Madagascar: Art oratoire - Le " kabary " à travers les livres

La littérature mondiale a fait du " kabary " une source d'inspiration à profusion, plusieurs livres et écrits sur ce sujet sont disponibles actuellement. Le point commun étant que cet art oratoire est la garantie de l'existence perpétuelle de la langue malgache.

Le " kabary " continue de passionner. Beaucoup de livres d'historiens, de littéraires, de sociologues... sur cet art oratoire, étant " à la source même de la littérature malgache " pour Dominique Ranaivoson (Revue Ponti Ponts, Langues, littératures, civilisations des pays francophones-2012), ont décrit les nuances, les particularités, les génies, les mystères même de cette tradition discursive malgache... Tant et si bien que dans " Le mariage des cultures à l'île de la Réunion " écrit par Françoise Dumas-Champion (Karthala, 2008), le " kabary " est décrit comme la forme chantée du " Maloya ". Patrimoine immatériel de l'humanité, dont le plus grand ambassadeur est Granmoun Lélé. Ce monument de l'Océan Indien est classé dans le top 50 des artistes noirs, au même rang que les Ray Charles, Michaël Jackson, Prince...

La transcendance des frontières de cet art oratoire fournit autant de richesse littéraire aux chercheurs du monde entier. Cette musicalité naturelle est aussi mentionnée par Bakoly Domenichini-Ramiaramanana dans " Langue, littérature et politique à Madagascar " (Karthala, 1983). " Quand les vrais mpikabary à l'ancienne s'y mettent pour de bon... Il y paraît bien de curieuses mesures rythmiques, et leur rythme les rapproche très sensiblement des hainteny, de même que les figures qu'on y rencontre ". La dimension sacrée du " kabary " ne s'éloigne guère de sa dimension politique. La mémoire populaire veut qu'un monarque ou une reine ne répète jamais son discours deux fois. Et que la transgression de cette tradition peut aboutir à une condamnation à mort si jamais un édit est prononcé.

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Manquer le " kabary " royal peut être passible de peine de mort. Entre le respect au régent, la dévotion au royaume et la " sacralité " du roi ou de la reine, le " kabary " en est le liant. Dès lors, tous les rituels de la vie humaine à Madagascar sont, en général, devancés par ce dernier. À supposer aussi que sa codification en constitue sa norme. Puisqu'un discours peut être prononcé envers les rois selon une forme convenue, c'est à travers cette pratique orale que les régents étaient mis au courant de la réalité du royaume et du vécu de ses sujets. Dans son allocution adressée à Radama I, Rainitsimindrana a osé le tutoyer en refusant d'être anobli par le monarque (Press of the London missionary society-1887).

C'est à travers un discours historique, politique, identitaire et générationnel, tapissé de proverbes que les deux hommes ont renforcé leur amitié fraternelle, voire leur relation père-fils. " Marina izany, ry Ilahidama, ary toy izany ry lehitsy... ". Des mots auraient pu lui valoir la tête coupée dans une autre situation. Le registre de langue et les distinctions sont moins tributaires de la forme du " kabary " que la relation entre les orateurs et l'assistance. Le respect dû au rang protocolaire passe par toute une structure et des géographies de pensées mise en relation à travers le " kabary ". Tutoyer passerait plus qu'un écart envers toute cette codification. Raison pour laquelle sans doute, cet art oratoire est un patrimoine de la culture malgache. Un pilier même.

Dans le Nord, il est souvent dénommé le " kabaro ", à l'Est, il peut être catégorisé en " kabary tsikafara ", en " rasavôlagna ", etc. Dans le Sud, il y a le " kabary ambany kily ", le discours sous le tamarinier. Il y a autant d'appellations dont les utilisations sont bien canalisées par les gardiens de la tradition et les anciens.

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