Guinée: Situation des étudiants guinéens au Maroc - Le secrétaire général de l'ASEGUIM à coeur ouvert

27 Février 2023
interview

Alors que les étudiants guinéens vivant au Maroc sont donnés en train de vivre une galère certaine face à l'inertie habituelle de l'Etat guinéen, notre rédaction a voulu en avoir le coeur net et a contacté le secrétaire général en exercice de l'association des étudiants guinéens au Maroc (ASEGUIM), Malick Fofana.

 Mr Fofana bonjour!

Bonjour monsieur

Quel est l'état des lieux des ressortissants guinéens au Maroc ( nombre estimatif, villes d'accueil etc).

Selon les chiffres officiels, l'année dernière nous étions 730 boursiers d'enseignement supérieur et de formation professionnelle au compte de l'Etat, c'est-à-dire qui sont pris en charge dans le cadre des bourses d'entretien. Il y a beaucoup de nuances dans ces chiffres parce qu'ils ne prennent pas en compte ceux qui sont venus dans le cadre privé. Aussi, sur les 730 boursiers, nombreux ne sont plus sur le territoire ries et le SNABE ne connaît pas leur situation. Dans le même ordre d'idée, il y a un autre groupe important qui ne perçoit plus de bourses d'entretien mais qui continue quand même son cursus.

Pour résumer, nous n'avons pas un chiffre exact du nombre d'étudiants régulièrement inscrits dans les établissements publics et privés au maroc. Si je me base sur mon constat, je peux estimer à plus de 1500 étudiants.

Origine et hauteur de la bourse? Est elle payée normalement ?

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De façon globale, les boursiers perçoivent 2 bourses: La 1ere du pays d'accueil à travers l'Agence Marocaine de coopération internationale AMCI et la seconde est octroyée par l'État guinéen.

La bourse marocaine s'élève à 750 dirhams payée après chaque 2 mois, Soit 6 tranches de paiement dans l'année. Dès le début de l'année scolaire, l'AMCI met à la disposition des ayant droits un calendrier retraçant une échéance de paiement pour chaque tranche.

Du côté de la Guinée, l'année dernière le gouvernement a procédé à une revalorisation de la bourse. Désormais au lieu de 50 dollars, nous allons percevoir 100 $ pour l'enseignement supérieur et 80$ pour la formation professionnelle, autre fois fixée à 40$. Mais le problème que nous rencontrons depuis plusieurs décennies est le non paiement régulier de ces bourses. L'état guinéen n'est malheureusement pas ponctuel dans le paiement desdites bourses contrairement à son homologue marocain. C'est l'un de nos plus gros soucis d'ailleurs.

Il parait que pour le travail, les sénégalais sont privilégiés par rapport aux autres nationalités ?

Honnêtement, concernant le travail je n'en sais pas trop. Mais ce dont je suis sûr, c'est que quand on est étudiant, c'est difficile d'obtenir un job parallèle aux études. Ce n'est pas comme l'Europe ou les USA Canada etc... ici les étudiants ont de plus en plus de difficultés à s'intégrer professionnellement même ayant terminé les études. C'est un constat général chez toutes les nationalités. Mais c'est vrai que parfois, les sénégalais ont quand même quelques privilèges dans certains secteurs par exemple les centres d'appels. Je connais personnellement un centre d'appel où ne sont acceptés que les marocains et les Sénégalais. Aussi, dans la procédure de dépôt de la carte séjour, ils sont exonérés (SENEGALAIS) de certains documents voire même frais.

Êtes vous en contact avec l'ambassadeur de la Guinée au Maroc?

Bien sûr. En tant que représentant des étudiants, nous sommes les premiers interlocuteurs de l'État guinéen avec les boursiers. Nous sommes en contact permanent avec les autorités guinéennes aussi bien au Maroc qu'en Guinée.

Peut -on parler de crise chez les étudiants guinéens liée au pécule?

Dans le sens des difficultés oui. Les étudiants rencontrent de nombreuses difficultés, ce, malgré les efforts déployés. C'est pas suffisant malheureusement. Pour l'heure nous pouvons les résumer en 3 groupes :

- La première est liée au paiement des bourses. Nous avons salué l'effort du gouvernement qui a décidé d'augmenter notre bourse. C'est un acte vraiment salutaire. Nous les remercions infiniment. Mais ils doivent se battre afin de mettre un mécanisme en place permettant d'assurer le paiement régulier des dites bourses. Parce que le manque d'argent constitue le plus gros problème des étudiants guinéens au Maroc. Ça impacte la productivité de nombreux de nos camarades. Certains raccrochent faute de moyens , d'autres entrent dans la dépression.

- La seconde est liée au problème administratif et de régularisation des conditions de séjour. Malheureusement il y a beaucoup d'étudiants qui ont des difficultés d'obtention de leur carte de séjour. L'ambassade est intervenue pour nombreux d'entre eux afin qu'ils puissent obtenir une dérogation. Mais ce n'est pas suffisant parce qu'il y'en a qui jusque-là n'ont pas de séjour. Ils ont des pièces manquantes qui ne peuvent être obtenues qu'à partir de la Guinée. C'est un véritable calvaire pour les étudiants.

-La 3eme crise concerne la faiblesse du dispositif de prise en charge. Très malheureusement, nous n'avons plus de caisse de sécurité sociale depuis plus de 4 ans maintenant. On a annoncé aucune raison de la suspension de cette caisse. Pourtant, elle est indispensable car elle nous permettait de résoudre énormément de problèmes avant l'intervention de l'État qui est généralement tardive. Aujourd'hui avec son absence, nous n'avons aucune assurance. Les seules que nous avons sont celles du gouvernement Marocain par le biais de l'AMCI sur le plan sanitaire.

Même cette assurance est insuffisante puisque pour en bénéficier il faut d'abord effectuer les premières dépenses pour pouvoir être remboursé après. Que faire si on n'a pas d'argent ?

C'est ce qui se passe dans la plupart des cas. Nous sollicitons vraiment le retour de cette caisse.

Aminata 6- Avez vous vent de toutes les imperfections qui touchent nos compatriotes ? Vous gérez comment?

Nous sommes une entité pour les étudiants. Bien sûr, que nous intervenons souvent pour les non étudiants. mais nos interventions sont beaucoup plus accentuées sur les étudiants. Dès qu'il y a un problème, nous essayons de l'analyser pour en connaître l'étendue. Celui qui peut être résolu à notre niveau, nous le résolvons. Mais pour la plupart des cas, nous remontons l'info auprès de l'ambassade afin qu'elle puisse trouver une solution.

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