Madagascar: Autosuffisance alimentaire - De l'engrais à bas prix pour booster la riziculture

Le lancement officiel de distribution d'engrais à base de sulfate d'ammonium a été donné hier, à Morarano Chrome. Outre un don de 500 tonnes, cet engrais sera vendu à bas prix aux paysans.

Mille cinq-cents ariary le kilo. C'est le prix auquel sera vendu l'engrais amélioré au sulfate d'ammonium lorsqu'il se retrouvera sur le marché malgache. C'est ce que Andry Rajoelina, président de la République, a annoncé hier à Morarano Chrome. Le chef de l'État lui-même s'est rendu dans cette localité de l'Alaotra pour le lancement officiel de la distribution de cet "engrais miracle" qui dévrait révolutionner l'agriculture à Madagascar. Un projet en collaboration avec le projet Ambatovy, et officialisé en conseil des ministres il y a quelques semaines. Le but est de booster la production agricole, surtout le rendement dans le domaine de la riziculture. Le sulfate d'ammonium utilisé ici est issu du traitement du nickel et du cobalt par Ambatovy.

Le sulfate d'ammonium est un genre de sel non organique qui constitue une importante source d'azote et de soufre. Des éléments importants pour la nutrition des plantes et des récoltes. Après le raffinage du nickel et du cobalt, Ambatovy en produit jusqu'à 100 000 tonnes par an. Un extrait d'une étude menée par l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), en 2013, indique que le sulfate d'ammonium "est une source d'azote efficace pour la production agricole, et l'histoire de son efficacité a été prouvée lors d'une utilisation à l'échelle mondiale".

%

Cet extrait d'une étude, qui date de 2013, ajoute "par ailleurs, il contribue énormément à une meilleure production sur sols pauvres en soufre". L'engrais amélioré au sulfate d'ammonium a des propriétés proches de l'urée, largement utilisée par les agriculteurs malgaches. Il dispose cependant d'un avantage conséquent, son prix, et il sera produit localement.

L'urée se vend aujourd'hui à 5 000 ariary le kilo, au moins, tandis que l'engrais lancé officiellement, hier, à Mora-rano Chrome sera donc à 1 500 ariary le kilo, selon les dires du chef de l'État.

Riposter à la hausse du prix des engrais importés à cause des aléas du marché international est justement une des raisons du projet, comme l'explique Gustavo Gomez, président d'Ambatovy. A s'en tenir au discours présidentiel, par ailleurs, deux-cent vingt-cinq mille agriculteurs sont ciblés par le projet lancé, hier. Dans un premier temps, à l'occasion du coup d'envoi du projet de distribution d'engrais amélioré au sulfate d'ammonium, Ambatovy fait don de 500 tonnes à distribuer à des agriculteurs dans onze régions.

Autosuffisance

Des coopératives agricoles des régions Alaotra Mangoro, Analamanga, Bongolava, Itasy, Vakinankaratra, Amoron'i Mania, Analanjirofo, Atsinanana, Betsiboka, Boeny et Menabe, seront ainsi les premiers à bénéficier de l'engrais amélioré au sulfate d'ammonium. Un accompagnement technique pour l'optimisation de son usage, afin d'impacter le plus positivement possible le rendement en riz, sera aussi donné par la JICA, par le biais du projet PAPRIZ.

Selon les chiffres des discours d'hier, le but est qu'avec l'utilisation de l'engrais amélioré en sulfate d'ammonium, la production rizicole dépasse les 5 tonnes par hectare. Une avancée dans la quête de l'autosuffisance alimentaire, à commencer par l'autosuffisance en riz. "Vaincre la pauvreté et l'insécurité alimentaire passe par l'amélioration du rendement agricole", soutient le locataire d'Iavoloha. Des mots affirmés par Harifidy Ramilison, ministre de l'Agriculture et de l'élevage, qui souligne comme priorité la hausse du rendement rizicole.

À entendre le chef de l'État, l'utilisation de l'engrais amélioré au sulfate d'ammonium permettra de combler le gap de la production de riz à Madagascar. La Grande île importe entre 300 000 et

500 000 tonnes de riz. "Hisser le rendement local de 2 tonnes actuellement à 5 tonnes par hectare, portera à un million de tonnes la production locale. Ce qui nous permettra d'atteindre notre défi sur l'autosuffisance alimentaire". C'est ce qui aurait convaincu le patron de Sumitomo à soutenir le projet lancé hier.

Le partenariat entre l'État et Ambatovy sur l'engrais enrichi en sulfate d'ammonium a été décidé lors de la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD 8), en Tunisie, en août 2022. Le Président Rajoelina avait alors rencontré le patron de Sumitomo. Cette firme japonaise détient la majorité des parts dans le projet Ambatovy.

"Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la dynamique collaboration entre l'État malgache et le Japon et en partenariat avec Ambatovy", déclare le Président. Il ajoute que le boss de Sumitomo "a exprimé sa volonté de se joindre aux efforts de l'État dans son action en faveur de l'autonomie alimentaire des Malgaches. Pour qu'ils puissent bénéficier non seulement davantage des apports, mais aussi des minéraux et des extractions venant d'Ambatovy". Abe Koji, ambassadeur du Japon, confirme qu'il s'agit "d'une contribution au développement de l'agriculture pour atteindre l'autosuffisance alimentaire, notamment par l'autosuffisance en riz". En réponse, Andry Rajoelina lance ainsi, "(... ) ensemble nous allons assurer la sécurité alimentaire des Malgaches, atteindre l'autosuffisance en riz et rétablir la place de Madagascar en tant que producteur incontournable et grenier à riz de l'océan Indien".

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.