Madagascar: Directive présidentielle - Bouchées doubles sur le social

Une directive présidentielle affirmée publiée samedi donne une nouvelle orientation aux actions étatiques. Selon ses dires, l'État met en stand-by les projets d'infrastructures au profit des actions sociales qui seront conduites par les ministres.

Ici et maintenant. Tel est le slogan qui guidera les actions gouvernementales dorénavant, selon Andry Rajoelina, président de la République. Dans son discours de lancement de la campagne nationale de reboisement, samedi, il a annoncé une directive qui sonne comme un virement de bord de la politique étatique.

À Seranandavitra, commune rurale d'Ilaka Est, district de Vatomandry, le locataire d'Iavoloha annonce la mise en place d'un "plan social, pour aider la population". Il enjoint ainsi les ministres à s'activer sur terrain pour sa mise en œuvre. Dans cette optique, le Président demande "l'arrêt" des projets d'infrastructures. "Nous avons renforcé la présence de l'État à travers de nombreuses infrastructures qui n'ont pas été faites depuis des années, et dans tous les districts. (... ) Cette année, nous allons mettre en place un plan social en vue de garantir le bien-être de la population. La consigne que je donne aux ministres est d'arrêter les projets d'infrastructures. Rendons-nous dans les quatre coins du pays pour aider et soutenir la population sur tout ce qui est urgent", soutient Andry Rajoelina. La directive présidentielle marque un tournant radical dans la stratégie étatique.

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Dès sa campagne électorale et jusqu'à l'année dernière, les projets d'infrastructures sont le fer de lance des Oranges. Ce virement de bord est, de prime abord, imposé par la conjoncture internationale et les sonnettes d'alarme sociale qui raisonnent un peu partout dans le pays. La hausse du coût de la vie et les effets destructeurs des aléas climatiques pèsent lourdement sur les ménages. Aucune région du pays n'est épargnée. Le locataire d'Iavoloha a justement profité de sa prise de parole, samedi, pour indiquer que les appuis gouvernementaux suite au passage du cyclone Cheneso seront renforcés. Qu'il se rendra bientôt des habitants sinistrés. Ce qui devrait donner le coup d'envoi aux descentes sur terrain des ministres, probablement.

Reconquête

Sauf revirement, les projets Tanamasoandro, les logements sociaux, le téléphérique à Antananarivo, ou encore, les stades et gymnases entre autres, seront mis en stand-by. À entendre Andry Rajoelina, seuls les projets routiers dont les financements sont déjà acquis et qui sont imposés par l'urgence seront maintenus, dont la Route nationale numéro 2 (RN2). Le chef de l'État parle d'un "vaste de plan de réhabilitation des routes du pays". Il ajoute, "Nous travaillons. Tout ce qui est endommagé ou détruit sera réhabilité". Sauf changement, l'inauguration de la RN44 prévue en milieu d'année reste dans les plans. Pareillement pour le lancement des travaux sur la RN10 annoncés pour ce début 2023.

Un chantier qui sera financé par la Banque mondiale. Qu'en sera-t-il de la construction de l'autoroute Antananarivo - Toamasina? Elle est présentée comme une des matérialisations de la traduction en acte de la vision étatique de moderniser Madagascar. Le projet est financé par des fonds étrangers à 80% et par l'État à 20%. Il est prévu qu'un tronçon de 80 kilomètres de l'autoroute soit terminé cette année. Reste à voir si la directive présidentielle émise, samedi, changera la donne. D'aucuns, par ailleurs, à ce que les routes d'Antananarivo figurent dans la liste de ces travaux d'urgence. Une autre question concerne le projet de construction du pipeline Efaho.

À financer par la trésorerie étatique, il est en effet présenté comme une des solutions durables à la lutte contre la sécheresse et l'insécurité alimentaire dans le Deep South, en renforçant l'agriculture. Sur la lancée de son discours au sommet de Dakar sur la souveraineté et la résilience alimentaire en Afrique, Andry Rajoelina affirme d'autant plus que le soutien aux agriculteurs pour l'augmentation des rendements agricoles constitue également une priorité.

Ce changement de cap de la politique étatique pourrait, du reste, avoir une visée électorale. Une manière de reconquérir la sympathie populaire dans cette conjoncture socio-économique difficile. Le lancement de la campagne nationale de reboisement est la première sortie publique de l'année pour le chef de l'État. Pour l'occasion, des membres du gouvernement conduits par Christian Ntsay, Premier ministre, et des parlementaires acquis au pouvoir, Christine Razanamahasoa, présidente de l'Assemblée nationale, en tête, et même Naina Andriantsitohaina, maire d'Antananarivo, ont fait le déplacement.

Un rassemblement des cadres et responsables Oranges pourrait indiquer que les tenants du pouvoir, eux aussi, sont en ordre de bataille pour la présidentielle. Reste à voir si ce changement de cap politique amènera ou non des réajustements de l'effectif gouvernemental comme il se chuchote depuis plusieurs jours.

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