Les intendants de la région Diana, conscients qu'ils assistent à la dernière ligne droite vers l'élection présidentielle, insistent à ce que ceux qui n'ont pas de carte d'identité doivent fournir leurs dossiers. Élire son représentant à la tête du pays est le droit de tout citoyen.
Le gouverneur de la Région Diana, Daodo Arouna Marisiky, étant le numéro 1 de la région, mentionne toujours dans ses discours, lors de ses visites dans les zones rurales, l'importance de l'opinion exprimée à travers les votes. La région Diana, depuis les élections présidentielles de 2013 connaît un grand nombre d'abstentions. La principale cause est la méfiance de la population. " Je ne vote pas parce que le résultat est connu bien avant les élections ", se confie un chauffeur de tuk-tuk de la ville d'Antsiranana. La moitié de la population, selon les enquêtes effectuées, partage la même opinion que ce conducteur. Ainsi, les autorités, en connaissance de cause, s'efforcent à tout prix de persuader les habitants à accomplir leur devoir.
Par ailleurs, les politologues de rue avancent que le pouvoir en place à un but bien déterminé. " C'est pour leurs intérêts. C'est pour que le régime gagne plus de voix. Alors dès maintenant, ils font tout pour gagner le cœur de la population en distribuant des cartes d'identité... ", avance Bolivard, un observateur. Quoi qu'il en soit, l'abstention n'est guère une solution. Un membre de la société civile s'exprime, " voter, c'est aussi sanctionner ! Une occasion pour le peuple d'infliger une correction aux candidats. J'avoue que c'est difficile de convaincre les pessimistes. De ma part, en étant enseignant d'éducation civique, je ne cesse de parler à mes étudiants qu'élire leurs représentants est une prise de conscience ".
Il est essentiel de remonter dans le temps. La partie Nord de Madagascar ne s'intéressait plus à la politique depuis la crise postélectorale de 2002. Les événements de l'époque ont laissé une trace indélébile dans la mémoire de la population. Ainsi, les jeunes, mis au courant de l'évènement durant lequel Madagascar était au bord de la guerre civile, préfèrent s'enfermer dans leurs chambres au lieu de se rendre aux bureaux de vote. " Je crois que ma voix ne compte pas ", renchérit Yarsin, un jeune homme de 20 ans. Ici, la majorité chante le même refrain. Ainsi elle devient silencieuse...
