Près de 4 000 enseignants remplaçants tunisiens sont en grève depuis la rentrée et réclament leur recrutement et le paiement de leurs salaires sur les six derniers mois. Pour le ministère, le recrutement n'est pas envisageable avant les trois prochaines années, faute de budget. Devant les écoles primaires, la colère des parents d'élèves est palpable.
À Bhar Lazreg, en banlieue nord de Tunis, comme chaque matin, des parents restent avec les écoliers devant la porte de l'école. Ils ne savent pas si leurs enfants vont pouvoir assister aux cours aujourd'hui. Sonia, 31 ans, attend avec son fils : " Depuis la rentrée scolaire de mon fils, la professeure d'arabe n'est jamais venue. Elle est juste venue le premier jour pour leur donner la liste des fournitures scolaires et ensuite, on ne l'a plus revue. Et là, on arrive bientôt à la période des examens, et mon fils n'a pas eu un seul cours. "
Comme d'autres, elle devra emmener son enfant à la garderie pour ne pas le laisser seul à la maison pendant qu'elle travaille. Ce scénario touche plusieurs milliers d'élèves actuellement à cause de la grève des enseignants remplaçants.
" C'est normal qu'ils en aient marre "
Belgacem, fonctionnaire et père d'une fille, ne peut pas se permettre de la mettre dans une école privée : " Imaginez, on m'a demandé 1200 dinars par mois pour inscrire ma fille dans le privé. Mais malgré cette situation. Je les comprends les professeurs en grève, ils touchent un salaire de misère, 650 dinars par mois, c'est normal qu'ils en aient marre franchement. "
Le ministère de l'Éducation a lancé un ultimatum mardi aux enseignants en leur demandant de signer les nouveaux contrats proposés et de retourner à leur poste avant le 10 novembre. Le syndicat de l'enseignement de base a, en réponse, menacé d'organiser des sit-in dans les écoles la semaine prochaine.