Madagascar: Des droits qui nous reviennent de droit

Pas plus tard que hier, à La Une d'un grand journal, un politicien est traité de "varira ". Pour des raisons que nous éviterons de traiter ici, la bataille fait rage autant dans le monde politique que dans le secteur économique.

Dans tout ceci, la guerre médiatique entre en jeu car ceux qui tiennent la politique comme l'économie de ce pays tiennent aussi le quatrième pouvoir. C'est aussi un fait au niveau mondial et n'est donc pas propre à Madagascar. Seulement, nous nous posons sincèrement la question sur l'éthique mais aussi l'humanité du monde du journalisme malgache.

Pourquoi diable utiliser le mot " Varira " dans un pareil contexte ? Loin de nous l'idée de faire des procès d'intention mais force est de constater que ce n'était point pour flatter le personnage en question. Loin de là. Alors l'on se pose aussi la question si toute cette cacophonie autour des personnes atteintes d'albinisme d'il y a quelques mois n'était finalement que de la poudre de perlimpinpin.

Car visiblement les propos diffamatoires et stigmatisants sont de coutume et ressortent sans complexe quand qui le veut. Nous sommes ce jour le 10 décembre. Journée mondiale des droits de l'Homme. Il faut soigner les discours nous disait-on hier durant une réunion pour éviter de frustrer. Mais jusqu'à quand faut-il jouer la carte de la soi-disant diplomatie de façade ? Jusqu'à quand allons-nous tous nous taire devant des situations extrêmes qui sont devenues, à force du mutisme collectif, des faits divers. Nous nous réfugions tous derrière des mots vidés de leurs sens tels que le " fihavanana ", " fahendrena ", " fanajana ", " honorrable " etc. Qu'avons-nous comme droits humains ? Il n'y a pire sourd que celui qui ne veut entendre, pire aveugle que celui qui ne veut voir et pire violence que l'indifférence.

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Dresser la liste de ce qui ne va pas est fatiguant, déprimant et les lanceurs d'alertes ne le font pas de cœur joie. Mais c'est un devoir couteux et dangereux. Pourtant, nous ne sommes pas protégés contre les violences multiformes que nous subissons. Ceux qui mettent à mal cette société par les corruptions, les détourne-ments, les pillages des ressources, les violations des droits semblent être plus protégés que ceux qui essayent de lutter contre ce système pourri et les vampires qui le tiennent.

10 décembre, jour qui clôt aussi les seize jours d'activisme contre les violences basées sur le genre. Il aurait été logique qu'au-delà des shows ici et là par certaines députées qui soi-disant luttent contre les violences basées sur le genre, l'on ait pu avoir de l'action concrète. Cela fait plus d'un an que la loi pour l'interruption thérapeutique de la grossesse traîne dans les tiroirs de la présidente de l'Assemblée nationale.

Cela fait quelques mois que le Bureau permanent de l'Assemblée nationale fait un excès de pouvoir en bloquant d'une manière anti-démocratique le passage de cette proposition de loi en travaux de commissions. Cela fait un an qu'une petite poignée de ceux à qui on a prêté le pouvoir fait mine de ne pas nous entendre et ne pas connaitre les procédures. Mais surtout, cela fait donc plus de trois mille femmes qui sont mortes dans les hôpitaux à cause de complications post avortement. Oui, il ne s'agit pas juste d'une loi, mais des milliers de vies humaines en jeu.

Une fois encore, le 10 décembre brillera non pas par des actions historiques pour relever les droits humains à Madagascar. Une fois de trop, on s'enlisera dans des histoires de pouvoir non bénéfiques pour la population. Les droits qui nous reviennent de droit ne sont que mythe. Ceux qui devraient lutter pour nous les garantir sont toujours en train de garantir d'autres intérêts que celui du peuple. Heureusement, tous/ toutes ne sont pas comme cela. Malheureusement la majorité, si.

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