Madagascar: Dégringolade de l'ariary - L'euro à 4 826,59 MGA, le dollar à 4 507,2 MGA

En trois mois et demi, la valeur de l'euro exprimée en ariary a grimpé de plus de 20%. Le pouvoir d'achat des ménages s'affaiblit terriblement à cause de cette forte dépréciation de la monnaie nationale, qui s'accentue depuis le dernier trimestre 2022.

Le 28 septembre 2022, l'euro était encore à 3 980,34 Ar. Hier, cet indicateur a atteint 4 826,59 Ar, selon le taux de référence affiché par la Banque centrale ou BFM (Banky Foiben'i Madagasikara). En effet, la forte dépréciation de l'ariary est confirmée par l'évolution des taux de change par rapport aux autres devises, si on ne cite que le dollar américain, qui s'achète désormais à plus de 4 500 Ar. À noter que ces taux de référence sont encore majorés au niveau des bureaux de change, des banques primaires et des autres plateformes en ligne. Chez les opérateurs économiques, le doute s'installe face à la fluctuation - avec une tendance haussière - de la valeur de l'euro, qui varie de +115 Ar en seulement trois jours, et comme par hasard, une semaine après la démission du gouverneur de la BFM...

Décourageant

Plusieurs facteurs sont cités par les économistes pour expliquer cette dépréciation de la monnaie nationale. En tête de liste figure l'environnement des affaires qui n'est pas incitatif et qui présente de hauts risques de change. La préparation des élections, la crainte d'une crise postélectorale, les problèmes énergétiques, le très mauvais état des infrastructures routières, etc. autant de facteurs découragent les investissements et les activités productives permettant de créer de la valeur. Certes, cette insuffisance de la production doit être comblée par les importations massives, conduisant à une baisse des réserves en devises et par ricochet, une dépréciation de l'ariary.

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Tendance

Pour d'autres analystes, la dépréciation continue de la monnaie est favorisée par un problème d'ordre structurel, enclenché par la détaxation de 2003, dont les effets n'ont jamais pu être arrêtés. " Nos besoins d'importation ne cessent de croître. De ce fait, le contexte international a des impacts inévitables sur la conjoncture à Madagascar. Vous savez très bien que les prix des matières premières ont augmenté depuis l'année dernière à cause de la guerre en Ukraine. La Grande île subit alors une inflation importée. Il s'agit d'un cercle vicieux car au fur et à mesure que nous importons des produits finis, nous avons tendance à produire moins et avons par la suite un besoin plus important d'importer. Cela engendre évidemment des sorties de devises ", explique l'économiste, le Dr Rado Ratobisaona. D'après ses dires, l'Etat doit impérativement améliorer l'environnement des affaires pour favoriser les investissements, et trouver une politique de change permettant de satisfaire la demande de devises sur le marché. Pour l'heure, le Marché interbancaire de devises (MID) semble être une illusion, car d'importants volumes de transactions se font sur le marché noir, qui alimente la dégringolade de l'ariary.

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