Madagascar: Boomerang

Une motion de censure dans l'air à Tsimbazaza. Le Premier ministre Christian Ntsay serait sur la sellette car les députés voudraient sa tête.

Des députés lui auraient donné un délai pour qu'il satisfasse les revendications des parlementaires relatives au paiement d'indemnités. Voilà donc un retournement de situation auquel on ne s'attendait pas mais qui serait normal. Lors de la nomination de Christian Ntsay au poste de Premier ministre dans le gouvernement de consensus à l'issue du mouvement des 73 députés en avril 2018, les membres de l'IRD avaient protesté avec véhémence sur ce choix et ne le reconnaissaient pas. Il a fallu que le fondateur du TGV confirme que Christian Ntsay était le choix de l'IRD pour que les esprits se calment. Christian Ntsay a été toujours reconduit à chaque remaniement mais entre lui et les députés, cela n'a jamais été le grand amour malgré les louanges et les satisfecits lors des face à face entre le gouvernement et les parlementaires.

Les candidats proposés par les députés au poste de Premier ministre ou ministres ont toujours été écartés. En outre Christian Ntsay ne roule pas avec les petites combines des députés dans le recrutement de fonctionnaires, de policiers ou de gendarmes. Autant de raison d'inimitié qui finit par cette menace de motion de censure longtemps contenue. Un effet boomerang. Cette fois on arrive à la croisée des chemins puisque les députés semblent déterminés à aller au bout de leurs intentions. Beaucoup d'entre eux sont aussi frustrés par le traitement réservé par l'Exécutif à leur région à l'image d'Ikongo. Maintenant de deux choses l'une. Soit on arrondit les angles comme on sait le faire à travers un pacte de responsabilité, soit on met un point final à la collaboration. La première option semble impossible étant donné que les masques sont enlevés et qu'on découvre qui pense quoi. La seconde semble plus plausible pour éviter une crise institutionnelle et éviter que la situation se gangrène.

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C'est d'autant plus justifié que les députés font preuve de laxisme et de mépris des électeurs avec une session buissonnière alors qu'ils sont payés mensuellement et bénéficient d'avantages faramineux par rapport à la pauvreté des 81% de la population ( dernier chiffre de la Banque Mondiale). Ils sont incapables d'honorer leur devoir pour quatre mois de session par an alors qu'ils revendiquent un traitement de Pacha à trois queues. Il est temps de méditer sérieusement sur l'utilité et l'efficacité de l'Assemblee nationale et du Sénat. Deux institutions qui jouent fond leur rôle dans les grandes démocraties mais qui restent de simples fomenteurs de motion de censure ou de votant de projets de loi les yeux bandés.

Un projet de loi voté par treize députés sur cent cinquante ne doit pas avoir la moindre validité comme une motion de censure n'est pas valable sans le vote des deux tiers des députés. Il faut certainement mettre une certaine balance. Dans tous les cas, on ne ressent pas l'apport des deux chambres parlementaires dans l'amélioration des conditions de vie de la population. On se demande si avec la pauvreté chronique, il faudrait réduire le nombre pléthorique des institutions. À bon entendeur.

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