Congo-Kinshasa: Disparition - Ignace Makirimbia conduit à sa dernière demeure

Décédé le 23 décembre 2022 à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), à l'âge de 78 ans suite à un malaise, le percussionniste des Bantous de la capitale, Ignace Makirimbia dit Mignon, a été conduit à sa dernière demeure au cimetière privé Bouka, à Kintélé. Bien avant, une cérémonie de recueillement a eu lieu au siège du cinquième arrondissement de Brazzaville, Ouenzé.

La cérémonie s'est déroulée en présence du président du bureau exécutif des Bantous de la capitale, Maurice Nguesso, des administrateurs maires de l'arrondissement 5, Marcel Nganongo, et de l'arrondissement 9 Djiri, Ida Victorine Ngampolo, du ministre honoraire Alain Akouala Atipault et bien d'autres.

Né en 1944 à Brazzaville de père originaire de la RDC et de mère de la République du Congo, Ignace Makirimbia dit Mignon, l'un des meilleurs percussionnistes des deux Congo jusqu'au dernier jour de sa vie, a passé son adolescence et sa jeunesse à Kinshasa. Après avoir longtemps évolué dans les tam-tam tékés au sein des groupes traditionnels de Brazzaville, il a tenté sa chance dans une carrière professionnelle à Kinshasa puis à Brazzaville, où il a presté dans plusieurs groupes. Moins connu du grand public, comme l'écrit Herman Bangi Bayo, il est considéré comme étant l'un des meilleurs percussionnistes des années 1960 et 1970 des deux rives du fleuve Congo.

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C'est dans "Vox Africa" de Jeannot Bombenga qu'il démarre sa carrière musicale en 1966 aux côtés de Sam Mangwana, Ntessa Dalients, Papa Noël Nedule. Sa maîtrise des rythmes rumba et afro-cubains ont fait de lui la perle rare qu'il fallait avoir dans son groupe. Ainsi, après Vox Africa, il se retrouve avec Sam Mangwana dans l'African fiesta national de Rochereau de retour de Montréal, au Canada.

Il est entraîné après par Sam Mangwana qui vient de quitter l'African fiesta pour le Festival des maquisards, un groupe qu'il a monté avec ses amis Guyvano, Dalienst, Lokombe, Dizzy Mandjeku, Diana. A la dislocation du Festival des maquisards, Ignace Makirimbia est à la création de l'orchestre Continental de Me Taureau Gombe en compagnie de Josky Kiambukuta, Bopaul Mansiamna, Lokasa ya Mbongo, Wuta Mayi, Tino Mwinkwa, Siran Mbenza, Eddy Mahungu dans lequel il y a joué presque toutes les chansons à succès.

En 1972, il participe à la naissance de l'orchestre Bella Bella des frères Soki et sort la chanson "Emilie Molangi". Très proche de Sam Mangwana, Makirimbia quitte Bella Bella pour le rejoindre dans l'Afrisa international de Rochereau Tabu Ley qu'il intègre avec le statut de musicien indépendant. Malheureusement, Sam Mangwana n'y reste pas longtemps car, il le quitte pour l'Ok Jazz de Luambo Makiadi Franco.

Lors d'un déplacement de l'Ok Jazz au Tchad, Luambo Makiadi Franco va débaucher Ignace Makirimbia pour les accompagner. Il joue pendant un bout de temps dans cet orchestre, avant de regagner Brazzaville où il passe dans les Trois frères avec Locko Massengo, Michel Boyimbanda et Youlou Mabiala qu'il va suivre dans l'orchestre Kamikaze Loningissa où il trouve Souza Vangu. En 2000, il séjourne quelque temps chez les Bantous de la capitale avant d'aller renforcer Bana Poto-Poto de Bienvenu Faignond et Souza Vangu aux côtés des saxophonistes Coplan et Adampot.

Ignace Makirimbia, un artiste qui a partagé sa vie avec les autres

En 2012, Ignace Makirimbia regagne les Bantous de la capitale, après la mort de Souza Vangu qui a dirigé Bana Poto-Poto suite au décès de Bienvenu Faignond. Depuis lors, il n'a jamais quitté les Bantous de la capitale jusqu'à sa mort, le 23 décembre 2022 à Kinshasa. " La disparition d'Ignace Makirimbia, surnommé Mignon par sa mère, est une énorme perte pour les Bantous de la capitale et pour la musique des deux rives, lui qui a été considéré comme le digne successeur des grands percussionnistes tels que Dessouin, Pandi Saturnin... ", a déclaré le chargé de la communication du bureau exécutif des Bantous, Médard Milandou, dans son oraison funèbre.

Bien auparavant, Horty Mabama, petite fille d'Ignace Makirimbia, a lu le mot de circonstance de la famille. Le soleil se lève chaque matin comme un héros, parcourt la terre et se couche le soir après avoir accompli sa mission, a-t-elle dit ... Ta famille, tes amis, tes collègues, tous ceux qui t'ont connu t'appréciaient, tu étais un homme sympa, un homme qui a appris à partager son pain avec l'affamé, son eau avec l'assoiffé et qui donnait son vêtement à celui qui n'en avait pas, bref, tu as partagé ta vie avec les autres, a-t-il ajouté, concluant: " Nous sommes tous là, pour te rendre ce dernier hommage.

Tu pars avant nous, bien trop tôt, bien trop vite. Ta disparition nous rappelle comme une évidence que nous sommes finalement bien peu des choses et qu'il faut profiter de chaque minute, de chaque seconde ici-bas, sur terre pour être prêt. Tu as été un rassembleur, un pilier pour la famille. Aujourd'hui comme le soleil qui s'est couché, tu te reposes de tous tes labeurs en héros qui a accompli sa tâche. Que tes bonnes œuvres te suivent ... "

A l'issue de l'oraison funèbre, le président du bureau exécutif des Bantous, Maurice Nguesso, a indiqué que la disparition d'Ignace Makirimbia est un regret généralisé pour tous ceux qui aiment la musique que de perdre un homme de valeur. " C'est le regret de tout le monde, il n'y a pas d'autres expressions. En tant que père de famille des Bantous de la capitale, je dis que la perte de Makirimbia est un souvenir de regret, il nous manque. En cas de guerre, ce n'est pas toujours le général qui combat, la victoire du général est couronnée par les militaires et autres. Pour le cas des Bantous de la capitale, Makirimbia nous manque beaucoup ", a-t-il déclaré.

Notons que l'esplanade de la mairie de Ouenzé où les orchestres Bantous de la capitale et Mbassi-Ndzoumou ont presté sera désormais dénommé Espace Bantous de la capitale. Chaque dimanche le groupe Bantous de la capitale s'y produira, selon sa disponibilité. L'administrateur maire de cet arrondissement, Marcel Nganongo, qui a livré l'information au public, prendra assurément une note pour entériner cette décision.

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