Madagascar: Élection - La CENI enclenche le recensement des universitaires et des prévenus

Avec la prolongation récemment acquise, il ne reste plus qu'un mois à la CENI pour le recensement des électeurs. Elle compte appliquer l'idée de recenser les étudiants dans les cités universitaires et les prévenus.

La décision est prise. La Commission électorale nationale indépendante (CENI), va enclencher le recensement des étudiants qui résident dans les cités universitaires et des personnes en détention préventive.

À entendre les explications de Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la CENI, cette décision a été actée durant une réunion des commissaires électoraux, hier matin. "Nous allons concrétiser le recensement au sein des cités universitaires et des prisons", indique-t-il. Il s'agit d'une des voies par laquelle la CENI compte doper le recensement des électeurs, dans le cadre de la refonte de la liste électorale. Avec la prolongation récemment accordée par le gouvernement, il ne lui reste plus qu'un mois pour inscrire treize millions d'électeurs.

Le délai initial pour le recensement des électeurs est de trois mois. Il a démarré le 1er octobre et devait prendre fin ce 31 décembre, avant que la CENI ne demande un temps additionnel d'un mois. Une prolongation qu'il a obtenue la semaine dernière. Après trois mois, les chiffres compilés par la Commission électorale, hier, font état de près de huit millions d'électeurs recensés. Soit près de 55,5% de l'objectif. Difficile donc d'être optimiste quant au fait que le gap pourra être comblé en un mois.

%

Dans un communiqué de presse publié la semaine dernière, la CENI a appelé toutes les forces vives de la nation à s'engager dans la mobilisation électorale, notamment, la mobilisation des citoyens à s'inscrire dans la liste. Elle leur demande également de joindre les forces pour lutter contre les Fake News. Ceci afin de briser la crise de confiance des électeurs vis-à-vis du processus électoral, notamment, la CENI. Une situation qui plombe aussi le recensement des électeurs. Des personnes refusent délibérément de s'inscrire dans la liste, en effet.

Remobilisation

Sur le plan opérationnel, la Commission électorale compte ratisser large donc. S'agissant du recensement des étudiants résidents des cités universitaires, toutefois, la dernière ligne droite du recensement électoral coïncide avec les vacances. Ce qui impose à la CENI de redoubler de vigilance. Comme l'explique Soava Andriamarotafika, il faudra bien vérifier que les étudiants ne soient pas déjà inscrits dans les Fokontany où résident leurs parents. Le cas échéant, il faudra faire le ménage durant l'étape de dédoublonnage de la liste.

De la vigilance, la CENI devra aussi en faire preuve sur le recensement des personnes en détention préventive. Une initiative qui divise l'opinion publique, bien que les prévenus bénéficient

toujours de la présomption d'innocence et jouissent pleinement de leurs droits citoyens, dont celui de voter. En affichant l'objectif de treize millions d'électeurs, la Commission électorale ambitionne d'avoir une liste électorale la plus exhaustive possible et ne laisser personne ayant le droit de vote sur le carreau.

S'agissant des personnes en détention préventive à inscrire dans la liste électorale, la CENI devra cependant se pencher sur quelques interrogations. Comment leur permettre d'aller voter lorsque le moment viendra? L'arrêtage définitif de la liste électorale, dans le cadre de cette refonte, sera en mai. Il ne peut plus y avoir ni de rajout, ni de retrait de la liste après cette échéance. Une autre question s'impose ainsi. Qu'en sera-t-il des prévenus qui, éventuellement, seront déclarés coupables des faits qui leurs sont imputés, alors qu'ils sont déjà inscrits comme électeurs ?

En réponse, Soava Andriamarotafika parle d'une franche collaboration nécessaire avec le ministère de la Justice et l'administration pénitentiaire. La liste et la situation des détenus sont régulièrement mises à jour. Ce qui devrait permettre un suivi de ceux qui ont encore le droit de vote et ceux qui n'en disposent plus. Aussi, l'option qui a le vent en poupe est de ne pas donner leur carte d'électeur aux détenus inscrits dans la liste, mais déclarés coupables entre-temps.

Il faudra maintenant répondre à la question, comment les personnes en détention préventive pourront-elles voter? Sinon, à quoi bon se démener pour les inscrire dans la liste électorale? Sauf si le but est juste d'atteindre un objectif arithmétique. Sur le terrain toujours, la CENI compte aussi remobiliser les agents recenseurs. Le rapporteur général de la Commission électorale reconnaît que dans les grandes villes en particulier, une certaine nonchalance est constatée chez les agents recenseurs. À Antananarivo et ses environs, par exemple, il est rare de voir des agents recenseurs. Pour compenser les laxismes et les absences, la CENI va également engager les membres du Comité local de recensement électoral (CLRE), dans les porte-à-porte. En parallèle, la mobilisation électorale pour encourager les citoyens à venir au bureau de leur Fokontany et s'inscrire dans la liste électorale sera aussi intensifiée, à entendre Soava Andriamarotafika.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.