Congo-Kinshasa: Faute de structures sanitaires à Bakwa Odia, Kasaï Central - Des cas de mortalité maternelle et néonatale se généralisent

Etre enceinte et réussir sa délivrance, pas facile pour les femmes de Bakwa Odia. Ce groupement incorporé de la ville de Kananga, Chef-lieu du Kasaï Central, dans le quartier Mpemba n'a toujours pas fini à faire les décomptes de ses décès maternels et néonatals. Sans hôpital de référence, sans maternité, moins encore un poste de santé, le calvaire est vécu par les femmes qui attendent famille dans cette entité.

Elles sont partagées entre deux choix : se livrer à des matrones du village ou parcourir une distance allant de 10 à 15 kilomètres à la recherche d'une structure sanitaire plus ou moins moderne pour accoucher. Un chemin de croix aux supplices devenus inévitables pour ces femmes. " J'ai perdu mon bébé en route vers l'hôpital de Mwamba Mbuyi (environ 15 km de Bakwa Odia, Ndlr), je m'étais sentie incapable de continuer ma route, j'ai accouché en brousse. Je n'avais personne pour m'aider et mon enfant est décédé... ", relate, en pleurs, une femme victime de cette situation.

Des cas similaires et ceux de décès des femmes enceintes sont régulièrement dénombrés par le chef de ce groupement qui s'inquiète de " l'inattention " du pouvoir public face ce cycle Infernal. " C'est une souffrance réelle pour les accouchements chez-nous. A Bakwa Odia nous n'avons aucune structure sanitaire moderne qui puisse prendre en charge les femmes ainsi que les nourrissons. C'est qui fait qu'elles (Femmes enceintes, Ndlr) se voient obligées d'aller soit à Tshiawo ou à Mwamba Mbuyi, à défaut de se confier aux mamans matrones du village qui, elles aussi, sans formation recourent à des pratiques ancestrales pour les aider à accoucher... Imaginez qu'on fasse usage même de lames de rasoir, faute de matériels appropriés pour couper le cordon ombilical. C'est difficile ! ", s'alarme Simon Kapepula Bijimine

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Et d'ajouter : " Des cas de décès sont enregistrés tout le temps. Pour les récents, une femme dont la grossesse était à terme a senti les douleurs d'enfantement à minuit, le temps de chercher la matrone qui était allée à un deuil au village voisin, elle a accouché dans sa maison. Faute d'intervention rapide elle a fait une forte hémorragie et elle en est morte, le nourrisson est décédé aussi quelques instants après. Bien avant, deux autres femmes sont mortes en brousses dans les conditions presque similaires et quatre nourrissons n'ont pas survécu après les accouchements conduits par les femmes du village. C'est vraiment difficile et l'Etat nous a abandonnés ".

Un contexte qui fait parler les structures citoyennes. " C'est inadmissible et inconcevable qu'une telle situation soit vécue dans une entité de la ville de Kananga ! ", a réagi Nathalie Kambala, activiste des droits des femmes et de la jeune fille dans la région du Kasaï. De passage à Bakwa Odia, la coordonnatrice de l'ONG Femmes Main dans la main pour le développement Intégral (FMMDI) s'est dite "choquée" par cette situation et en a appelé à la responsabilité de l'Etat.

" Je demande aux autorités publiques de soulager les souffrances de femmes de cette entité en leur dotant d'une structure sanitaire de proximité équipée pour éviter ce drame inacceptable ", a-t-elle lancé. Le groupement de Bakwa Odia dépend de l'aire de santé de Tshiawo dans la zone de santé de Kananga. Les autorités sanitaires évoquent la couverture démographique de cette entité "inférieure" à 5000 habitants comme cause pour justifier le fait qu'elle ne soit pas dotée d'une structure sanitaire.

" La norme du ministère de la santé fixe à 5000 habitants ou plus par entité pour être dotée d'un centre de santé de référence ce qui n'est pas le cas pour Bakwa Odia. Les dernières statistiques actualisées faisant fois donnent 2392 habitants ; c'est inférieur à la norme! Il y a lieu d'évoquer l'absence d'une masse critique capable de faire fonctionner une structure sanitaire ", argumentent-elles.

 

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