Sénégal: Toubacouta - Le maraîchage booste les revenus des femmes à Dassilamé Sérère et Néma Bah

9 Février 2023

Dans le Niombato, la production maraîchère a changé le vécu quotidien des femmes grâce à l'augmentation de leurs revenus et la hausse des productions favorisant du coup l'émulation au sein des différents groupements.

TOUBACOUTA- À Dassilamé Sérère, les femmes ont entamé les récoltes des spéculations légumineuses dans leurs périmètres maraîchers de 4,5 ha bien aménagés grâce au Projet d'appui régional à l'initiative pour l'irrigation au Sahel (Pariis). " Nous avons semé ici de l'oignon, de la pomme de terre, de la tomate, du gombo, de l'aubergine, du piment avec l'appui du Pariis qui nous a beaucoup motivées à travers une gestion organisationnelle et l'aménagement de la parcelle ainsi que la maîtrise des bonnes pratiques de mise en place des cultures ", déclare Mme Soda Seydi, la secrétaire générale du groupement des producteurs de ce village noyé dans une ambiance festive, ce samedi. Leur groupement compte 208 femmes très engagées dans la valorisation de leur vallée.

Cet engouement a été suscité grâce à l'intervention du Pariis. Pour juguler les contraintes liées aux longues corvées d'eau et de remplissage des bacs de stockage pour arroser les plantules, le projet a réalisé des infrastructures et équipements modernes constitués de puits-forages munis de pompes immergées et alimentées par une source d'énergie solaire. " Ce qui a permis aux femmes de disposer d'une irrigation sous pression pour l'aspersion des parcelles viabilisées et sécurisées par des clôtures en grillage galvanisé ", explique Mamadou Bakhoum, le président du groupement.

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Ainsi, ces nouvelles technologies apportées par le Pariis avaient pour vocation d'assurer la durabilité du périmètre tout en renforçant le mode d'organisation, de production et de commercialisation, mais aussi le suivi, l'entretien et la maintenance des infrastructures installées.

Un chiffre d'affaires de 22 millions de FCfa en 2022

Tout un processus qui a favorisé l'allègement de la pénibilité des travaux des femmes. Du coup, nous confie Mme Soda Seydi, secrétaire générale du groupement, " nous avons senti une nette amélioration de nos revenus et ceci nous a poussées davantage à mieux faire en améliorant nos productions lors de nos différentes campagnes ". Selon Mamadou Bakhoum, président du groupement, " en 2022, les revenus des femmes sont passés à 22,677 millions de FCfa de chiffre d'affaires contre 9,22 millions de FCfa en 2021 et 8,621 750 millions FCfa en 2020, en tenant compte des productions qui se sont également accrues. Dont, 86 680 kg de légumes toutes spéculations confondues en 2022 sur une superficie de 5,59 ha contre 41 500 kg en 2021 (2,6 ha) et 38 490 kg en 2020 (2,21 ha) ".

Et, l'intérêt de ces changements est que, comme nous l'a précisé M. Bakhoum, " la production est individuelle et cela nous permet d'avoir au moins une compétition saine, chacune y va avec ses propres moyens. Les unes peuvent faire jusqu'à 5 ares là où d'autres peuvent faire jusqu'à 10 ares, mais au moins la compétition est saine. Et, c'est cela qui fait la différence avec les autres modes de gestion où les gens optimisent leur rendement à travers cette compétition que nous avons voulue et qui permet de régler également les contraintes liées à l'organisation des groupes sociaux qui n'ont pas les mêmes objectifs et les mêmes ambitions ".

Beaucoup de choses ont changé avec le Pariis

Ainsi, avec le Projet d'appui régional à l'initiative pour l'irrigation au Sahel (Pariis), beaucoup de choses ont changé au niveau des groupements de femmes le long de cette vallée. Selon Mamadou Bakhoum, " les femmes ont commencé à être outillées progressivement à la fiche technique, ce qui rassure déjà, si l'on tient compte de l'évolution positive de la production entre 2020 et 2022 ". Ensuite, selon M. Bakhoum, elles sont également formées dans d'autres techniques puisque " nous avons d'autres filières et une approche chaîne de valeur.

Donc, en amont de la production, il y a beaucoup de choses sur lesquelles on doit les préparer pour trouver des intrants, comment collaborer avec les banques et les mécanismes à mettre en place pour vraiment les rendre beaucoup plus efficientes. Il y a aussi le marketing ; en somme, il y a beaucoup de choses en amont de tous les maillons de la chaine de production. Donc, nous veillons avec l'Ancar, ensemble, pour faire en sorte que les femmes soient bien organisées, mieux structurées, de sorte qu'en amont et en aval de la production, qu'il n'y ait pas de retard et que la transformation, la conservation puissent suivre jusqu'au marketing et la commercialisation ".

Mamadou Bakhoum souhaite aujourd'hui que le groupement des producteurs et productrices de Dassilamé Sérère puisse intégrer les plateformes actuelles, trouver, former des agents commerciaux et donc toute une chaîne d'emplois. " C'est pourquoi je crois que sur cette base-là, hormis les femmes que nous trouvons ici, au périmètre, il y a tout un monde autour et aujourd'hui, quand on parle d'employabilité des jeunes, c'est l'occasion d'utiliser ces derniers dans tous ces secteurs porteurs en amont et en aval de la production ", a indiqué M. Bakhoum. Pour qui, " ces jeunes ne sont pas obligés de prendre la hache et de suivre leur père aux champs. Mais, ils peuvent faire autre chose. Et, dans cette chaîne de valeur, il y a de la place pour tout le monde, les jeunes, les femmes, les hommes, entre autres ".

Au périmètre maraîcher de Néma Bah, c'est essentiellement la culture de l'oignon qui est mise en exergue sur un aménagement de 4ha et qui est exploité par le Gie Ndef Leng avec ses 82 femmes. Là-bas, on a aussi noté une nette amélioration des revenus avec la hausse des productions entre 2020 et 2022 comme l'a rappelé la présidente du groupement, Mme Gnima Diouf. Mais, pour cette année, les femmes de Néma Bah n'ont emblavé que 3ha d'oignon et 1ha de poivron. " Nous avons vu que c'est très rentable. Moi qui vous parle, j'ai pu récolter la saison passée 5 sacs de 25 kg dont j'ai vendu les deux tout en gardant le reste pour la consommation familiale et aussi pour en distribuer aux proches ", souligne Binta Diamé, productrice.

Face à l'engouement suscité, le vieux Sidy Kor du village de Dassilamé Sérère souhaite, lui, " que le Pariis nous aide à aménager cette vallée de 7 km qui polarise plusieurs villages dont Dassilamé Sérère, Sourou, Bari, Firdawsa, Bamako, Dagababou et Néma Bah ". Ce qui permettra aux villages polarisés de se lancer dans la riziculture et l'allier à l'activité maraîchère. Dans ce cadre, a ajouté le doyen Sidy Kor, " nous avons saisi le Pariis, tout comme la mairie est informée de cette demande. Des concertations ont été entamées au niveau des différents villages pour informer les habitants de l'importance d'un tel projet s'il venait à être approuvé ".

Encourager la riziculture dans la zone

Pour le Coordonnateur du Projet d'appui régional à l'initiative pour l'irrigation au Sahel (Pariis), Aly Sané Niang, il a été retenu d'élargir le périmètre en le portant de 4 ha à 10 ha. " Nous allons aussi renforcer, a-t-il dit, l'accompagnement, et je dois rappeler que ces périmètres sont accompagnés pour leur mise en valeur par l'Ancar. Nous avons avec cette agence d'encadrement une convention et nous prévoyons d'acquérir déjà un tracteur pour aider au travail de sol après avoir considérablement réduit la pénibilité des femmes à travers ces réseaux d'irrigation par aspersion qui font qu'elles ne perdent plus beaucoup de temps dans le travail physique au champ ". Pour ce qui est de la riziculture, ajoute-t-il, nous avons prévu avec la Direction, des bassins de rétention et des lacs artificiels. " Nous avons aussi prévu de mettre un ouvrage de retenue à côté du périmètre qui permettra de maîtriser l'eau pour faire de la riziculture. Mais qui aura aussi un rôle de recharger les nappes, ce qui sera favorable aussi au périmètre irrigué ", a précisé M. Niang.

La visite des périmètres maraîchers de Dassilamé Sérère et de Néma Bah s'est effectuée en présence du Haut conseiller de collectivité territoriale Abdou Gningue qui a manifesté toute sa satisfaction au vu des performances de productions maraîchères enregistrées par les femmes de la zone. M. Gningue les a encouragées à faire plus et mieux en élargissant leur champ d'action. Mais, " tout cela se fera avec la poursuite du projet qui a fini d'atteindre un niveau d'échelle très satisfaisant à ce stade de test qui est en train de faire émerger des solutions d'irrigation pour voir dans chaque zone agro-écologique quelles sont les meilleures pratiques à adopter et les mécanismes de financement qui leur sont appropriés ; ce qui demande beaucoup de moyens ", a indiqué le Coordonnateur national du Pariis.

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