Madagascar: Transition énergétique - En finir avec le charbon de bois

Selon les responsables publics, la question de la transition énergétique, et particulièrement de l'utilisation du charbon de bois, est cruciale. Pas seulement pour Madagascar mais pour le combat mondial actuel par rapport au changement climatique.

Il est connu que le charbon de bois contribue considérablement à l'amplification du réchauffement climatique puisque c'est une énergie qui produit des gaz à effet de serre. Ainsi, la Grande île, en étant un pays vulnérable au changement climatique du fait des actions des autres, doit aussi réduire les impacts de sa propre économie, de son mode de production et de son mode de consommation. Aussi, les efforts sont-ils concentrés sur plusieurs points. Si le pays contribue à convaincre les principaux gros émetteurs de gaz à effet de serre de changer de paradigme, il doit aussi mener en interne des actions pour protéger l'environnement et acter la transition vers des énergies vertes ou moins polluantes. Rappelons que le charbon de bois est responsable de 22 % de taux de décès annuel à Madagascar. Le coût socio-économique du charbon est très élevé du fait de la dégradation de nos forêts et de ses ravages sur la santé. Mais jusqu'ici, 92 % des ménages malgaches utilisent encore cette source d'énergie. Il faut donc trouver rapidement des alternatives au charbon.

Autres alternatives

" On ne peut pas dire aux gens demain, vous arrêtez le charbon de bois. Il faut y aller progressivement, c'est pour cela que l'on parle de transition énergétique. Il faut d'abord aboutir à une certaine mixité et puis, par la suite, abandonner les énergies qui sont fortement émetteurs de gaz à effet de serre. Nous avons commencé avec une mesure novatrice qui a conduit le ministère des finances d'accepter de lâcher une partie de la TVA pour accompagner une mesure avant tout environnementale. Et il faut poursuivre dans cette voie ", soutient un animateur communautaire basé dans la région Atsinanana qui ajoute que l'objectif est la systématisation de cette approche intégrée.

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Du côté du ministère de l'Environnement et du Développement durable (MEDD), on souligne que les efforts en matière de transition énergétique visent à emmener une partie des consommateurs à migrer vers la mixité ou carrément abandonner le charbon. Mais avec l'évolution de la situation géopolitique mondiale et ses conséquences économiques, on reconnait qu'il sera difficile à court terme de convaincre le comité du gaz butane à baisser le prix tout en dotant les ménages de réchauds. À savoir que ce département ministériel cible dans un premier temps 15 000 ménages qui, équipés en kits butane, pourront basculer vers une énergie plus propre que le charbon de bois.

L'autre objectif du ministère est de trouver d'autres alternatives. " Nous savons qu'il y a plusieurs alternatives possibles, il y a l'éthanol, il y a le biogaz, il y a aussi l'utilisation de matière végétale comme par exemple les déchets de riz décortiqué ou encore les herbes. C'est pour se pencher sur les possibilités d'utilisation plus massives de ces sources que nous avons organisé un symposium sur l'alternative au charbon de bois ", a-t-on indiqué avant de poursuivre qu'il faut édifier la population et le secteur privé de l'existence d'autres énergies possibles...

Les responsables publics évoquent aussi des initiatives pour faire connaître et promouvoir ces petites et moyennes entreprises qui opèrent ou qui ont envie d'entreprendre dans l'économie verte et la transition énergétique mais qui se heurtent à la problématique du financement. " Beaucoup d'entre eux ont déjà des projets ou même des prototypes qui apportent de véritables innovations. Nous avons rencontré des jeunes ingénieurs de l'école polytechnique qui ont développé des alternatives intéressantes mais qui manquent de moyens et d'accompagnement pour pouvoir passer à l'échelle. Notre mission est de faire rencontrer cet écosystème d'entreprises vertes spécialisées dans la production d'énergie verte ou d'énergie renouvelable et la communauté des investisseurs ".

À long terme, a-t-on aussi fait savoir, les énergies vertes devraient être démocratisées. À moyen terme, quand nous sortirons de cette crise que traverse le monde et qui impacte Madagascar, le but est de faire en sorte que le prix des énergies vertes, propres, soit au même niveau que le charbon de bois pour que l'incitation soit la plus facile possible et surtout pour que les ménages aient réellement le choix.

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