Les dés sont jetés. Le Sénégal affrontera, dimanche 4 décembre, au stade Al-Bayt, l'Angleterre, en huitièmes de finale. Un duel décisif entre deux équipes aux styles opposés qui promet d'être intense.

Avant la confrontation sur le terrain, Gareth Southgate a lancé aux " Lions " un défi qu'Aliou Cissé aura à cœur de relever pour hisser son équipe en quart.

" On sait qu'on sera favori face au Sénégal. " L'entraîneur de l'Angleterre, Gareth Southgate, a lancé les hostilités aussitôt après la victoire (3 - 0), avant-hier, de son équipe sur le Pays de Galles. Une déclaration qui sonne comme un défi et donne un avant-goût de ce que sera la confrontation de dimanche, au stadium Al-Bayt, entre le Sénégal et l'Angleterre. Laquelle s'annonce épique. " Des adversaires différents nécessitent des compositions différentes. J'ai vu jouer le Sénégal contre l'Iran à Vienne. Je les ai bien observés.

À partir de maintenant, on va étudier leurs matchs. On connaît certains joueurs qui jouent dans de grands Championnats et en Angleterre. On sait qu'on sera favori, on doit l'assumer, mais on joue une équipe très dangereuse. " Ces propos de l'ancien milieu défensif de Crystal Palace et d'Aston Villa laissent croire que les " Three Lions " défendront bien leur statut (de favori) et ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin après avoir bien négocié leur ticket pour les huitièmes de finale.

Demi-finalistes il y a quatre ans en Russie, les Anglais ambitionnent de faire mieux cette année. Mais en face, il y aura une belle opposition. Avec la performance réalisée ace à l'Équateur, le Sénégal qui retrouve les huitièmes de finale vingt ans après leur épopée glorieuse de 2002, ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Aliou Cissé l'a rappelé après la qualification de son équipe. C'est une nouvelle compétition qui commence et son équipe, habituée à ce genre de rencontres et prête à jouer contre n'importe quel adversaire, sait négocier ces matchs importants et l'abordera avec le plein de confiance. " Ce sont des matchs couperets qui nous attendent.

Tu gagnes et tu continues ou tu perds et tu rentres à la maison. Il n'y a plus de calcul à faire. Mais notre équipe a une expérience collective qui lui permet aujourd'hui de mieux préparer ces genres de matchs ", a laissé entendre Aliou Cissé. Il s'y ajoute qu'en Coupe du Monde, le Sénégal a toujours tenu tête aux équipes européennes. En deux participations, les " Lions " ont battu la France (1 - 0), la Suède (2 - 1) et tenu en échec (1 - 1) le Danemark. Ils n'ont perdu que contre la Turquie (0 - 1) et dernièrement contre les Pays-Bas (0 - 2).

Une première fois entre les deux équipes...

" Three Lions " et " Lions " sénégalais s'affrontent pour la première fois toutes compétitions confondues. En Coupe du Monde, les Anglais ont souvent eu des difficultés face aux équipes africaines. Hormis leur victoire (3 - 2) à l'arraché contre le Cameroun en quart de finale en 1990 et leur succès (2 - 1) face à la Tunisie lors de la dernière édition en Russie, les " Three Lions " ont buté sur le Maroc (0 - 0) en 1986, le Nigeria (0 - 0) en 2002 et l'Algérie (0 - 0) en 2010. Southgate devra ainsi sortir un grand jeu pour résoudre l'équation sénégalaise. Malgré l'absence de Sadio Mané, les " Lions " ont prouvé qu'ils avaient des arguments à faire valoir et qu'ils ne sont pas venus au Qatar pour faire de la simple figuration.

Pour l'équipe d'Aliou Cissé, le football anglais ne sera pas un inconnu ; le sélectionneur sénégalais lui-même ayant en son temps évolué en Premier League, à Birmingham et Portsmouth. Et dans son effectif, pas moins de six joueurs (Kalidou Koulibaly, Edouard Mendy, Cheikhou Kouyaté, Idrissa Gana Guèye, Ismaïla Sarr et Iliman Ndiaye) jouent dans le championnat anglais. Ce match sera donc un duel entre deux tacticiens aux styles différents. Face aux individualités anglaises, avec des joueurs comme Harry Kane, Phil Foden, Raheem Sterling et autres Marcus Rashford, le Sénégal opposera un collectif huilé, prêt à se mesurer à l'adversaire sans le moindre complexe.

Gareth Southgate, technicien sans palmarès et souvent critiqué pour ses choix, est donc averti. Son équipe sera certes favorite sur le papier, mais un match se joue à 11 et sur le terrain. La Tunisie l'a prouvé, hier en venant à bout de la France, championne du monde. Le Maroc également, contre la Belgique, troisième du dernier Mondial. S'ils sortent indemnes de ce choc, les " Lions " se hisseront en quarts de finale et égaleront la meilleure performance de leur histoire en Coupe du Monde.

AU RYTHME DE LA TANIÈRE

Une victoire qui fait du bien

Avec la blessure et le forfait de Sadio Mané, beaucoup ne donnaient pas cher de la peau du Sénégal. En validant, hier, leur ticket pour les huitièmes de finale après leur belle victoire sur l'Équateur, les " Lions " ont montré qu'ils savaient surmonter les défis.

Après deux premières sorties mitigées, les " Lions " ont battu, mardi dernier, l'Équateur. Une victoire avec la manière qui permet à l'équipe du Sénégal de se hisser en huitième de finale, niveau qu'elle n'avait plus atteint depuis 2002. Cette qualification sonne comme une revanche pour les " Lions " que beaucoup ne voyaient pas arriver à ce stade de la compétition. " Après notre premier match, il y a eu beaucoup de personnes qui ne croyaient plus en nous. Ils disaient que nous n'étions pas capables de le faire.

Mais de notre côté, nous étions convaincus que nous pouvions le faire. Le peuple croyait en nous et il est toujours là. C'est quelque chose d'extraordinaire et je tenais à les remercier ", a déclaré Kalidou Koulibaly après la belle victoire des " Lions ". Cette victoire, ils l'ont dédiée à Sadio Mané, l'absent le plus présent dans cette équipe du Sénégal. " Cette victoire est dédiée à Mané. Avant ce match, il nous a envoyé un message. C'est vraiment quelqu'un qui est là, malgré qu'il soit loin de nous.

Cela se voit que nous vivons en famille et le groupe vit bien ", a noté le capitaine des " Lions ", auteur du but de la délivrance, non sans rappeler qu'au moment de la blessure de Mané, les deux tiers du monde doutaient de la capacité de l'équipe à aller loin. " Ceux qui y croyaient, c'était l'Afrique et le Sénégal. Ils pensaient que nous étions vraiment capables de passer ces phases de poules, malgré la blessure de Sadio Mané. Le Sénégal a toujours été une équipe de frères, d'amis. Et c'est pourquoi nous arriverons à aller de l'avant ", a-t-il assuré. " Nous croyons aux Sénégalais et je pense qu'il ne faut écouter que les personnes qui vous aiment.

Aujourd'hui, nous savons que nous sommes capables de faire beaucoup de choses et nous croyons en notre équipe et en nos joueurs ", a ajouté Koulibaly. Pour Idrissa Gana Guèye, l'équipe nationale du Sénégal vaut tous les sacrifices. " On est toujours content de répondre présent malgré les critiques et tout ce qu'on peut dire. On donnera tout sur le terrain pour mériter la confiance placée en nous ", a assuré le milieu de terrain des " Lions " qui sera absent pour le choc contre l'Angleterre. Dimanche, ils ont rendez-vous avec l'histoire et tenteront de passer un nouveau cap.

Ismaïla Sarr, le déclic

Son réveil était attendu et mardi, contre l'Équateur, Ismaïla Sarr a montré un léger mieux. L'ailier des " Lions " a retrouvé ses sensations et sa vivacité. Très remuant, il a fait des misères à la défense équatorienne. Comme sur le penalty qu'il a provoqué et transformé permettant au Sénégal d'ouvrir le score. Fauché en pleine surface de réparation par Hincapie qu'il avait pris de vitesse, il s'est fait justice lui-même, mettant sur orbite son équipe qui avait obligation de s'imposer... Il faut remonter au 30 janvier 2022 pour voir le dernier but d'Ismaïla Sarr en sélection.

C'était en quart de finale de la Can contre la Guinée équatoriale. Et celui inscrit contre la " Tricolor ", son tout premier en Coupe du monde, vaut son pesant d'or. Sa prestation a été jugée satisfaisante, beaucoup plus aboutie que celles face aux Pays-Bas et au Qatar où il n'avait été que l'ombre de lui-même. " Ce qui m'importe, c'est que l'équipe gagne.

Le reste, c'est un bonus ", a dit l'attaquant des " Lions ", satisfait d'avoir délivré les siens. " Quand j'ai posé le penalty, je me suis dit que je vais marquer. Je vais regarder le gardien, attendre son déplacement et le prendre à contre-pied ", a dit Sarr qui a célébré son premier but de ce tournoi à sa manière. Son coéquipier, Boulaye Dia, a salué l'engagement qu'il met dans ses courses, mais aussi sa percussion. " Ismaïla Sarr est un joueur pétri de talent. C'est très difficile de l'arrêter quand il s'y met. On ne va pas plaindre ses vis-à-vis. Il a de grosses qualités et nous fait énormément de bien ", a reconnu Boulaye Dia.

Avec le forfait de Sadio Mané, Ismaïla Sarr fait partie des cadres sur lesquels compte l'équipe. Sur le penalty, a indiqué Aliou Cissé, son attaquant a pris ses responsabilités. " C'est normal qu'il prenne ses responsabilités. Lui et Koulibaly font partie de nos tireurs (de penalty). Il a pris ses responsabilités et a marqué ; c'est ce qu'on attend d'un footballeur de haut niveau ", a fait savoir le sélectionneur national. Et dimanche dernier, contre l'Angleterre, Ismaïla Sarr sera attendu pour confirmer sa belle prestation et mener l'équipe vers la victoire.

Echauffement

Thriller

J'ai appris, juste avant le début de cette Coupe du monde, que certains de mes collègues coaches avaient trouvé à redire à la décision de la commission des arbitres de la Fifa de rallonger les temps additionnels des rencontres. Afin, selon le divin chauve, l'ex charismatique referee italien Pierluigi Collina, président de ladite commission, d' " éviter des matches à 42, 43 ou 44 minutes de temps effectif " de jeu.

Et moi, je me suis demandé de quoi ils ont peur ? Une rallonge sur le temps de jeu, je trouve plutôt que ce n'est que du bonus. C'est vrai que j'ai le beau rôle ; moi coach très souvent limogé pour causes de résultats insuffisants, actuellement en chômage longue durée et qui ai un douillet canapé dans mon cossu salon comme banc technique... Mais personne ne pourra me refuser le droit, le privilège de savourer ces matches allongés. D'ailleurs, s'il ne tenait qu'à moi, le temps réglementaire des rencontres de football durerait 120 mn et les prolongations 2 fois 30 mn.

Avez-vous, d'ailleurs suivi le match Tunisie - France d'hier ? Excepté peut-être les protagonistes directs et leurs inconditionnels, celui qui n'a pas kiffé la fin hitchcockienne de ce thriller ne mérite assurément pas d'être considéré comme un fan de foot. Moi coach, en tout cas, j'ai particulièrement aimé cet ascenseur émotionnel dans lequel " Bleus " et " Aigles de Carthage " étaient tour à tour embarqués. De pareilles sensations, je rêve d'en connaitre encore durant ce Mondial. De préférence même jusqu'au bout du bout. Cela ajoute encore du piquant à cette compétition qui est désormais entrée dans une phase bien savoureuse...