Madagascar: Assemblée nationale - Gouvernement - Le face-à-face annulé au nom de l'apaisement

Les députés ont tenu une séance plénière, hier, en fin d'après-midi. Ils ont décidé d'annuler le face-à-face avec le gouvernement, prévu les 14 et 15 décembre afin d'éviter un relent de tension entre l'Assemblée nationale et l'Exécutif.

Éviter l'affrontement. En substance, voilà la principale motivation de la décision prise lors de l'ultime séance plénière de cette semaine, à l'Assemblée nationale. Une séance qui s'est tenue au pied levé, hier, à partir de 17 heures.

La décision prise durant cette séance plénière est "l'annulation", de la séance des questions et réponses entre les députés et le gouvernement. Le rendez-vous prévu les 14 et 15 décembre n'aura finalement pas lieu donc. La séance d'hier en fin d'après-midi, n'a duré qu'une trentaine de minutes. La décision d'annuler le face-à-face entre la Chambre basse et l'équipe gouvernementale est expliquée par la volonté de préserver "l'apaisement institutionnel".

La séance de questions et réponses entre les députés et le gouvernement allait se tenir une semaine après la motion de censure avortée, signée par cent cinq élus. Bien que la fronde ait été tuée dans l'œuf par une fin de non-recevoir signée par Christine Razanamahasoa, présidente de l'Assemblée nationale, une partie des signataires de la motion reste vivement remontés contre l'Exécutif.

%

Dans les travées de l'institution de Tsimbazaza, hier matin, certains prédisaient encore un face-à-face infernal aux membres du gouvernement. D'autres avancent l'idée d'un boycott du

rendez-vous. Dans l'un ou l'autre cas, cela ne fera que confirmer le mal-être entre une partie des députés et l'Exécutif. Comme un symbole de cette volonté de rechercher l'apaisement, c'est Christine Razanamahasoa qui a présidé cette dernière séance plénière qui clôt une semaine politique extrêmement tendue entre l'Assemblée nationale et le gouvernement.

Malmenée et pointée du doigt comme ayant été aux manettes de la motion de censure avant d'avoir signé la déclaration d'irrecevabilité de la proposition, la boss de la Chambre basse semble

avoir tourné la page de ce soubresaut politique. Le bruit affirmant son intention de démissionner du perchoir de l'institution de Tsimbazaza s'est tu également, du moins hier.

Annuler la séance de questions et réponses entre l'Assemblée nationale et l'équipe gouvernementale pourrait ne pas suffire à résorber la grosse faille qui s'est creusée à la suite du soubresaut politique de cette semaine. Bien que certains se soient rétractés, les cent cinq signatures collectées pour appuyer la motion de censure indiquent qu'une large majorité des députés ont une dent, voire plus, contre le gouvernement.

Un test

Dans la configuration actuelle, la cohabitation entre la Chambre basse et l'Exécutif pourrait être constamment sur le fil du rasoir. Outre l'apaisement vis-à-vis du gouvernement, l'institution de Tsimba- zaza devra s'appliquer à résorber les scissions internes. Un fait qui s'applique surtout au groupe parlementaire "Isika rehetra miaraka amin'i Andry Rajoelina" (IRD). Largement majoritaires, les députés Oranges ont massivement signé la motion de censure. Si une partie d'entre eux se sont ensuite rétractés, une autre frange campe sur sa position.

Selon les indiscrétions, la cohésion au sein de la majorité à Tsimbazaza est en train de péricliter. Le fait que trois des six vice-présidents de l'Assemblée nationale, qui sont tous des élus IRD, n'ont pas signé la déclaration conjointe confortant l'irrecevabilité de la motion de censure, signée par Christine Razanamahasoa, démontre que le bloc Orange est en train de se fissurer dangereusement. Pour l'heure, les travaux législatifs ont repris à la Chambre basse.

Avant la séance plénière durant laquelle l'annulation du face-à-face avec le gouvernement a été décidée, il y a eu une autre lors de laquelle les députés ont adopté le projet de loi autorisant la ratification de l'accord portant révision de l'accord général de coopération entre les pays membres de la Commission de l'océan Indien (COI). D'autres textes seront à l'affiche avant la clôture de cette session, le 16 décembre.

En annulant le rendez-vous avec le gouvernement, la Chambre basse ferme les yeux sur l'alinéa 2 de l'article 102 de la Constitution. Cette disposition constitutionnelle prévoit "qu'une séance par quinzaine au moins, y compris pendant les sessions extraordinaires (... ), est réservée aux questions des membres du Parlement et aux réponses du gouvernement". L'apaisement institutionnel pourrait être un motif impérieux.

Dans un discours prononcé en entrée en matière du conseil des ministres de mercredi, Andry Rajoelina, président de la République, a appelé de ses vœux à un apaisement. Le conseil des ministres demande une franche collaboration entre les acteurs politiques, les élus et les responsables désignés pour "sauver Madagascar et non pas le détruire", ajoute le rapport de la réunion hebdomadaire de l'Exécutif.

La deuxième lecture du projet de loi de finances qui vient d'être amendé par le Sénat sera un test grandeur nature pour évaluer l'état des relations entre l'Assemblée nationale et le gouvernement, après le soubresaut de cette semaine. Le nouveau débat sur le texte budgétaire déterminera si l'apaisement souhaité des deux côtés et la franche collaboration requise par le Conseil des ministres ont été entendus. D'autant plus que des litiges budgétaires ont été la cause de la motion de censure.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.