Madagascar: Offensive diplomatique - La Russie revient à la charge

Sur son compte twitter, le ministère de la Défense nationale informe que la Russie invite Madagascar au prochain sommet Russie - Afrique. Une invitation remise une semaine après le sommet USA - Afrique.

Une question de timing. La Russie invite Madagascar au prochain forum de partenariat Russie- Afrique, la nouvelle appellation du sommet Russie- Afrique, qui se tiendra le 20 juillet 2023. L'information a été communiquée par le ministère de la Défense nationale, sur son compte Twitter, mardi.

L'invitation a été remise en main propre par Andrey Andreev, ambassadeur russe, au Général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale et ministre des Affaires étrangères par intérim. C'était durant une visite de courtoisie, le 22 décembre. Le département ministériel n'a communiqué la rencontre et l'invitation que quelques jours après. L'ambassade de Russie a aussi fait part de cette visite de courtoisie sur sa page Facebook, mais dès le 23 décembre.

Rapportant les propos de Andrey Andreev, la représentation diplomatique indique juste, "(... ) nous avons discuté des questions d'actualité des relations russo-malgaches". Contacté, le Général Richard Rakotonirina déclare, "il n'y a rien d'extraordinaire à cette invitation. Ce sommet est préparé depuis longtemps et n'a rien d'exceptionnel par rapport à d'autres sommets auxquels Madagascar a pris part. D'autres grandes nations veulent aussi organiser des sommets avec l'Afrique". De prime abord, Madagascar n'a pas de quoi à en redire à cette invitation. D'autant plus que la Grande île prône une diplomatie tous azimuts. Certes, l'organisation du sommet Russie - Afrique en 2023 est également programmé depuis le dernier rendez-vous qui s'est tenu à Sotchi, en 2019. Seulement, entre-temps, il y a eu la guerre en Ukraine qui découle d'une offensive militaire russe, qui a démarré en février.

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Réponse

Le choix du timing par l'ambassadeur russe pour remettre l'invitation de Madagascar n'est, visiblement, pas anodin également. Il intervient une semaine, jour pour jour, après la clôture du sommet USA - Afrique. Un rendez-vous durant lequel, les autorités malgaches ont martelé la qualité des relations entre la Grande île et les États-Unis.

Les autorités américaines ont pris soin que le sujet ne vienne pas interférer dans les échanges au sommet de Washington. Seulement, la guerre en Ukraine, et l'influence grandissante de la Russie auprès de certaines nations africaines ont été dans les têtes. Au même titre que la concurrence commerciale de la Chine. Se replacer en première ligne des partenaires tant commerciaux que politiques, des pays africains est justement le but des États-Unis, avec le sommet USA - Afrique.

L'officialisation par invitation du sommet Russie - Afrique qui ne se tiendra qu'en juillet 2023, juste après le rendez-vous de Washington, semble être une réponse du berger à la bergère. Comme pour dire, que les Russes comptent aussi rester sous les spotlights en Afrique. Contrairement à l'aigle américain, l'ours russe n'a pas fait d'exception dans ses invitations. Même les pays sanctionnés par l'Union africaine (UA), sont invités au rendez-vous de juillet 2023.

Les pays africains en délicatesse avec l'UA et l'occident se tournent en effet vers la Russie. Il est probable que la perspective du sommet Russie - Afrique, les offensives diplomatiques russes s'enchaînent. Pour cinq États africains dont Madagascar, 2023 sera une année électorale. Joe Biden, président américain, a même organisé une table ronde avec ses homologues de ces cinq pays. L'idée était de s'assurer d'une issue démocratique et apaisée à ces échéances électorales. La question de l'ingérence étrangère dans les élections a été soulevée durant cette table ronde. Une référence de prime abord, aux supposés immixtions russes dans les processus électoraux autant en Afrique, qu'en occident ces dernières années. Si pour Madagascar le sommet Russie - Afrique n'a rien d'extraordinaire, il est probable que les occidentaux ne l'entendent pas de cette oreille.

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