Madagascar: De l'hypocrisie collective à la culture du viol

Un petit garçon de sept ans meurt suite à la violence du viol qu'il a enduré. C'était il y a quelques jours, en plein jour, dans la ville de Morondava.

Les enquêtes suivent leurs cours. En espérant que justice soit faite, nous nous abstenons de commenter le processus actuel. Par contre, il est de notre devoir d'en parler pour nous conscientiser tous sur la tragédie sociale qui se passe sous nos yeux au quotidien.

Une jeune femme en situation de handicap lourd est actuellement à quelques semaines d'accoucher l'enfant de son violeur qui n'est autre que son beau-père. L'homme qu'elle a considéré comme son propre père car l'a élevée depuis ses trois ans. Et depuis des années et des années cet homme a abusé d'elle sans qu'elle ait pu faire quoi que ce soit. Il y a quelques mois, elle est tombée dans un mutisme grave et sa mère a découvert qu'au fait elle était enceinte et qu'elle était victime de viol à répétition. Oui, tout cela se passe à Antananarivo. Fait exécrable, le violeur s'en sort avec une peine de deux ans car selon la "justice" seul le dernier acte serait recevable.

Une jeune femme aveugle, étudiante à l'université d'Antananarivo a été prise en guet-apens par des violeurs en fin d'après-midi après les cours. Heureusement, elle a pu être secourue in extrémis. Une fois devant les autorités, les questions ressemblaient plus à des jugements envers la jeune femme. "Pourquoi une aveugle comme vous allez à l'université et qui plus est, marchez seule ? ". Ce n'est qu'une des multiples interrogations teintées de blâmes qu'elle a dû subir. Au final, l'affaire s'est volatilisée ou plutôt est "en cours".

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Une femme porte plainte contre un personnel de santé qui a fait sur elle des attouchements et un viol dans un cabinet d'un grand groupe de soins naturels. Pour preuve, en plus de sa parole, la femme avait les échanges de messages entre elle et le monsieur. Plusieurs autres personnes se sont manifestées sans avoir eu le courage de porter plainte car elles avaient peur de la suite. Et la suite est malheureusement, non pas la suite logique des choses, mais la suite illogique qui est devenue le cours normal de nombreuses histoires de viol. Le présumé coupable a été relaxé, la victime, humiliée et violentée à travers les questions et suppositions dégradantes durant son procès.

Une jeune fille a porté plainte contre un religieux pour l'avoir violée durant deux ans en étant mineure. Tôlée d'indignation : pourquoi avoir attendu deux ans avant de porter plainte! Oui, une grande majorité pense que l'acte n'est pas assez grave pour s'y attarder mais trouve plus grave le fait d'avoir attendu deux ans avant d'avoir dénoncé les viols. Pire, que le religieux en question serait sûrement victime d'une manipulation car aucun homme de Dieu ne serait capable de cela.

La culture du viol à Madagascar n'est pas un mythe. Les violeurs agissent sur des enfants, garçons comme filles ; sur les femmes et hommes de tous âges, de toutes conditions physiques, mentales et psychologiques; en ville comme en milieu rural. Les cas de viol ne sont finalement plus des cas mais des faits de société devenus des faits divers. La masse sait, voit, se tait et laisse faire. Les violeurs agissent car la société, les lois laxistes et manipulables à souhait leur permettent de faire violence en toute impunité. Les violeurs agissent car ils savent que la société, le système s'occupera de leur donner raison tout en punissant ceux et celles qui oseront s'indigner et demander justice.

Jusqu'à quand allons-nous accepter tout cela ? Combien de morts, de vies gâchées faudra-t-il compter ?

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