Afrique: Une COP27 pour rétablir la confiance Nord-Sud

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry reçoit officiellement la présidence de la COP des mains de l'ancien président.

La conférence de l'ONU sur le climat s'est ouverte dimanche 6 novembre à Charm el-Cheikh en Egypte. Ce dimanche a été décidé d'inscrire officiellement la question du financement des dégâts causés par les catastrophes climatiques. Plus que jamais, la question financière sera au cœur des discours des chefs d'États et de gouvernement, cet après-midi. Une centaine a fait le déplacement, ceux du Sud sont attendus en force.

Plus encore que de nouveaux engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, plus encore que la transformation nécessaire de nos systèmes agricoles, nos transports ou nos industries, c'est bien la finance qui sera au cœur des discussions de cette COP africaine, la cinquième depuis 1995. Au-delà des alliances qui se font et se défont face aux puissances comme les Etats-Unis ou la Chine, le pays hôte, l'Egypte, a promis les pays du Sud seront entendus lors de ces 27e négociations climatiques.

Or, cette COP27 s'ouvre dans un climat de défiance, qui s'est ouvertement manifesté déjà l'an dernier à Glasgow. " On entend monter, depuis plusieurs années déjà, une forme de colère de pas mal de pays du Sud, des gouvernements mais aussi de la société civile - ce qui montre que ce n'est pas juste un jeu politique de la part des gouvernements - qui disent que les promesses du Nord n'y sont pas ", résume Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales.

Le nerf de la guerre, c'est l'argent que le Nord a promis au Sud pour l'aider à s'adapter aux impacts du changement climatique. Mais cette promesse, faite en 2009 à la COP15 de Copenhague, de réunir 100 milliards d'euros par an pour 2020 n'a pas été concrétisée. Ils doivent pourtant être doublés d'ici à 2025 et d'autres objectifs doivent être fixés lors de cette COP.

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Car les pays développés sont ceux qui, historiquement le plus pollué, en faisant leur révolution industrielle. Ils sont aujourd'hui rejoints par la Chine, deuxième émetteur historique derrière les États-Unis.

Mais ce sont les pays les plus pauvres qui, bien souvent, vivent les conséquences les plus dévastatrices de la hausse des températures.

La question de la dette écologique

Aussi les pays riches, qui craignent de devoir payer des sommes astronomiques, se tournent de plus en plus vers des partenariats hybrides public-privé, comme les Partenariats pour une Transition énergétique juste (Jet-P). Après celui pour aider l'Afrique du Sud à sortir du charbon, doté de 8,5 milliards de dollars, d'autres pourraient voir le jour autour du Sénégal, du Vietnam et de l'Indonésie.

Les chefs d'État africains à la tribune

Ce lundi matin, un peu plus de 100 chefs d'État et de gouvernement sont attendus à Charm el-Cheikh. Nombre d'entre eux sont Africains. Ils prendront la parole en premier, à partir 13h30 heure française, pendant trois minutes maximum, dans l'une des deux grandes salles plénières du Centre de convention international de Charm el-Cheikh.

Après le président hôte Abdel Fattah al-Sissi, puis son successeur en 2023 le cheikh Al Nehayan des Emirats arabes unis, se succèderont le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Gabonais Ali Bongo Ondimba, le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embaló, la Tanzanienne Samia Suluhu Hassan, l'Algérien Abdelmadjid Tebboune ou encore le Centrafricain Faustin Archange Touadera. Macky Sall (Sénégal), prendra lui la parole demain matin. D'autres pays comme la Côte d'Ivoire, la Gambie, le Mali ou encore l'Angola sont représentés par leurs vice-présidents.

Joe Biden, retenu actuellement à Washington par les élections de mi-mandat qui se tiennent demain mardi, est attendu à Charm el-Cheikh le 11 novembre.

Comment cette COP peut-elle être une réussite pour l'Afrique ?

Tous plaideront pour une plus grande redistribution financière afin d'aider leurs pays à s'adapter aux aléas du changement climatique. Mais jusqu'à présent, c'est le volet " atténuation des émissions de gaz à effet de serre ", priorité des pays riches, qui s'est taillée la part du lion.

L'Afrique, continent le plus vulnérable au changement climatique selon le Giec, espère des engagements sur un mécanisme de financement spécifique pour les " pertes et dommages " car les dégâts déjà subis par le continent réduisent à néant ses efforts de développement en détruisant ses infrastructures, ses terres ou son patrimoine. Le point a été inscrit hier à l'agenda des négociations pour la première fois.

Le continent souhaite enfin qu'on l'aide à préserver ses forêts, en particulier dans le bassin du Congo devenu le premier poumon de la planète. Un certain nombre d'évènements doivent avoir lieu sur la question des puits de carbone en général (océan, mers, forêts... ). La Méditerranée est représentée par un pavillon pour la première fois. Le président français Emmanuel Macron doit saisir l'occasion pour donner des détails sur le One Forest Summit, qui doit se tenir au Gabon en début d'année prochaine.

Enfin, certains dirigeants demandent une " transition juste " : qu'au nom du climat, on n'empêche pas l'Afrique d'exploiter son pétrole et surtout son gaz alors que la moitié de sa population n'a pas accès à l'électricité.

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