Madagascar: Questions à... Kolo Randriamanana - " L'individu ne doit pas être livré à lui même "

interview

Kolo Randriamanana, psychologue, expose les facteurs à l'origine des atrocités qui gagnent du terrain actuellement. Elle fait appel aux responsables de tous les niveaux pour agir.

-Comment expliquez-vous ces atrocités qui prennent de l'ampleur ?

- D'un point de vue psychologique, les personnes capables de commettre des cruautés horribles sur leurs semblables sont des personnes qui tendent vers un certain degré de maladie mentale. Les malades mentaux n'ont plus ce côté humain. A la base, la plupart des Malgaches souffrent de traumatisme. Pour leurs cas, il est possible qu'ils souffrent d'un niveau de stress très élevé, surtout avec les contextes actuels. Suite au cumul de nombreux problèmes, de stress, leur capacité de résilience lâche prise. C'est ce qui fait surgir le côté cruel d'une personne. Dans ce cas, son être social s'éteint.

- Quels sont ces facteurs de stress ?

- Les impacts du contexte covid-19, ainsi que la crise socio-économique, sont des facteurs de stress. Ils ont créé un sentiment d'insécurité psychologique au sein de la population. L'épidémie de covid-19 a mis en évidence chez les gens que des évènements malencontreux peuvent survenir, soudainement. Qu'on peut mourir subitement. Qu'on peut souffrir de cette maladie difficile à contrôler. Tout ceci favorise le stress et l'anxiété.

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- Comment prévenir ces actes de barbarie ?

- Tout le système doit agir, pour changer les choses. Pour le cas de Madagascar, le travail est long. Il y a vraiment tout un travail à faire pour rétablir cette santé mentale. Les responsables à tous les niveaux doivent agir. La mission est difficile avec les générations d'adultes. La plupart sont vulnérables. S'ils font face à plusieurs facteurs de stress, il y a un risque qu'ils deviennent cruels. Les travaux devraient être commencés avec la génération des enfants. Il faut travailler aussi bien sur le plan psychologique que sur le système tout entier, avec eux.

- Comment affronter la vie sereinement, face à cette insécurité grandissante ?

-L'individu ne doit pas être livré à lui-même. Un système de protection devrait être mis en place. La communauté a ses responsabilités, si on veut qu'un individu soit en bonne santé mentale. Malheureusement, c'est quelque chose sur laquelle nous n'avons pas de contrôle. Si nous attendons beaucoup de la communauté, de l'Etat, cela deviendra un poids, un stress de plus, si leurs réponses ne nous satisfont pas. Donc, nous devons travailler sur nous-même. Il faut apprendre à rester calme et serein, quels que soient les problèmes.

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