Ile Maurice: Umarfarooq Omarjee - "Le prix des billets d'avion se stabilisera puis baissera en 2023"

21 Décembre 2022

Si en 2020 les voyages de fin d'année restaient sur la ligne de départ, pandémie oblige, la reprise aérienne a-t-elle ressuscité cette tradition en 2022 ? Comment la cherté de la vie a influé sur le budget des vacances internationales des Mauriciens ? La note sera-t-elle plus salée en 2023 ? Umarfarooq Omarjee, directeur exécutif d'Omarjee Aviation Ltd, répond à ces questions.

En décembre 2022, les Mauriciens ont-ils renoué avec leur "White Christmas" ou tout séjour équivalent loin de Maurice ?

Effectivement, en 2022, les Mauriciens ont repris le chemin du voyage. La plupart d'entre eux ont retrouvé un peu leurs habitudes telles que rendre visite à leurs proches ou s'orienter vers des destinations de vacances. Cela leur permet de changer d'air et d'horizon. Toutefois, il est vrai que la période de décembre 2022 correspond à deux ans après le Covid-19. Et même après la réouverture des frontières en 2021, nous avons subi la vague d'Omicron, ce qui fait que nous n'avons pas atteint les chiffres escomptés. Plus on approche de la fin de l'année, plus on voit une certaine normalité en termes de pandémie. Bien évidemment, les choses reprennent graduellement, ce qui est encourageant. C'est très bien que les Mauriciens renouent avec cette habitude de voyager.

Avec la cherté du coût de la vie, les Mauriciens ont-ils plutôt opté pour des pays moins chers ? Lesquels au juste ?

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Effectivement, à travers le monde, on fait face à l'inflation. Ce facteur n'épargne personne, ni aucun pays, y compris Maurice. Après deux ans où les voyages étaient en berne, nous assistons à une première période festive marquée par cette reprise. Au niveau du budget, les voyageurs réfléchissent mais certains veulent aussi se faire plaisir. Plusieurs destinations demeurent plus accessibles, à l'exemple de Rodrigues, l'Afrique du Sud ainsi que des séjours régionaux en Asie. Parallèlement, d'autres pays restent toujours aussi attractifs tels que l'Europe, le Moyen-Orient, surtout avec le Qatar. Divers voyageurs s'y sont rendus pour assister à la Coupe du monde de football et passer des moments de détente. En fait, cela dépend de chacun et du budget. Cela dit, on observe que des destinations de proximité - Rodrigues, Réunion, Afrique du Sud - demeurent plus intéressantes que d'autres.

Quelle est la nouvelle destination considérée comme le "best-seller" en cette fin d'année ?

Nous n'avons pas tant observé des destinations "bestsellers". Toutefois, on constate plusieurs choses. Par exemple, c'est la première fois que le Mondial se tient en décembre, ce qui a encouragé les déplacements des voyageurs vers cette destination. Ils y étaient pour assister à un match, faire un tour au Qatar ou pour participer à l'élan de cet événement. À côté, des destinations classiques restent toujours d'actualité. Et comme les frontières étaient fermées pendant deux ans, il y a cet aspect de nouveauté avec des familles qui repartent.

Comment les Mauriciens ont-ils dû réadapter leur budget pour renouer avec leurs vacances ?

En fait, comme les Mauriciens n'ont pu voyager durant les deux dernières années, cela leur a permis de revoir leur budget. Maintenant, concernant des destinations comme Cape Town, les vols directs ont repris. Avec le billet d'avion et tout ce qui va avec, cela peut tourner autour des Rs 50 000. De même, l'Asie reste une destination prisée, en particulier la Malaisie. On est à peu près dans les Rs 40 000. Dubaï est aussi une plaque tournante intéressante. Tout comme Istanbul dont le budget varie entre Rs 40 000 et Rs 50 000. D'autres paramètres entrent en jeu, notamment si c'est un voyage de couple, de famille, la classe, le type d'hébergement, etc. Dans le budget, ce qui a plus d'incidence, c'est le billet d'avion qui a augmenté quand même.

Quel a été l'impact de la réouverture des frontières sur les prix des billets d'avion ?

Maurice étant une île, on se déplace surtout par avion. À un moment, plusieurs passagers favorisaient les voyages en croisières mais la majorité opte pour la voie aérienne. Avec la réouverture des frontières, on a eu une demande qui a augmenté, pas uniquement à Maurice. C'est une perception mondiale. Automatiquement, il y a eu beaucoup plus de demandes par rapport aux offres beaucoup plus restreintes, avec des compagnies d'aviation qui avaient mis leurs avions en "storage". Certaines se sont séparées de leur flotte, un peu comme Air Mauritius. Par conséquent, les prix des billets d'avion ont été majorés.

Comparativement, en 2020, les prix sur certaines destinations ont évolué entre 35 et 40 %, dépendant si c'est en Europe, en Asie ou en Afrique. Globalement, la majorité des destinations ont augmenté selon ce taux, excepté Rodrigues et La Réunion qui n'ont pas vraiment connu de hausse, vu que ces îles se situent à moins de deux heures de vol. Pour Madagascar, la majoration est de 30 %.

N'oublions pas non plus une grosse flambée au niveau du pétrole. Ainsi, au niveau mondial, le Jet A1 avait atteint un prix très élevé, ce qui a induit une majoration. Mais, progressivement, on retourne vers une certaine normalité avec notamment plus de compagnies opérant sur Maurice et plus de possibilités de voyages. Par exemple, nous lançons la ligne sur l'Italie, en tant que représentant de Neos. Celui-ci assurera la desserte Milan-Rome-Maurice vers la fin de décembre. Vu que nous sommes dans la haute saison dans l'hémisphère sud, il n'y a pas d'autre compagnie qui a prévu un lancement de vols. Mais nous restons attentifs à la saison IATA Summer, débutant en avril et celle d'hiver, en octobre 2023, pour voir si d'autres compagnies développent des lignes sur Maurice ou au niveau saisonnier sur l'île.

Certes, ce sont autant d'éléments qui favorisent une plus grande offre pour les Mauriciens souhaitant voyager et par, ricochet, ceux voulant venir en vacances dans l'île. C'est une voie à double sens. Je pense que les prix commencent à baisser. J'estime que cette tendance se poursuivra. D'ici 2023, les tarifs se stabiliseront et les promotions seront plus d'actualité.

Va-t-on vers une hausse des prix des billets d'avion en 2023 ? Pourquoi ?

Je ne crois pas qu'il y aura plus de majorations des tarifs pour la simple et bonne raison que les compagnies d'aviation sont en train d'augmenter leur capacité. C'est-à-dire en termes de nombre de vols, de destinations, de possibilités de voyage et une plus grande fréquence des déplacements des passagers, etc. En somme, les prestataires relancent la machine qui était à l'arrêt en 2020. Tout ceci fait qu'en 2023, on espère retourner à une certaine normalité complète.

En Europe, certains pays sont presque revenus à la situation de 2019. À ce jour à Maurice, nous sommes à 75 % de ce niveau, ce qui est quand même très bien. D'ici l'an prochain, espérons que nous atteindrons les 100 %. En termes de prix, j'estime que le prix des billets d'avion se stabilisera puis baissera en 2023. Et cela sera visible évidemment durant la basse saison. Celle-ci commence à partir du mois de mai. De plus, il faudra voir, en fonction des compagnies opérant sur Maurice, la demande ainsi que les destinations disponibles. Le plus important est d'avoir pu proposer des offres aux Mauriciens afin qu'ils puissent voyager vers des destinations de proximité ou plus lointaines comme les États-Unis, le Qatar, la France, l'Italie, la Belgique, Londres, la Malaisie, entre autres.

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