Tunisie: Pour être à la hauteur de nos valeurs

Le sujet est toujours d'actualité. Dans la problématique des migrations, il existe des éléments objectifs qu'il serait intéressant d'évoquer ici. Les périodes d'instabilité politique, économique et sécuritaire sont propices aux mouvements de migration clandestine.

Rappelons-nous, en 2011, 20 mille Tunisiens sont entrés en Italie. Béji Caïd Essebsi leur avait obtenu alors un laisser-passer ou permis provisoire de séjour valide pendant 6 mois. Ensuite, et avec les révolutions arabes de 2011, des mouvements importants de migration se sont produits, notamment à travers trois voies: Tunisie-Italie, Libye-Italie, Turquie-Balkans. Aucun des pays concernés, Libye, Tunisie, Turquie, n'est un pays de destination, mais de transit. Seulement et comme partout, il arrive que des pays de transit se transforment, même provisoirement, en pays d'implantion et de séjour.

Depuis au moins une année et avec la relative stabilisation que connaît la Libye, à laquelle vient s'ajouter la pression qu'exerce le nouveau gouvernement italien, la route libyco-italienne se tarit, devenue plus difficile à emprunter. Les candidats aux migrations clandestines se sont tournés vers la Tunisie, l'Algérie et le Maroc, comme plateforme de départ vers l'Europe.

Tous ces migrants fragilisés, victimes de guerres, de catastrophes naturelles, vivant dans le dénuement le plus total, ...sont à la recherche de survie dans des pays stables, respectueux des droits de l'homme. Leur destination de rêve demeure l'Europe. En revanche,ce sont des mafias transnationales qui tirent les ficelles et engrangent des centaines de millions, voire des milliards de dollars de chiffre d'affaires.

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La présence de ces personnes de plus en plus démunies regroupées dans des pays de transit, présente, c'est évident, de nombreux dangers pour elles-mêmes et pour les pays d'accueil. Mais on ne peut évidemment pas les juger ou les trier en fonction de la couleur de leur peau, ni de leur nationalité. Le premier moyen d'agir reste encore et toujours la conformité à la loi. Se pose, ensuite,de manière cruciale, la question de la porosité des frontières, au moment où le risque terroriste en provenance du Sahel est omniprésent. Mais ce n'est pas tout. Les migrants irréguliers, pour la plupart, sont tellement en détresse, tellement démunis, et provenant de pays déstabilisés qu'ils sont éligibles à l'asile en vertu du droit européen.

En d'autres termes, s'ils arrivent à accéder au sol européen, ils seront immédiatement éligibles à l'asile. Obstacle majeur: la notion de corridor humanitaire n'existe pas en Afrique du Nord. Il faudra ajouter, à toutes fins utiles, que c'est l'Europe qui n'en veut pas. Elle ferme les yeux, se bouche les oreilles, ne veut pas savoir. Et, contrairement à ce qu'on peut penser, l'Europe est l'un des continents qui reçoivent le moins de réfugiés migrants.

D'un autre côté, et ceci est un message à nos compatriotes, ces migrants fussent-ils clandestins, ont des droits. La convention internationale sur la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles reconnaît des droits aux migrants irréguliers. Par exemple, leurs enfants ont un droit fondamental d'accès à l'éducation, sur la base de l'égalité de traitement avec les ressortissants de l'Etat d'accueil ou de passage. L'éducation, y compris en préscolaire, ne peut en aucun cas leur être refusée, sous prétexte de situation irrégulière.

Plus encore, ils doivent être protégés par les Etats,dignes de ce nom,qu'ils soient d'accueil ou de passage. En d'autres termes, les migrants irréguliers ont des droits fondamentaux partout dans le monde,y compris en Tunisie. Soyons alors à la hauteur de la situation et des valeurs que nous prônons.

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