Madagascar: Hydrogène vert vert - Une carte à jouer pour Madagascar ?

Comptant pour environ 4% des gaz à effet de serre, le continent africain est celui qui pollue le moins. Mais cette partie du monde où se trouve Madagascar est contrainte de se développer dans un contexte global de transition énergétique.

Pour répondre à une demande en énergie qui ne cesse de croitre, la Grande île, comme les autres pays de la région, doit investir dans le renouvelable. Avec son hydrographie dense et encore peu exploitée, le pays a de quoi produire assez d'énergie pour atteindre son objectif d'offrir l'accès à tous à l'électricité verte.

C'est dans ce contexte que les partenaires au développement comme le groupe de la Banque africaine de développement (BAD) jouent le rôle de booster dans la mobilisation des ressources financières nécessaires à l'accompagnement vers l'utilisation d'énergies plus conformes aux engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris. La BAD qui a déjà investi plus de 12 milliards de dollars dans le cadre de 260 projets d'énergies renouvelables sur le continent et mobilisé un milliard de dollars à travers l'émission d'obligations vertes, met parmi ses priorités le soutien aux programmes de développement de l'hydrogène vert.

Cette banque multilatérale de développement, organisatrice du Forum africain sur l'hydrogène vert en septembre dernier, a aussi déjà fait savoir que l'hydrogène vert va faire l'objet l'échanges approfondis lors de la prochaine édition de l'Africa Investment Forum. Ce dernier qui servira de plateforme de choix pour capter les 25 milliards de dollars au profit d'un continent qui, à ce jour, n'est parvenu à recevoir que 3% des ressources disponibles pour la finance climatique. Il sera aussi question d'échanger sur les segments des projets à financer. Car, bien que séduisantes sur le plan technologique, les ambitions autour de l'hydrogène vert s'accompagnent d'un certain nombre de risques ou de préalables à gérer.

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Une technologie particulière

Selon un technicien du ministère de l'Environnement et du Développement durable, il est nécessaire de disposer de l'infrastructure énergétique adéquate pour commencer la production d'une telle source d'énergie. Notons que l'hydrogène fabriqué à partir d'un processus d'électrolyse de l'eau est dit vert si ce dernier est réalisé à partir d'électricité renouvelable. Une autre dimension à prendre en compte est celle de l'investissement dans les infrastructures de stockage et de sécurité. À noter, en effet, que l'hydrogène exige une technologie particulière et une bonne maitrise des processus de conservation. Mais sur ces différents aspects, les partenaires comme la BAD voient des opportunités accrues, notamment en termes de nouveaux emplois et d'investissements.

Pour Madagascar, il s'agit donc, si le jeu en vaut la chandelle, d'engager un processus visant à maitriser cette nouvelle filière tout en identifiant les possibilités pour financer les projets à développer. À savoir, cependant, que des opportunités pointent déjà leur nez à l'instar du programme "Clean Cooking " pour les pays en développement et l'Initiative Saoudienne de Séquestration de Carbone. Lors du lancement de cette initiative, le mois dernier, Madagascar a été à l'honneur et les promoteurs du programme ont tenu à encourager la Grande île à " sérieusement se pencher sur la production d'hydrogène car toutes les données scientifiques montrent que le potentiel est énorme dans ce domaine".

Un autre grand partenaire potentiel pour lancer la filière l'hydrogène vert à Madagascar est l'agence allemande de coopération internationale, GIZ, qui est déjà très active dans le pays pour l'appui aux différents projets d'énergie verte. Pour cette institution, en vue d'atteindre les objectifs climatiques, l'hydrogène vert et les technologies dites Power-to-X (désignant les technologies ayant pour but de stocker et de transformer l'électricité en différentes autres sources d'énergie) peuvent connaître un avenir radieux. Toutefois, la GIZ souligne que le développement du marché dans les pays en développement comme Madagascar nécessite un soutien ciblé afin d'indiquer des voies de production et d'utilisation économiques, d'identifier les possibilités de projet et d'élaborer des modèles commerciaux.

Signalons que dans la région SADC, c'est la Namibie qui a été, en 2021, le premier pays à annoncer un projet de grande ampleur dans ce domaine, avec des investissements estimés à près de 10 milliards de dollars et l'ambition de produire jusqu'à 2 gigawatts d'électricité. Quelques mois après, en février 2022, l'Afrique du Sud, qui fait face à une crise de l'énergie, a aussi annoncé plusieurs projets d'hydrogène vert d'une valeur globale estimée à 17,9 milliards de dollars. Selon les données du marché à l'échelle continentale, fournies par l'Agence internationale de l'énergie, des pays comme le Maroc, la Mauritanie, ou encore l'Egypte sont, à divers niveaux, déjà engagés dans des projets d'hydrogène vert.

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