Maroc: Les pêches côtière et traditionnelle broient du noir

Dans une provocante indifférence gouvernementale

Manger du poisson, un luxe de plus en plus inaccessible

La flotte de pêche côtière et traditionnelle est en arrêt forcé depuis une semaine. En effet, la majorité des bateaux restent à quai dans plusieurs ports de pêche du pays. De nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des ports paralysés et des pêcheurs qui se plaignent du manque de travail. Et pour cause : la hausse vertigineuse des prix des carburants qui impactent les pêcheurs qui s'approvisionnent en gazoil pour sortir en mer.

Les effets de ces paralysies ont commencé à être ressentis. A Casablanca, à titre d'exemple, les produits de mer sont de plus en plus chers vu les spéculations dues à la faiblesse de l'offre. Le prix d'un kilo de sardine a atteint aujourd'hui 13 DH dans certains secteurs de la ville alors qu'il oscillait entre 6 et 7 DH il y a quelques jours.

Paralysie

Selon un communiqué de la Chambre des pêches maritimes de la Méditerranée, le taux d'arrêt a atteint 100% dans la région orientale et entre 70% à 80% dans les autres zones tout en précisant que ce sont les chalutiers qui sont les premiers concernés.

Le même document explique que cette situation est due, au-delà de la hausse vertigineuse du gasoil, à l'indifférence des responsables du secteur qui font la sourde oreille et ne proposent aucune solution afin de venir en aide aux professionnels.

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Pour les membres de la Chambre des pêches maritimes de la Méditerranée, la situation est dramatique et n'augure rien de bon. Notamment pour l'emploi, la paix sociale et économique dans la région ainsi que l'approvisionnement des marchés locaux et régionaux.

La même sonnette d'alarme est tirée par les propriétaires des barques de pêche côtière et traditionnelle à Al Hoceima qui ont déclaré une grève préventive de 72 heures en signe de protestation contre la hausse des carburants. Selon certains témoignages, les professionnels n'arrivent plus à supporter la facture énergétique du fait de la volatilité des prix. D'autant que les pouvoirs publics n'ont pas jugé utile d'intervenir alors qu'ils sont censés, selon toujours les pêcheurs, gérer les crises et catastrophes qui affectent le secteur.

Faillite

L'Association des professionnels au chalutage du port de Tan Tan a dénoncé, de son côté, les conditions économiques et sociales de tous les professionnels de la pêche côtière en raison de la forte augmentation du prix des carburants. Omar Al-Soussi, président de cette association, a déclaré au site Maroc bleu, que les professionnels de la pêche maritime, en particulier les chalutiers, sont dans l'impasse en raison du coût élevé des carburants. Et ce malgré la grande coopération de certaines entreprises importatrices de gasoil pour assurer l'approvisionnement des bateaux.

Ce responsable a indiqué que la menace de la faillite des flottes se profile à l'horizon au vu de l'endettement élevé et du doublement des intérêts moratoires échelonnés auprès des créanciers. Il a également souligné que l'arrêt de la flotte nationale risque de coûter cher à l'Etat qui perdrait en termes de contributions aux fonds sociaux et collectifs et de création de dynamisme économique.

Omar Al-Soussi a appelé, cependant, les responsables du secteur des hydrocarbures à intervenir pour mettre un terme à la flambée des prix du carburant afin de préserver les acquis réalisés il y a dix ans grâce à la stratégie Halieutis initiée sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et sous les directives Royales pour un développement durable et pour une protection sociale équitable.

TVA

Pourtant, rien ne laisse entrevoir que la situation va se dégager dans les jours qui viennent. Des sources bien informées, assure le site Maroc bleu, ont révélé une éventuelle augmentation de la TVA sur le carburant destiné à la pêche traditionnelle. Pour les professionnels, il s'agit d'un nouveau coup au pouvoir économique des pêcheurs qui intervient dans un contexte de morosité marqué par l'effondrement d'une partie des activités des ports nationaux (11 ports) du fait de l'arrêt de la flotte de pêche côtière.

D'après eux, le gouvernement cherche la paralysie de tous les ports et points de déchargement, ainsi que l'écrasement du segment le plus faible de la pêche maritime, qui n'est autre que la pêche traditionnelle.

L'augmentation de la TVA sur le carburant de la flotte de pêche traditionnelle constituera inévitablement, précisent les pêcheurs, une charge supplémentaire pour cette catégorie, alors que la flotte de pêche en haute mer bénéficie du privilège des subventions sur les carburants, des exonérations fiscales et du privilège de la pêche facultative selon les circonstances. Affaire à suivre.

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