Madagascar: Trahison énergétique

"Vers la fin de l'année 1999, seulement dix pour cent de la population malgache avait accès à l'électricité.

En milieu rural, ce taux était moins de 1%" (Exposé des motifs de la loi n°2002-001 du 7 octobre 2002 portant création du Fonds National de l'Électricité). "D'après les statistiques de 2015, seulement 15% de la population ont accès aux services d'électricité à Madagascar et ce taux est inférieur à 6% en milieu rural. Dans sa Lettre de Politique de l'Énergie pour 2015-2030, l'État malgache a fixé comme objectif de porter ce taux d'accès au niveau national à 70% à l'horizon 2030. Par ailleurs, les 85% de production d'électricité proviendront essentiellement des énergies renouvelables dont 75% de l'hydroélectricité, 5% de l'éolien, et 5% du solaire" (Exposé des motifs de la loi n°2017-021 du 19 décembre 2017 portant réforme du Fonds National de l'Électricité).

Les objectifs de 2002 étaient d'accélérer l'électrification du pays ; de promouvoir l'accès au service de base d'électricité de la population rurale; de développer les sources d'énergies renouvelables: éolienne, hydroélectricité, solaire. La loi de finances 2020 pérennise ces vagues promesses : "la production d'électricité devrait doubler d'ici cinq ans, ce qui permettra à l'ensemble de la population de bénéficier d'un tarif moins cher et d'accéder à une offre de qualité et en quantité suffisante". Quand, de 2002 à 2022, la situation apparaît manifestement plus catastrophique, avec désormais des manifestations de rue en prélude à une "révolte de l'eau et de l'électricité", ces pourcentages apparaissent fantaisistes et laissent sceptique. Personne ne nierait qu'on a davantage la nette impression d'un recul plutôt que d'un progrès.

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C'est en 1910 que fut créée la première centrale électrique, Antelomita 1 (deux groupes d'une puissance de 1200 kwa), alimentée par les eaux de l'Ikopa. Elle sera complétée en 1930 par Antelomita 2 ainsi que par un groupe thermique d'appoint en ville haute (rue Gallieni). Le barrage de Mantasoa (70 millions de m3 de retenue d'eaux) sera construit sur la Varahina du Nord, un affluent de l'Ikopa, en 1936. Le groupe thermique de Mandroseza a été installé en 1950-1951 que vint renforcer l'énergie provenant du barrage de Tsiazompaniry (250 millions de m3), construit sur la Varahina du Sud, en 1955 (cf. Gérald Donque, "Les problèmes fondamentaux de l'urbanisme tananarivien", Revue de Géographie, n°13, juillet-décembre 1968, p.38). Quand on met en perspective ces réalisations structurelles anciennes et, en vis-à-vis le peu réalisé depuis soixante-trois ans de République malgache, la responsabilité politique, en son absence dramatique de vision, ne saurait être exonérée. Une telle faute historique relève de la trahison d'une nation.

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