Madagascar: Élections - La CENI joue les prolongations

La période de recensement des électeurs dans le cadre de la refonte de la liste électorale arrivera à terme le 31 décembre. La CENI demande une prolongation d'un mois au gouvernement.

Un mois de temps additionnel. C'est ce que la Commission électorale nationale indépendante (CENI), a demandé au gouvernement, pour le recensement des électeurs dans le cadre de la refonte de la liste électorale.

L'information se chuchotait depuis quelques jours. Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la CENI, le confirme. La Commission électorale a demandé au gouvernement de prendre un décret prolongeant la période de recensement des électeurs d'un mois, soit jusqu'à la fin du mois de janvier. Selon le chronogramme actuel, cette période prend fin le 31 décembre. Au regard des chiffres enregistrés dans les bases de données de la CENI, cependant, le nombre d'électeurs recensés est encore loin du compte.

Hier, 19 décembre, Soava Andriamarotafika a parlé d'environ sept millions d'électeurs recensés. Un peu plus de la moitié des treize millions qui est l'objectif affirmé par la Commission électorale au début du processus de refonte de la liste électorale. La loi de finances qui vient d'être adoptée par le Parlement affiche même un objectif de treize millions cinq cents mille électeurs.

Dès le départ du recensement électoral en octobre, l'éventualité que le délai de trois mois, c'est-à-dire, jusqu'à la fin du mois de décembre, ne sera pas tenu a déjà été évoquée. Ceci, bien que la CENI s'est toujours évertuée à être optimiste et rassurante. Il y a eu des problèmes logistiques qui ont retardé le début des opérations de recensement dans les quelques régions. Les imprimés nécessaires n'ont pas été disponibles à temps, en effet.

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L'utilisation de tablettes numériques par les agents recenseurs était annoncée comme une manière d'accélérer la cadence en faisant en sorte que les informations sur les électeurs soient retranscrites directement dans les bases de données de la CENI. Sur terrain, pourtant, rares sont les agents recenseurs qui utilisent les fameuses tablettes. Le nombre des agents recenseurs, par ailleurs, semble insuffisant compte tenu de l'objectif.

Point faible

Même à Antananarivo et ses environs, plusieurs foyers n'ont pas encore eu la visite d'agent recenseur. Au début du recensement électoral, la CENI a indiqué que ces agents travaillent même le week-end et les jours fériés pour permettre l'inscription des personnes qui, à cause du travail, ne sont pas chez eux durant la semaine. Dans les faits, ce n'est pas toujours le cas pourtant.

La CENI a aussi abandonné l'idée de procéder à des recensements électoraux auprès des entreprises. L'idée d'inscrire les prévenus n'est même plus dans les discussions pour "éviter les polémiques". Aussi, la Commission électorale revoit sa communication et incite les citoyens à se rendre dans les bureaux des Fokontany pour s'inscrire dans la liste électorale. La communication justement est le principal point faible de ce recensement électoral.

Déjà qu'il y a le désintérêt criant des citoyens, auquel s'ajoutent les actions d'une frange de la classe politique pour créer une crise de confiance vis-à-vis de la CENI. Cette dernière n'a pas su renverser la tendance vis-à-vis de l'opinion publique. Peu de citoyens sont conscients des enjeux de la refonte de la liste électorale, dont l'étape cruciale est le recensement des électeurs. Il y a ceux qui ne savent même pas que nous sommes en période de recensement électoral. Les approximations dans les méthodologies à appliquer désorientent, par ailleurs.

La CENI n'aura plus droit aux approximations justement durant ce mois de temps additionnel s'il est accordé par le gouvernement. Il lui faudra revoir dès maintenant les failles à résorber pour au moins obtenir un score respectable à l'issue du recensement électoral. Après, il faudra assurer les opérations de dédoublonnage afin d'avoir une liste aussi exhaustive et fiable que possible.

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