Sénégal: Livre - " Afro-Virus... " : Serigne Aliou Mbacké déconfine les mentalités africaines

6 Novembre 2022

Dans son ouvrage de 165 pages publié chez L'Harmatan Sénégal intitulé " Afro-Virus, Comment déconfiner les mentalités africaines ", Serigne Aliou Mbacké pose un regard panafricaniste sur le devenir du continent.

Un élan panafricaniste. C'est sur cette ligne que l'écrivain Serigne Aliou Mbacké tisse la trame de son livre titré " Afro- Virus, Comment déconfiner les mentalités africaines " publié chez L'Harmattan Sénégal. D'emblée, l'auteur convoque le penseur Levi Strauss qui, en ces termes, dit : " En vérité, il n'existe pas de peuple enfant ; tous sont adultes, même ceux qui n'ont pas tenu le journal de leur enfance et de leur adolescence ". Petit-fils de Serigne Touba, Serigne Aliou Mbacké n'en est pas moins un cadre de l'Administration. Il est chef de la Division des marchés à la Direction des constructions du Ministère de l'Intérieur. Diplômé en Administration et échanges internationaux à l'Université de Paris Est (Upec), il est spécialiste en management des marchés publics.

Fortement influencé par son érudit de grand-père, qu'il nomme " ange gardien ", et particulièrement par la " khassida " (poème) " Assirou mahal abrar " (" Je marche avec les vénérés au moment où les ennemis pensent que je suis leur prisonnier "), ce poème a largement illuminé son amour pour l'écriture et son esprit d'introspection dans les maux qui assaillent le continent. Dans l'introduction déjà (p.9-p.21), S. A. Mbacké donne le ton. Selon lui, la pandémie de Covid-19 devrait constituer pour l'Afrique un élément de résilience qui lui permettrait, à jamais, de panser ses plaies et de lever la tête. " L'Afrique doit sortir du confinement d'une idéologie de la subordination ", a-t-il martelé. Pour lui, son Afrique à lui n'est pas en retard comme on pourrait le penser. Elle n'est pas non plus cette terre lointaine ayant fait l'objet de fantasmes les plus invraisemblables, ni celle des barbares cannibales retranchés dans les savanes ancestrales, à qui il faut offrir, tantôt la " civilisation ", tantôt la " coopération ". " Mon Afrique à moi, c'est cette simple et réelle vie qu'il faut vivre, et non survivre ", a-t-il confié.

%

Le poids du passé

Au regard de S. A. Mbacké, le poids du passé ne devrait pas constituer un frein à l'envol de l'Afrique qui ne doit plus se ranger dans les " grottes opaques de l'autoflagellation, du complexe d'infériorité et de la victimisation ". L'écrivain dépeint une Afrique " envahie et dévorée " par le Sida, la malaria, le diabète, la maladie à virus Ebola et dernièrement, la Covid-19. La survenue de la Covid-19 montre que l'Afrique est toujours figée dans sa position d'éternels suiveurs. " Le copier-coller est toujours de mise. L'Afrique est un pauvre assis sur une mine d'or ", souligne l'auteur (p.24). Fortement influencé par l'islam, du fait de ses origines, Serigne Aliou Mbacké parle de laïcité comme n'étant pas fondamentalement la séparation entre l'église et l'Etat. De la laïcité à la religion, il fait un saut sur la vilénie qu'est la corruption et qu'il résume ainsi : " La corruption, tout comme tous les maux qui affaiblissent le continent, ne seront réglés que par la libération des consciences et la réactivation d'éléments positifs en phase avec nos valeurs de référence ".

Prise de conscience

En attendant cette prise de conscience collective et devant ce tableau sombre de la situation actuelle, des jeunes d'Afrique investissent des horizons assez lointains à la recherche du salut. En quête de cet esprit de liberté, l'auteur convoque la pensée d'Einstein, selon laquelle " la folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent ". Pour lui, le système de travail ressemble beaucoup à un prolongement de l'esclavage, et que la mondialisation n'est qu'un paradoxe entretenu par le rêve d'un " village planétaire ".

Pour définir la mondialisation, l'auteur convoque Henry Bourguinat dans son livre (Les vestiges de la finance internationale) et sa théorie des " 4 D " : Déréglementation, Désintermédiation, Décloisonnement, Dématérialisation. Dans son introspection, l'auteur change les " 4 D " en " 4 R " : Re-matérialisation, Ré-intermédiation, Re-cloisonnement et R-réglementation (p.117).

Répondant à l'assertion du Président français, Serigne Aliou Mbacké souligne que " Le patrimoine africain doit être mis en valeur à Paris, mais aussi à Dakar, Cotonou. Ce sera une de mes priorités ", tout en se demandant si la culture africaine peut être définie au singulier et qu'elle est-elle véritablement ? (p.147).

L'auteur propose une réécriture de " notre propre histoire ", " libre et sans rancune ". Toujours selon lui, l'Afrique doit se libérer du " poids du passé, des chaines du présent et des griffes de l'avenir ". Humanité et humilité doivent être le credo du nouveau type d'Africain qui doit s'enraciner et s'ouvrir et ne pas devenir " un monstre aux pieds d'Achille ", (p152).

Briser les cloisons

Pour l'auteur, ce que nous appelons échec est tout simplement une escale vers la réalisation de soi et ceux qui ne tentent rien n'échouent jamais. Dans cette même optique, il assimile la vie à une course, une dualité entre le bien et le mal... " Je ne perds jamais ; soit je gagne, soit j'apprends ", disait Nelson Mandela. L'auteur pense que le concept du progrès à l'Occidental a montré ses limites, (p.159). " Ce qui est nommé guerre mondiale n'est pas de l'initiative de millions d'individus, mais plutôt d'une poignée de dirigeants qui ont entrainé, de gré ou de force, les peuples dans un chaos qui les dépasse ", explique S. Mbacké (p.160). La métamorphose du papillon requiert l'adhésion consciente ou inconsciente de la chenille et de la chrysalide. À ses yeux, ce ne sont pas nos dirigeants qui vont réaliser l'amour de nos rêves. Il a cité l'exemple du Burkina avec Thomas Isidore Sankara dont la révolution, au-delà de la thèse du complot et de la trahison d'un vieil ami, a été freinée par un défaut d'adhésion véritable des populations aux sacrifices nécessaires à la liberté, (p.161). " Être tel doit, d'abord, être la priorité de l'Afrique. Cela doit être un voyage dans les moindres méandres poussiéreux de son essence ", a ajouté l'auteur. C'est sans doute ce que voulait chanter David Diop par " l'amer saveur de la liberté ".

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.