Afrique du Nord: 28e édition du FESPACO - Triomphe du film "Ashkal" du tunisien Youssef Chebbi

Clap de fin pour l'édition 2023 du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou(Fespaco). Après une semaine au rythme du cinéma africain, le festival a été clôturé, samedi 4 mars, en présence du Président de transition du Burkina Faso, Ibrahima Traoré. L'Étalon d'or de Yennenga de cette 28e édition est revenu au réalisateur tunisien Youssef Chebbi pour son long-métrage de fiction " Ashkal ".

OUAGADOUGOU - Les autorités burkinabè ont clôturé, samedi 4 mars, au Palais des sports de Ouaga 2000, le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). La cérémonie de clôture, présidée par le Capitaine Ibrahima Traoré, le Président de transition, en présence du Ministre de la Culture du Mali, dont le pays est l'invité d'honneur de ce Fespaco, a été ponctuée par une série de spectacles au rythme du son et de la lumière. Entre la prestation de l'orchestre de la police, celle des majorettes et la mise en scène chorégraphique encore majestueuse du burkinabè Serge Coulibaly, le " Pays des Hommes intègres " a offert au monde une partie de sa riche palette culturelle.

" I have a dream 2 " est la suite du spectacle chorégraphique sur la paix et la résilience offert par Serge Coulibaly, lors de l'ouverture du festival, il y a une semaine. À ces prestations s'est ajouté le spectacle d'hommage rendu aux forces de défense et de sécurité du Burkina Faso et du Mali fait par la chanteuse burkinabè Kandy Guira, dans un style afro-électro. Ce voyage musical et de danse, explorant la diversité et la beauté des cultures africaines, a ému le nombreux public venu prendre part à la clôture de cette biennale du cinéma de l'Afrique et de sa diaspora.

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Cette année, malgré les inquiétudes liées à la sécurité, le défi de l'organisation de cette 28e édition tenue sous le signe de la paix, de la résilience et de l'espoir, a été largement relevé. Le clap de fin du Fespaco 2023 a été marqué par la consécration du Tunisien Youssef Chebbi, lauréat de l'Étalon d'or de Yennenga doté de 20 millions de FCfa. Avec son film " Ashkal ", le réalisateur tunisien succède au Somalien Khadar Ayderus Ahmed, lauréat en 2021 pour son long-métrage de fiction " La femme du Fossoyeur/The Gravedigger's Wife ". Le jury présidé par la Tunisienne Dora Bouchoucha, productrice de films, s'est félicité de la " rigueur extrême " de ce film " qui cisèle les images et permet au cinéaste d'aller au-delà des murs éventrés et des corps éreintés, avec des images aussi bien tissées où chaque file se désintègre... ". Film d'enquête tunisien, " Ashkal " aborde avec beaucoup de subtilité la révolte tunisienne de 2010. Il y est question de corruption, d'État policier, de violence et de mort. Mais aussi et surtout de dénonciation de la violence policière...et politique.

L'édition 2025 prévue du 22 février au 1er mars

En outre, la Tunisie s'est illustrée en s'adjugeant le Poulain d'or dans la catégorie long documentaire pour le film " Angle mort " de Lotfi Achour ainsi que les Prix d'interprétation féminine et masculine pour l'ensemble des acteurs dans le film " Sous les figues " d'Erige Sehiri.

L'Étalon d'argent (10 millions de FCfa) et celui de bronze (5 millions de FCfa) sont revenus respectivement à la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré pour son long-métrage de fiction " Sira " et à Angela Wamai du Kenya pour son film " Shimoni ". Dans cette 28e édition du Fespaco, le Cap-Vert s'est aussi distingué avec la consécration du long-métrage documentaire " Omi Nobu/L'homme nouveau " de Carlos Yuri Ceuninck, Étalon d'or du film documentaire.

L'édition 2023 du Fespaco, a soutenu son Délégué général, Moussa Alex Sawadogo, s'est voulue " résiliente, professionnelle, créative et digne, digne pour honorer la mémoire des victimes du terrorisme, mais également pour apporter du baume au coeur des personnes déplacées " à cause de l'obscurantisme djihadiste.

Quelques jours avant l'ouverture du festival, le pays a été frappé par une attaque terroriste causant la mort de plus de 50 soldats. Ce festival est donc une sorte de résistance face à la montée du djihadisme. Selon M. Sawadogo, " nous avons voulu ce Fespaco fédérateur et contributif aux idées de tolérance, de compréhension mutuelle et de promotion de la paix dans les coeurs et dans les esprits " en se servant de la beauté des images et la puissance du message cinématographique.

Moussa Alex Sawadogo a profité de cette cérémonie de clôture pour annoncer la date de la tenue de la prochaine édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, lequel est prévu du 22 février au 1er mars 2025.

LE FESTIVAL EN CHIFFRES

1328 journalistes et 2430 professionnels du cinéma et de l'audiovisuel mobilisés

Le Délégué général du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou a fait part de la mobilisation nationale et internationale notée autour de cette 28e édition du Fespaco, qui a eu lieu du 25 février au 4 mars. Malgré une situation sécuritaire fragile, au total, renseigne-t-il, il y a eu plus de 10 000 accrédités dont 2430 professionnels du cinéma et de l'audiovisuel. Aussi, 1328 journalistes ont pris part à cette biennale du cinéma africain et de sa diaspora ainsi qu'une cinquantaine de pays à travers le monde. Moussa Alex Sawadogo a annoncé également que 1200 films ont été visionnés pour 170 sélectionnés et repartis en 12 sections.

Le Fespaco 2023, c'est 365 projections et 218 millions de FCfa distribués entre les prix spéciaux et ceux du jury officiel. Moussa Alex Sawadogo s'est félicité de l'appui du Gouvernement burkinabè et de la confiance des partenaires techniques et financiers du festival qui ont cru à la tenue de ce Fespaco, mais aussi de l'importance de ce genre de rendez-vous dans " des moments aussi difficiles ". Par le cinéma, le " Pays des Hommes intègres " a envoyé ainsi un message fort de résistance et de résilience contre le terrorisme.

PALMARÈS OFFICIEL 2023

Le Sénégal se console avec deux mentions spéciales du jury

Malgré une dizaine de films en compétition, le Sénégal n'a pas réussi à rééditer ses performances des précédentes éditions du Fespaco. Cependant, deux films sénégalais (" Le mouton de Sada " et " L'argent, la liberté, une histoire du Franc Cfa ") ont reçu la mention spéciale du jury.

Très régulier dans le palmarès officiel du Fespaco ces dernières années, le Sénégal s'est timidement illustré dans cette 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou. Malgré une dizaine de films en compétition, notre pays n'a pas finalement réussi à reproduire les mêmes performances que lors des précédentes éditions. Pour le Fespaco 2023, c'est la Tunisie qui a réussi à tirer largement son épingle du jeu en remportant l'Étalon d'or du Yennenga, le Poulain d'or du Yennenga et les Prix d'interprétation féminine et masculine.

Toutefois, le Sénégal peut se consoler avec deux mentions spéciales du jury pour, respectivement, " L'argent, la liberté, une histoire du Franc Cfa " de Katy Léna Ndiaye (documentaire long-métrage) et " Le mouton de Sada " de Papa Bounam Lopy (Section Perspectives).

Le Sénégal peut aussi se targuer d'avoir coproduit le film de fiction " Sira " de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré, Étalon d'argent du Fespaco de cette année.

Lors de l'édition 2021 du Fespaco, le Sénégal avait totalisé quatre prix dans le palmarès officiel, avec le triomphe de " Serbi, les tissus blancs " de Moly Kane, Poulain d'or du meilleur court-métrage de fiction ; les consécrations de Fatou Kandé Senghor, meilleure série télé, d'Aïssa Maïga, Étalon d'argent du long-métrage de documentaire et d'Alassane Sy, meilleure interprétation masculine dans le film " Bamum Nafi " (Le père de Nafi). En plus de " Tabaski " de Laurence Attali qui avait été récompensé de la " Mention spéciale " du Jury dans la catégorie documentaire.

Mieux, en 2017, le Sénégal avait décroché le Graal, avec l'Étalon d'or de Yennenga décerné au réalisateur sénégalais Alain Gomis pour son long-métrage de fiction " Félicité ". Notre pays avait également pris l'Étalon d'or du meilleur long-métrage documentaire avec " Kemtiyu Séex Anta " d'Ousmane William Mbaye. Il s'était aussi emparé du Prix de la meilleure série télévisée avec " Tundu Wundu " d'Abdoulahad Wane dans la section des Séries télévisées ainsi que du Prix du meilleur son pour le long-métrage de fiction " Félicité " d'Alain Gomis.

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