Madagascar: Sommet de Dakar - Rajoelina confirme son engagement pour l'autosuffisance alimentaire

Durant le panel des Présidents, au sommet de Dakar, Andry Rajoelina a réitéré sa détermination à en finir avec l'insécurité alimentaire. Il a mobilisé ses pairs africains pour capitaliser le potentiel du continent afin d'atteindre l'objectif de "nourrir l'Afrique".

Un cri du cœur. C'est ce que Andry Rajoelina, président de la République, a lancé en faveur de la lutte contre l'insécurité alimentaire et la quête de l'autosuffisance alimentaire. Un cri du cœur émis durant le panel des Présidents, lors du sommet de Dakar, hier.

Prenant l'exemple d'un bon père qui se doit de parvenir à nourrir sa famille, le locataire d'Iavoloha lance, "un bon Président est celui qui parvient à nourrir sa population. Et nous tous ici voulions être de bons Présidents". Des mots qui lui ont valu l'ovation de l'assistance. Des propos adressés également à ses pairs dont quelques-uns ont été à ses côtés à la tribune du panel, dont entre autres, le président du Sénégal, hôte de l'événement, qui assure aussi la présidence de l'Union africaine, celui du Zimbabwe, ou encore celui de la Mauritanie.

Durant ce panel, il a été demandé à chaque Président de tenir un discours impromptu pour démontrer leur détermination à en finir avec l'insécurité alimentaire dans leur pays respectif, mais aussi sur l'ensemble du continent africain. Pour démontrer sa volonté à vaincre l'insécurité alimentaire dans la Grande île et convaincre ses pairs de garder le cap pour l'Afrique, il prend l'exemple de l'actualité mondiale dominée par la guerre en Ukraine, pour mettre en contexte sa prise de parole.

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"Sur le continent africain aujourd'hui, nous faisons face à une guerre contre la famine, la malnutrition. Ce ne sont pas seulement les armes ou les bombes qui tuent. La famine tue également. La malnutrition tue plus que les conflits armés. Il y a vingt-cinq mille personnes, dont dix mille enfants qui meurent de faim chaque jour", plaide le Chef de l'État. Il ajoute que certes, le thème du sommet de Dakar est le principal défi de l'Afrique. Mais, il s'agit d'un challenge tout à fait relevable.

"Nourrir l'Afrique: Souveraineté alimentaire et résilience", est le thème du sommet de Dakar. L'autre ambition affirmée hier est aussi que "l'Afrique nourrisse le monde". Seulement, comme le déclare Macky Sall, président du Sénégal, l'Afrique doit d'abord se donner les moyens "de se nourrir par elle-même". Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine (C-UA), renchérit en affirmant, "il n'y a point de souveraineté pour un peuple sans souveraineté alimentaire".

Augmenter le rendement

Andry Rajoelina lui, soutient que le continent a les armes qu'il faut pour y parvenir. "Nous avons des armes plus puissantes que les fusils ou les bombes. Nous avons nos terres et notre jeunesse [comme force de production]", scande le locataire d'Iavoloha, sous l'applaudissement de l'assistance et en soulignant qu'avec ses 30 millions de kilomètres carrés, l'Afrique fait trois fois la taille de l'Europe. Elle dispose aussi de 60% des terres arables du monde.

S'agissant de Madagascar en particulier, le locataire d'Iavoloha indique que, dans l'immédiat, la politique étatique vise à assurer un soutien constant aux habitants qui souffrent de malnutrition. L'autre axe de travail consiste "à augmenter le rendement de chaque agriculteur". Ceci passe par un appui à l'accès aux intrants agricoles, comme les semences et les engrais. Il y a aussi la mise à disposition des terres aux agriculteurs. Un point sur lequel l'État est déjà passé à l'acte avec le projet titre vert destiné notamment aux jeunes qui ont des projets agricoles, ou encore l'attribution de certificats fonciers aux paysans.

L'idée est que la hausse du rendement agricole amène à couvrir les besoins de la population à des prix accessibles à tous. Qu'il conduise à l'amélioration des revenus des familles d'agriculteurs qui constituent la majorité des habitants de Madagascar. D'où également, la politique de coupler l'essor agricole avec l'industrialisation. Il s'agit d'augmenter la valeur ajoutée des produits agricoles avec la transformation industrielle. Un projet déjà en cours avec le programme "One district, one factory" (ODOF), selon les explications.

À titre d'exemple, la semaine dernière, Edgard Razafindravahy, ministre de l'industrialisation, du commerce et de la consommation, a remis les équipements pour la mise en place d'une miellerie, à Ambositra. Une unité industrielle qui va booster le secteur du miel dans cette partie du pays. Seize autres mielleries seront mises en place dans d'autres localités. Parmi les soixante-quinze unités industrielles qui seront mises en place cette année, il y aura des huileries, des unités de transformation de tomates, de canne à sucre, de fruits, ou encore de maniocs.

Pour Madagascar, outre en finir avec l'insécurité alimentaire et parvenir à l'autosuffisance, coupler agriculture et industrialisation est aussi une des formules pour parvenir à un autre objectif. Celui de redevenir le grenier de l'océan Indien et puis de l'Afrique australe. Une étape dans l'ambition africaine de nourrir le monde. Pour une production à grande échelle, un engagement massif des investisseurs privés, couplé à une volonté politique sans faille s'avère nécessaire, toutefois, à s'en tenir aux discours à Dakar, hier.

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