Madagascar: Le centre de Tana se construit petit à petit

Depuis 1897 jusque dans les années 1950, Antananarivo, la capitale de Madagascar, voit son visage " orné et rajeuni par des jardins créés en de points bien choisis ". À l'exemple d'Andohalo- le théâtre des solennels kabary de la royauté mérina sinon malgache-, " espace nu, poussiéreux ou fangeux " , qui devient une charmante Place baptisée à l'époque Jean-Laborde. Les auteurs du Spécial Tananarive de la Revue de Madagascar, la décrivent très bien et concluent : " Les arbres y pousseront vite autour du kiosque où, dès 1897, se fait entendre, notre musique militaire ", c'est-à-dire coloniale.

Effectivement, de grands efforts sont, accomplis sur le rocher, la Haute-Ville. On essaye d'inculquer voire d'imposer aux habitants des habitudes d'ordre et de propreté. Les petits marchés sont délimités et n'embarrassent plus la voie publique. En 1913, on commence à paver les rues, on commande des panneaux indicateurs. Toutefois, les quartiers n'ont pas encore l'eau potable, ni des lampes à incandescence. Les détritus domestiques souillent trop souvent les abords des maisons, où grouillent des porcs. " Il s'avère aussi que peu de terrains est disponible pour y construire. C'est pourtant là que s'installent de nombreux services officiels. Ainsi, en bordure du jardin d'Andohalo, la mairie et le secrétariat général de la Colonie avoisinent les bureaux de la Place Jean-Laborde et le Cercle des Européens ou Cercle de l'Union qui sera bientôt remplacé par les grands bâtiments du Lycée Gallieni. C'est pourquoi Antananarivo, en quête d'espaces, descend de son rocher. C'est surtout vers le Nord-Ouest qu'elle s'étend.

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Car c'est la situation abritée par " les vents d'Est, aigres et humides, réputés malsains et contre lesquels les maisons des Hautes-Terres tournent généralement leur mur aveugle ". Et surtout, parce c'est de ce côté que se trouvent des terrains plats qui se prêtent aux œuvres de l'urbanisme et auxquels on accède, à partir des vieux quartiers, par les pentes les moins escarpées. " C'est là que passait le chemin conduisant du Rova à la ville sacrée d'Ambohimanga et aussi à Majunga. C'est aussi là que se trouvait déjà le Palais du gouvernement général, que se tenait le grand marché, que les premières maisons de commerce européennes s'étaient installées avant la conquête. "

" Le choix qui est fait de l'emplacement de la Gare centrale, est un attrait encore plus puissant. " Certains observateurs sont partisans des rives occidentales du lac Anosy, au sud d'Isoraka. Aussitôt, les terres y sont l'objet des spéculations habituelles. Mais le choix se porte sur le vallon d'Analakely qui s'élargit progressivement vers le Nord-Ouest, " entre les collines d'Ambondrona-Antanimena et d'Isoraka-Isotry ". Parallèlement, les pentes sud-est d'Isoraka sont aménagées en parc annexé au Palais du gouvernement à Ambohitsorohitra, en 1901. Celui-ci est relié par l'avenue de France à la Place Colbert (actuelle Place de l'Indépendance), " taillée sur le versant qui dominait Analakely, refoulant le grand marché (du Zoma) dans le fond du vallon ". Ce quartier arasé, Antani-narenina, est dès lors désigné comme le centre de la vie administrative et des affaires à la fois.

Les hôtels et les restaurants descendent aussi du vieux Tana. Les grandes maisons de commerce y construisent magasins et entrepôts. En revanche, les fonds d'Analakely se peuplent moins vite. Sans doute parce que, auparavant, ils ont été couverts de rizières et parfois submergés sous une couche d'eau assez épaisse " pour qu'on puisse aller en bateau jusqu'à Ivato ". Le quadrillage des rues ne traverse encore que des terrains vagues, entre le marché et l'emplacement de la grande gare, " remblayé aux dépens du promontoire rasé d'Antanimena ". C'est alors que les blocs du bas-quartier d'Analakely commencent à se remplir. Sur la carte du Service géographique de 1915, indiquent les auteurs du Spécial Tananarive, l'avenue Fallières (devenue de la Libération puis de l'Indépendance) a déjà ses massifs de verdure. Mais elle n'est pas encore bâtie, à l'instar de celle que prolonge la route de Mahajanga, au sud du carrefour de Soarano. Enfin, sur la face sud-ouest de la Place Colbert, se groupent, à côté de la Poste, " déjà anciennement établie ", plusieurs bâtiments très fréquents. Entre autres, le Comptoir national d'Escompte qui a fait un prêt au gouvernement de Rainilaiarivony, les bureaux du Trésor descendus de la vieille ville, ceux des Mines et des Domaines.

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