Madagascar: Stabilité et État de droit - Les Forces armées mises à contribution

Le président de la République rappelle le devoir des Forces armées dans la défense de la stabilité, de la paix sociale et de la souveraineté nationale. Le ministre de la Défense nationale, pour sa part, met en garde contre toute intention de déstabilisation.

Le ton est donné. "La population ne mérite plus de crise. Elle mérite de vivre dans la quiétude", déclare Andry Rajoelina, président de la République, en conclusion de son discours au camp du 1er Bataillon parachutiste, à Ivato, hier. Des mots pour conclure le message qu'il a lancé aux Forces armées, durant la cérémonie de remise d'étendard aux Généraux promus au titre de l'année 2021.

Depuis le début de son mandat, ce n'est que la deuxième fois que Andry Rajoelina qui est également le Chef suprême des Forces armées, selon la Constitution, préside une cérémonie de remise d'étendards aux Généraux nouvellement nommés. Le fait que le Général Serge Gellé, secrétaire d'État à la gendarmerie nationale, nommé Général de corps d'armée au titre de l'année 2021, fasse partie des récipiendaires, pourrait expliquer la présence présidentielle. Seulement, elle peut également avoir une raison politique.

À l'orée de l'année 2023 qui verra l'organisation de l'élection présidentielle, la cérémonie d'hier, a été l'occasion pour le chef de l'État de souligner la responsabilité des Forces armées, donc l'armée et la gendarmerie nationale, leur rôle dans la préservation de la stabilité, de la paix sociale et la défense de la souveraineté nationale. Un rappel qu'il élargit à l'ensemble des Forces de défense et de sécurité (FDS), y compris la police nationale, entre autres.

%

Adressant un message aux Généraux ayant reçu leur étendard, mais aussi à l'ensemble des FDS, le président de la République soutient, "ne reniez pas votre serment de défendre la nation. Préservez comme la prunelle de vos yeux la souveraineté de l'État. Préservez l'apaisement dans le pays, puisque vous êtes la digue qui empêche ceux qui ont des mauvaises intentions d'inonder et couler le pays. Vous êtes le rempart contre les différentes menaces, qu'elles viennent de l'extérieur ou de l'intérieur".

Défense du choix du peuple

Sur sa lancée, Andry Rajoelina leur demande ainsi de "se dresser contre tout acte de déstabilisation et intentions de briser la dynamique de développement du pays". Outre l'événement, l'écrin des paras, éléments d'élite de l'armée, a aussi donné plus de résonance aux mots du locataire d'Iavoloha. Un discours résolument politique.

À la veille de l'année électorale qu'est 2023, la chimère d'une crise politique refait surface. Une partie de la classe politique brandit constamment le risque de "troubles sanglants", comme argument de leurs revendications pré-électorales, telle que la concertation nationale. Les principaux acteurs qui vocifèrent la nécessité d'une recomposition des sphères décisionnaires, ou encore, des règles électorales, au risque d'avoir une crise, ont pourtant été aux manettes de la confection et de l'adoption des règles du jeu bancales actuelles.

Les présidentielles de 2013 et 2018 démontrent qu'avec la bonne foi et une volonté politique de part et d'autre, les failles du cadre juridique n'empêchent pas d'avoir des élections avec une issue démocratique et sans heurts. Outre les débats autour de la prochaine course à la magistrature suprême, des voix chuchotent des intentions de profiter des tensions politiques en crescendo pour susciter un climat d'instabilité qui débouchera sur une redistribution des cartes du pouvoir en dehors du cadre constitutionnel.

Les risques qu'engendre le climat politique, couplé avec les difficultés socio-économique, sur la stabilité et l'apaisement sont visiblement pris au sérieux par l'État. Ce qui explique le ton du discours présidentiel d'hier. Ce qui explique aussi les propos du Général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale. Dans la ligne de l'allocution présidentielle, l'officier Général soutient que "face aux velléités de déstabilisation, les Forces armées se dresseront pour défendre la Constitution et le choix de la population, en l'occurrence le président de la République qui est l'élu du peuple".

En moins d'une semaine, c'est la deuxième fois que le ministre de la Défense nationale tient pareils propos dont il assume la portée politique. Le premier a été durant une cérémonie de sortie de promotion à l'école d'État-major, à Fiadanana, mardi. A Ivato, hier, il a soutenu, "Madagascar est dans une dynamique de développement. (... ) Les Forces armées prendront leur responsabilité et ne toléreront aucun acte à l'encontre de la souveraineté nationale, de la paix sociale et de la sécurité intérieure".

Avec à ses côtés le ministre de la Sécurité publique, le secrétaire d'État à la gendarmerie nationale, le chef d'État-major des armées et le commandant de la gendarmerie nationale, le Général Rakotonirina note "que l'ensemble des FDS sont derrières le président de la République et l'aide au développement du pays". Le ministre de la Défense nationale renchérit en demandant au chef de l'État "d'avoir confiance que les Forces sont des piliers solides qui défendent les actions de développement et la paix dans la Grande île".

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.