L'État déploie une nouvelle stratégie dans la lutte contre la pêche illicite. Il s'arme d'une armada de vedettes rapides pour couvrir l'ensemble des zones à risque et sillonner tout le territoire maritime.
Quarante-cinq. Voilà le nombre de vedettes rapides qui sillonneront les côtes malgaches lorsque l'armada sera au complet, annonce Paubert Mahatante, ministre de la Pêche et de l'économie bleue.
Une partie de cette nouvelle flotte a été remise officiellement au Centre de surveillance de la pêche (CSP), de Nosy Be, samedi, par Andry Rajoelina, président de la République. Il s'agit de deux vedettes rapides de type Argos 710, baptisées Antendromaso 0 et Antendromaso VI. Elles sont, notamment, affectées à la surveillance des côtes Nord et Nord-Ouest du pays. Comme le souligne le chef de l'État, cette affectation à la surveillance côtière revêt une triple mission, "la surveillance des côtes, la surveillance du territoire maritime et la protection de l'environnement marin".
Antendromaso 0 et Antendromaso VI font partie d'une flottille qui compte au total sept petits bâtiments déjà répartis dans les zones qui présentent le plus de risque de pêche illicite, non déclarée et non réglementée ou pêche INN, indique Rijasoa Fanazava, directeur exécutif des CSP.
Outre la région Diana qui est la zone d'affectation des deux Antendromaso, les cinq autres vedettes rapides sont chargées respectivement des régions Boeny, Melaky, Menabe, Atsimo Andrefana, Androy, Atsimo Antsinanana et Analanjirofo. Leur acquisition est le résultat d'une coopération avec la Banque Mondiale dans le cadre du projet SWIOFISH 2.
Changement de stratégie
Toujours dans le cadre de ce projet, vingt-et-une autres vedettes rapides viendront "bientôt", former l'armada des vedettes rapides affectées à la surveillance côtière, à entendre le ministre Mahatante. À elles s'ajoutent sept autres remises par le gouvernement japonais. L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), apportera également sa pierre à l'édifice.
Une vedette rapide remise par la FAO sera postée dans l'îlot Mitsio, aux larges de Nosy Be, selon le membre du gouvernement. Selon les explications de Paubert Mahatante, l'État a décidé de changer de stratégie afin que la surveillance des côtes et du territoire maritime soit efficiente. Il y a encore quelques années, seuls deux bâtiments s'en chargeaient. "Leur consommation en carburant est colossale", regrette le ministre de la Pêche et de l'économie bleue. Le célèbre patrouilleur Atsantsa, par exemple, engloutit entre 150 litres et 200 litres de gasoil par heure. Ce qui implique un impact environnemental conséquent, également.
Aussi, Madagascar mise désormais sur un grand nombre de vedettes rapides, notamment, pour optimiser la surveillance de ses 5.603 kilomètres de côtes, de sa Zone économique exclusive (ZEE), d'une surface de 1.141.000 kilomètres carrés et ses deux-cents cinquante-sept îlots. Le cas échéant, les gardes-côtes et les forces navales sont en back-up pour les interventions armées. "Si on fait le compte, vous êtes le premier président de la République à réellement lutter contre la pêche INN", affirme sans ambages le ministre Mahatante.