Madagascar: Affaire Rolly Mercia - L'ancienne première dame happée et condamnée

Harry Laurent Rahajason, ancien ministre de la Communication est condamné à trente mois de prison ferme. Voahangy Rajaonarimampianina, ancienne première dame est également citée parmi les condamnés.

Le sort en est jeté. Harry Laurent Rahajason, ancien ministre de la Communication, également connu sous son nom de plume, Rolly Mercia, ressort du tribunal d'Anosy sous la coupe d'une nouvelle condamnation. Il écope de trente mois d'emprisonnement ferme, assorti d'une amende de 2 millions d'ariary.

Le verdict rendu hier au Tribunal de première instance d'Anosy (TPI), est l'issue de l'affaire dans laquelle l'ancien ministre qui s'est aussi fait un nom dans le journalisme, est poursuivi pour "faux témoignage, dénonciation abusive, propagation de fausses nouvelles et d'incitation à la haine". Une poursuite déclenchée par la plainte de Mamy Ravatomanga, opérateur économique. L'audience publique de cette affaire s'est déroulée à Anosy, le 7 février.

L'autre information qui ressort de la sentence d'hier est qu'il y a deux autres condamnés dans cette affaire, dont Voahangy Rajaonarimampianina, ancienne première dame. L'épouse de Hery Rajaonarimampianina, ancien président de la République, qui vient de rentrer au pays, est condamnée à un an d'emprisonnement avec sursis et au paiement de un million d'ariary d'amende ferme. La seconde personne est Raphaël Albaladejo, ancien directeur général de la société SAMADA. Une entreprise qui était chargée de la sûreté aéroportuaire de 2014 à 2019, en tant que "sous-traitant" de CSPI France.

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Samada avait été mise sous scellé en juillet 2019. En cause des libertés prises sur les normes, le non-respect du contrat passé avec l'Aviation civile de Madagascar (ACM), ainsi que des dizaines de millions d'ariary d'arriérés fiscaux. Se targuant d'avoir un soutien "en haut lieu", Raphaël Albaladejo était, par ailleurs, réputé comme ayant un comportement condescendant et des propos insultants, même à l'endroit d'anciens hauts responsables.

Appel

Un mandat d'arrêt à l'audience a été émis contre Raphaël Albaladejo, hier. Selon les indiscrétions, il aurait quitté le pays depuis belle lurette. D'aucuns s'interrogent cependant sur les raisons de sa présence, ainsi que de celle de Voahangy Rajaonarimampianina, dans la liste des accusés.

Selon maître Eric Rafidison, qui assure la défense de Harry Laurent Rahajason, l'ancienne première dame, notamment, "est indiquée comme complice de Rolly Mercia". Selon ses dires, Voahangy Rajaonarimampianina et Raphaël Albaladejo "ont été cités à comparaître par le parquet le 6 février, donc la veille de l'audience du 7 février. (... ) En principe, cela doit se faire deux mois à l'avance. (... ) Il est anormal qu'une personne soit jugée et déclarée coupable, que sa réputation soit salie sans qu'elle ait pu se défendre".

De sources avisées, l'ancien ministre de la Communication aurait cité ces deux personnalités dans sa déposition durant l'enquête. Harry Laurent Rahajason "a désigné l'ancienne première dame et Raphaël Albaladejo comme ceux qui l'ont poussé à témoigner devant le PNF [Parquet national financier, à Paris]", indique une des sources. S'agissant de son client, maître Rafidison affirme sans ambages qu'il compte faire appel du verdict prononcé, hier.

"Nous n'en sommes pas du tout satisfaits", soutient l'avocat. Il explique que le chef d'inculpation de dénonciation abusive a été requalifié en dénonciation calomnieuse pour que le tribunal correctionnel en soit compétent. "Quoi qu'il en soit la poursuite pour faux témoignage et de dénonciation calomnieuse ne devrait pas avoir lieu d'être, et encore moins la condamnation, puisque l'affaire en justice à l'étranger [en France], à laquelle ils se rapportent est toujours en cours", réagit maître Rafidison.

Il s'agit de la deuxième tourmente judiciaire qui se solde par une condamnation pour Harry Laurent Rahajason, depuis l'année 2020. Cette année-là, celui dont le nom de plume est Rolly Mercia a écopé de quarante-quatre mois d'emprisonnement dans une affaire de manifestation sans autorisation. Les charges retenues contre l'ancien ministre ont été lourdes. Il a été reconnu coupable de complicité de manifestation sans autorisation et d'incitation à la haine du gouvernement.

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