Madagascar: Le gouvernement ambulatoire de Joseph Gallieni

Arrivé à Antananarivo le 15 septembre 1896, le général Joseph Gallieni prend les fonctions de résident général, le 28 septembre.

Il quittera Madagascar, le 19 mai 1905 Durant cette période, déduction faite du temps passé en France à l'occasion d'un congé (un an deux mois cinq jours), le temps de présence de Gallieni dans la Grande ile est de sept ans cinq mois, selon H. Vidal, F.-J. Couant et A. Razafimahefa (Bulletin de Madagascar, juillet-aout 1970). Il consacre, en outre, à ses tournées deux ans et huit mois, soit trente deux mois de tournées sur quatre vingt-neuf mois de présence. Il est ainsi absent de la capitale plus d'un jour sur trois. Et, toujours selon les trois auteurs, les déplacements se prolongent pendant près de six mois en 1902 et en 1903. À elles seules, la grande inspection de 1898 dure cent trente jours et celle de 1901, cent soixante-quatre.

" Cette constatation globale confirme d'abord le caractère ambulatoire du gouvernement de Gallieni." En effet, par principe et par nécessité, il laisse de larges initiatives à ses subordonnés épars dans la Grande ile. La longueur de ses absences oblige à penser qu'il agit de même avec ses collaborateurs immédiats. " Le gouvernement général n'a pu fonctionner que par la pratique- si rare- de la délégation. " Les trois auteurs accordent une grande attention aux moyens de transport que Gallien utilise. À côté du traditionnel " filanjana ", l'automobile apparait. En 1900, le voyage de Maevatanàna à Antananarivo, soit 350 km, s'effectue en deux jours. Le premier tronçon du chemin de fer Antananarivo-côte Est qui est " l'une des grandes pensées de Gallieni ", est inauguré le 16 octobre 1902 et les 102 premiers kilomètres, le 1er novembre 1904. Moyen de transport à la fin de son séjour, le chemin de fer est considéré comme un " objet privilégié d'inspection ".

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Mais le moyen essentiel de transport demeure le bateau. Il lui permet de réaliser deux tours complets de l'ile de Toamasina à Toamasina en 1897 et 1901 ; un voyage de Mahajanga et Nosy Be à Toamasina par le Sud en 1900 ; quatre inspections des côtes Nord, de Mahajanga à Toamasina, en 1900, 1902, 1903 et 1904. " Dans cet immense pays où se dessinaient à peine quelques axes routiers et où s'ébauchait la voie ferrée, le bateau, comme aujourd'hui l'avion, était le premier instrument de commandement et d'inspection. " Dès lors, les ports qu'il considère comme "les capitales économiques de l'ile ", sont bien les centres majeurs des tournées du premier gouverneur général français à Madagascar, à savoir Toamasina, Mahajanga et Diego-Suarez. Et " convaincu de la probabilité d'une guerre avec l'Angleterre, Gallieni hâtait les fortifications de Diego-Suarez ".

C'est pour cela qu'il passe quatre vingt-quatre jours dans ce port, quatre vingt-douze jours à Mahajanga. Mais les séjours à Toamasina écrasent tous les autres : trois cent-deux jours. Cette durée de ses séjours dans cette ville où ne se pose alors aucun problème militaire, prouve " son intérêt pour les questions économiques et sa prédilection pour ce port, futur terminus du chemin de fer ". En revanche, les deux seuls arrêts à Fianarantsoa ne dépassent pas au total dix jours. Au contraire, les trois auteurs fixent les limites maximales des déplacements de son successeur, Victor Augagneur (1906-1909) à cinquante deux jours en 1907, trente deux en 1908, trente-six en 1909. Ce contraste entre les deux gouverneurs généraux ne s'explique pas par des raisons de santé. Arrivé à l'âge de 47 ans, Gallieni a une " santé déjà délabrée " par ses longs séjours coloniaux. Augagneur a 50 ans en 1905, et donne l'image d'un homme en pleine possession de ses moyens. En fait, il ne croit pas en la valeur des tournées et critique celles de Gallieni.

" Quand il se déplaçait, visitait quelques régions, les choses se passaient sur le modèle des inspections générales militaires : les intéressés prévenus à l'avance avaient le temps de se préparer... Entouré, guidé par les autorités civiles et militaires du lieu, le gouverneur général ne voyait que ce qu'on lui montrait, ne pouvait guère juger que des travaux publics en exécution. Des agissements directs de ses subordonnés, il ne savait rien et ne pouvait rien connaitre, pas plus que l'état d'esprit des indigènes qu'il ne jugeait qu'à travers des manifestations imposées d'enthousiasme... "

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