Congo-Kinshasa: Violences au Nord-Kivu - Plus de 188 000 personnes déplacées

Des enfants dans un centre pour personnes déplacées à Goma, au Nord Kivu, en République démocratique du Congo (RDC).

La reprise des affrontements, le 20 octobre dernier, entre l'armée congolaise et le groupe armé Mouvement du 23 mars (M23), dans le territoire de Rutshuru, a porté à au moins 237 000, le nombre de personnes déplacées depuis mars lorsque les premiers affrontements ont éclaté.

Le coordonnateur humanitaire en République démocratique du Congo (RDC), Bruno Lemarquis, s'est dit fortement préoccupé par les conséquences humanitaires liées à la reprise des affrontements. Dans un communiqué publié à cet effet, le 10 novembre, il indique que les acteurs humanitaires estiment à au moins 188 000 le nombre de personnes déplacées depuis la reprise de ces affrontements. " Plus de 76 000 enfants ont vu leur scolarité interrompue. Près de 54% des personnes déplacées vivent au sein de familles d'accueil, tandis que des milliers d'autres occupent des écoles, des hôpitaux, des églises et autres sites improvisés ", a-t-il dit dans le communiqué.

Ces nouveaux déplacements portent, a-t-il fait savoir, à au moins 237 000 le nombre de personnes déplacées depuis mars lorsque les premiers affrontements ont éclaté. " Ceux-ci ont également fait des victimes civiles, alors que des infrastructures civiles, telles que des structures de santé, qui sont des lieux protégés, ont aussi fait l'objet d'attaques ", a souligné le coordonnateur humanitaire.

Bruno Lemarquis note aussi que les affrontements de ces dernières semaines rendent encore plus pénible le quotidien des dizaines de milliers de personnes qui, depuis huit mois, paient un lourd tribut. " Il est important que ces violences s'arrêtent afin que les civils puissent entamer un retour et reprendre le cours de leurs vies ", a-t-il déclaré.

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Il a précisé que c'est dans ce contexte sécuritaire tendu que les acteurs humanitaires conduisent leurs interventions d'urgence, en étroite collaboration avec les autorités provinciales. " En lien avec les derniers mouvements de population, des denrées alimentaires ont été distribuées à plus de 65 500 personnes déplacées et familles d'accueil vulnérables, notamment dans le territoire de Nyiragongo. Les acteurs humanitaires fournissent des services d'hygiène et de l'eau potable. Environ 2 000 enfants bénéficient d'un programme psychosocial.

Des sensibilisations sont organisées pour prévenir les risques de violences ayant pour base le genre, d'abus et d'exploitation sexuelle, tandis que la prise en charge des victimes se met en place. En termes d'hébergement provisoire, les acteurs humanitaires sont en train de travailler avec les autorités provinciales pour identifier des sites où les personnes déplacées peuvent être hébergées temporairement. Face à l'ampleur des besoins, les partenaires s'efforcent d'intensifier la distribution de l'aide pour réduire les souffrances de la population déplacée ", souligne-t-il.

Respect des droits de l'homme

Le coordonnateur humanitaire en RDC fait savoir qu'il est aussi impératif, même dans ces conditions, de respecter les droits de l'homme, le droit international humanitaire, notamment la protection des civils et de leurs infrastructures, ainsi que les principes d'humanité, d'impartialité, de neutralité et d'indépendance qui régissent l'action humanitaire. Selon lui, il est également important de lutter contre les messages de haine et l'incitation à la violence car, a-t-il noté, ces messages peuvent potentiellement mener à des attaques ciblées contre des civils en raison de leur identité et à exacerber la situation actuelle.

" Il est aussi primordial d'assurer la facilitation d'un accès humanitaire sûr et sans entrave pour que nous puissions atteindre les personnes dans le besoin où qu'elles soient ", a dit Lemarquis. Il a prévenu que si l'aide humanitaire est primordiale pour sauver des vies et soulager les souffrances de la population affectée par les violences, elle n'est toutefois pas la seule solution aux problèmes humanitaires, qui viendra du rétablissement de la sécurité et de la paix.

La situation dans le Nord Kivu, estime-t-il, se rajoute à une situation humanitaire déjà très complexe et dégradée dans plusieurs provinces du pays, en particulier dans l'Est. " Dans la province voisine de l'Ituri, la persistance des violences, dont de nombreuses attaques sur des sites de personnes déplacées, a fragilisé de nombreux territoires, entraînant des mouvements massifs de la population. A elles seules, les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu abritent 64% des 5,7 millions de personnes déplacées internes dans le pays. Elles abritent également le plus grand nombre d'acteurs humanitaires qui, chaque jour, œuvrent pour apporter de l'aide à la population affectée par la violence ", a-t-il fait savoir.

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