savoir ce qui se passait, ce qui a causé un ralentissement du trafic.

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