Madagascar: Une confusion entre deux castes ou un problème d'origine

Avant la conquête française et l'abolition de l'esclavage par les Français en 1896, le royaume merina est organisé suivant deux considérations.

Dans une étude sur le village d'Ilafy en 1865, Janine Razafindratovo, explique ces deux considérations : d'une part, le souci d'une hiérarchie qui assoit le pouvoir royal sur des bases stables, car son absence engendre l'anarchie; d'autre part, le respect des ancêtres, car " l'on appartient à la caste de ses ancêtres et ce serait les offenser que de vouloir sortir du groupe ancestral ".

À l'intérieur de l'organisation Menabe, souligne l'auteure, les deux castes en présence sont celle des Hova et celle des Mainty. Le gouverneur Andriana est pratiquement à l'extérieur du système car il est, avant tout, le représentant de la famille royale. Les deux castes diffèrent par leur origine, par leur statut d'hommes libres ou d'esclaves, et par leur fortune. Ne souhaitant pas discuter ou faire des suppositions infinies sur l'origine des Hova, elle signale que ceux-ci sont installés depuis plusieurs règnes sur leurs terres. Leurs familles sont groupées en lignage et tous sont membres de droit du fokonolona.

Janine Razafindratovo assimile les Mainty aux esclaves. Cependant, selon Régis Rajemisa-Raolison (Dictionnaire historique et géographique de Madagascar), le terme Mainty est le nom donné à la troisième classe des habitants de l'Imerina, venant après les Hova et avant les Andevo avec lesquels, il est vrai, mais à tort, on a coutume de les confondre.

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Ils sont répartis en six groupes, d'où la dénomination qu'on leur donne souvent aussi Mainty enin-dreny (Noirs de six mères). Ce sont les originaires d'Ambohipoloalina, de Manjakaray, de Faliary, de Tanjombato, ces quatre premiers groupes se nommant aussi les Tsiarondahy. Il y a ensuite les Manendy qui comprennent les Manendy Anativolo et les Manendy Anosivolo. Et enfin, il y a les Fananimanisotra, ou encore Tsimanisotra, ou simplement Manisotra.

L'origine des Mainty, ajoute Rajemisa-Raolison, est aussi obscure que celle des Andriana et des Hova. " Ont-ils été des Mélanésiens venus de concert avec les Hova dans l'immigration entre le Xe et le XIVe siècle, ou sont-ils simplement les descendants de la masse vazimba vaincue par les immigrants ? Rien n'autorise à pencher pour l'une ou l'autre hypothèse. Toujours est-il qu'ils ont été, depuis le début de l'histoire merina, attachés au service domestique des rois. C'est ce qui les a fait longtemps confondre avec les Andevo, classe de gens au service d'autres dits libres, et même les trois premiers groupes des Tsiarondahy, ceux d'Ambohipoloalina, de Faliary et de Manjakaray, dits aussi Mainty telo reny, bénéficiaient de la faveur de ne jamais avoir de biens tombés en déshérence. "

Pour Janice Razafindratovo, les Hova sont les hommes libres qui participent au soutien de la monarchie par l'exécution des corvées royales et du service militaire, par le paiement d'impôts de toutes sortes. Ils possèdent des terres et les circonstances font qu'avec le ralliement de Hagamainty à Andrianampoinimerina et l'arrivée de Rainiharo au pouvoir, leurs privilèges, leur fortune, leur influence ne cessent de croître. Tous les Hova n'appartiennent certes pas, à ces lignages dominants, précise l'auteure de l'étude, mais " l'ascension de tous fut aidée, directement ou indirectement, par l'appartenance de ceux-ci au village (d'Ilafy par exemple) ".

Quant aux Mainty, elle affirme qu'ils proviennent soit des autres groupes ethniques de l'ile, soit d'Afrique, soit de castes merina déchues (guerres, traite, esclavage pour dettes... ). Concernant les Mainty d'Ilafy, en particulier, elle souligne que ce sont surtout les guerres entre les groupes ethniques qui procurent le plus gros effectif d'esclaves aux Hova du lieu. " Le fait reste qu'à côté des Hova de teint clair aux cheveux lisses, les Mainty, eux, sont malgré les mélanges qui n'ont pas dû manquer, au moins clandestinement, d'être plus noirs et ont les cheveux crépus au point qu'il est possible de les distinguer les uns des autres. "

Les confondant aux esclaves, elle souligne que les Mainty sont propriété d'autrui. Leur vie appartient au roi seul, mais leurs maitres usent d'eux à leur gré. Ils accomplissent pour eux les corvées, cultivent leur champ, leur servent de domestiques et de bouviers. " Ils pouvaient être vendus à tout moment, n'avaient de famille que si leurs maitres leur donnaient le temps de s'en créer une, ne faisaient évidemment pas partie du fokonolona, avaient perdu la mémoire de leurs parents et ancêtres restés dans leurs tribus d'origine. "

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