Afrique: Le bon filon

18 Novembre 2022

L'Allemagne pourrait, en 2023 ou 2024, rejoindre le club des rares pays à être allés jusqu'à légaliser le cannabis, comme Malte en Europe, ou le Canada et l'Uruguay, ou bon nombre d'états aux USA. Selon le ministre allemand de la Santé, ce changement de paradigme face à cette drogue douce se révèle important si l'État vise vraiment "une meilleure protection des enfants et des jeunes".

À lire leur projet de légalisation du cannabis à usage récréatif pour adultes, sous réserve de l'aval du droit européen, il est clair que les Allemands veulent placer la production et le commerce du cannabis sous "contrôle public". Ils veulent aussi permettre l'achat et la possession "d'une quantité maximum de 20 à 30 grammes" pour consommation personnelle. Non seulement ce serait une avancée sur le plan médical/médicinal, mais une offensive contre la criminalité et le marché noir.

Durant ces dernières années, de nombreux États ont dépénalisé la consommation de cannabis - leurs consommateurs n'encourent plus de peine de prison - ou ont admis sa consommation aux fins médicales. On serait alors de mauvaise foi si on ne saluait pas le gouvernement mauricien qui s'est enfin décidé à explorer les usages industriels et médicinaux du chanvre. Cette posture aligne Maurice sur un certain nombre d'autres pays africains, qui sont en quête du nouvel or vert, comme l'Afrique du Sud (où le cannabis se vend en pharmacie), le Lesotho, le Maroc, l'Ouganda, le Rwanda et le Zimbabwe. Plus près de chez nous, à La Réunion, depuis octobre 2020, un décret autorise l'expérimentation du cannabis thérapeutique, et les essais ont commencé à partir du 31 mars 2021 pour une durée de deux ans. Et en avril 2021, une entreprise du Lesotho est devenue la première en Afrique à être autorisée à exporter du cannabis médical vers l'Union européenne.

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Des années après la mort du King Sugar, nous devons exploiter le nouveau filon vert, surtout avec la quantité de champs de canne abandonnés. Pour cela, il nous fallait, de manière dépassionnée, oublier nos préjugés et penser le cannabis comme une industrie et non plus uniquement comme une drogue récréative, qu'on fume dans ti-papye, qui se vend comme des petits pâtés dans au moins deux commerces dans chaque ville ou village du pays.

On l'écrit depuis 2013 : en faisant la promotion de la culture du cannabis, on pourrait créer de nouveaux emplois, attirer des touristes, et faire rentrer des devises dans les caisses de l'État comme dans celles du secteur privé. En ces temps de changement climatique, on amorcerait aussi un important retour à la terre, en faisant pousser des plantes au lieu de bétonner tout Maurice, ou construire des villas qui se vendent à plus de Rs 100 millions... À condition que tout cela se fasse dans la transparence et sans le trafic d'influence et la complicité des fonctionnaires, comme dans la très révélatrice importation de 22 millions de ti-papye !

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