Cote d'Ivoire: Ecole de la 2ème chance - Comment le Gouvernement veut donner du travail à 1 million de jeunes non diplômés

Le gouvernement ivoirien ne veut laisser aucun de ses enfants sur le carreau. En plus de ses efforts pour insérer les jeunes diplômés dans le tissu social, il s'évertue à tout faire pour prendre en compte les autres jeunes non diplômés ou non scolarisés. Pour ces derniers, il a lancé un ambitieux projet appelé " Ecole de la 2ème chance ou E2C ". Il s'agit de programmes développés pour former et faciliter l'insertion des personnes en quête de qualification et d'insertion professionnelle. Il vise un million de bénéficiaires à l'horizon 2030, avec un objectif intermédiaire de 400 000 personnes dans le cadre de la mise en oeuvre du PS-Gouv 2 sur la période 2021-2024. Gros plan sur un projet ambitieux pour la jeunesse ivoirien !

La commune d'Abobo va abriter dans les prochains jours un centre dénommé Garage-École. Il concerne des jeunes en quête d'insertion professionnelle. La première pierre de ce centre a été posée le 22 octobre dernier par Patrick Achi, Premier ministre de Côte d'Ivoire. C'est un chantier qui figure parmi les outils mis en oeuvre pour concrétiser l'École de la 2ème Chance. Le Garage-Ecole d'Abobo aura pour mission d'accueillir, de qualifier, de diplômer et d'accompagner les jeunes intéressés par une autre manière d'apprendre les métiers de la mécanique automobile. La méthodologie utilisée pour y arriver, une pédagogie innovante. Dans cette école, les jeunes auront donc les rudiments nécessaires pour développer leur savoir-faire et leur savoir-être, de façon à s'épanouir et répondre aux besoins de la filière automobile et mécanique de façon générale.

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La mécanique générale, l'électricité automobile, la tôlerie, la peinture automobile, la révision générale des véhicules, la climatisation et la recherche de panne, l'entrepreneuriat sont entre autres formations qui seront dispensées au Garage-École d'Abobo. En clair, l'idée c'est de repenser l'enseignement technique, la formation professionnelle et l'apprentissage. À travers la modernisation du secteur de la mécanique auto, ce sont encore plus de constructeurs automobiles qui seront attirés et davantage d'emplois qui seront ainsi créés au profit des jeunes.

Pour ce projet, il est prévu des cohortes de 50 jeunes par session de formation pour des durées de 4 mois, soit près de 150 à 200 jeunes formés à la mécanique automobile et aux métiers connexes chaque année.

À terme, en sortant du Garage-École d'Abobo, les apprenants seront outillés de sorte à pouvoir créer leurs propres garages et devenir plus tard des employeurs. Le Garage-Ecole d'Abobo sera bâti sur une superficie de 2 hectares et le coût des travaux est estimé à 400 millions de FCFA. Il bon de rappeler que la Côte d'Ivoire, comme beaucoup d'autres pays du monde, fait face à des défis sociaux en termes de compétence qui lui imposent des actions urgentes, notamment valoriser le capital jeunesse. Le pays compte 29 389 150 habitants dont 75,6% sont âgés de moins de 35 ans selon le recensement général de la population de l'habitat (RGPH 2022). Parmi ces 75,6% de jeunes, la proportion des jeunes âgées de 15 à 24 ans, ni en emploi, ni dans le système éducatif, est passée de 1 475 873 jeunes en 2016 à 2 322 382 en 2019 (ENE2019), soit une augmentation de 57%.

La Côte d'Ivoire doit, par ailleurs, satisfaire en compétences une économie très dynamique. Selon le rapport du Programme d'appui à l'amélioration de l'employabilité et de l'insertion des jeunes (PAAEIJ) de Côte d'Ivoire, les besoins en main d'oeuvre du secteur productif demeurent insatisfaits. Le pays d'Alassane Ouattara a aussi un autre défi à relever, celui de réduire la menace sécuritaire. Le gouvernement ivoirien est conscient que le nombre de jeunes désoeuvrés risque d'alimenter la délinquance. En effet, à la problématique du chômage et de la pauvreté, sont rattachés tous les maux liés à la société tels que le terrorisme, la guerre, la prostitution etc.

Il est aussi conscient qu'il doit réduire le chômage et la pauvreté. Depuis 2011, le taux d'un chômage de primo-insertion qui concerne les jeunes de 15 à 34 ans est en hausse permanente.

Une chance inouïe pour la jeunesse

L'école de la seconde chance se présente donc comme une chance inouïe pour la jeunesse en quête d'emploi ou de qualification. Comme indiqué plus haut, c'est l'un des programmes développés pour former et faciliter l'insertion des personnes en quête de qualification et d'insertion professionnelle. Il vise un million de bénéficiaires à l'horizon 2030, avec un objectif intermédiaire de 400 000 personnes dans le cadre de la mise en oeuvre du PS-Gouv 2 sur la période 2021-2024. La particularité de cette école, c'est que le choix des métiers concernés par la formation est opéré par le secteur productif car l'objectif est de répondre à leurs besoins en ressources humaines. De même, les programmes de formation sont élaborés avec le concours des branches professionnelles et des entreprises pour une meilleure adéquation formation/emploi. Par ailleurs, les activités de formation s'effectuent dans un établissement (public ou privé) et/ou en milieu professionnel. Les formations pratiques sont privilégiées. Les formations se déroulent sur une courte durée (de 3 à 12 mois), y compris les périodes de stage en entreprise.

Peut bénéficier du programme E2C, toute personne âgée de 16 ans et plus en quête d'insertion professionnelle c'est-à-dire toute personne ayant besoin d'une qualification, d'une requalification ou d'une reconversion dans un métier. Il peut s'agir des non scolarisés, des déscolarisés, de diplômés sans emploi ou mal insérés. Le dispositif de l'E2C a trois composantes. Le premier concerne le déploiement de l'apprentissage. Il s'agit ici de développer les chantiers d'application (champs-écoles, garages-écoles et autres chantiers écoles), de construire et équiper les centres de formation apprentis, de mettre en en oeuvre des programmes d'apprentissage. Le second propose l'appui à la professionnalisation des métiers, la formalisation des parcours de formation avec les professionnels, ainsi que le développement des curricula avec les professionnels. Il est également question de renforcer les capacités des maitres artisans, de développer des programmes de reconversion professionnelle et de mettre en oeuvre de la validation des acquis de l'expérience (VAE). Enfin, le projet met l'accent sur la réalisation des projets de formation/insertion émanant du secteur productif, de projets pilotes. Sans oublier la mise en oeuvre d'un cadre institutionnel, le renforcement des capacités des acteurs, l'accompagnement des bénéficiaires et l'opérationnalisation des différents dispositifs.

Une école très particulière

Désormais, on ne forme plus pour former. En effet, dans le cadre de l'Ecole de la deuxième chance, le déclenchement des projets de formation se fait à l'initiative des entreprises ou des collectivités locales. Il se fait aussi avec l'implication des collectivités locales qui ont des besoins d'emplois spécifiques, en collaboration avec les autres ministères techniques. Il faut aussi saluer l'aboutissement de la formation qui est l'insertion professionnelle. En d'autres termes, on ne forme plus pour que l'apprenant se retrouve au chômage après. Mieux, un certificat de qualification professionnelle (CQP) est délivré à la fin de la formation. Il est affecté un référent de parcours à chaque bénéficiaire intégrant le programme E2C.

Le secteur productif a un rôle déterminant dans la mise en oeuvre de ce projet. Il est au coeur du programme. Il intervient et participe à toutes les étapes, en vue d'atteindre une réelle adéquation formation/emploi. Il assure ainsi la satisfaction de ses besoins en compétences. De même, les collectivités locales jouent également un rôle majeur dans l'identification des besoins locaux, le financement et le suivi-évaluation des projets. Idem pour les organismes de formation. Qui sont les dispensateurs de la formation. Pour ce faire, ils ont l'obligation d'être habilités.

Etant donné qu'il n'existe pas d'habilitation générale pour proposer des formations débouchant sur une certification, les organismes de formation intéressés par la création d'un parcours CQP doivent prendre contact avec l'organisme chargé de l'habilitation, dès la notification officielle de création d'un CQP, pour connaître les conditions d'habilitation (modalités et procédure) propres à chaque certification. Enfin, ils devront dispenser les formations préparatoires à la certification et/ou pour organiser une session de validation de la certification.

Thiery Latt

Encadré

Aller vite pour le bonheur des jeunes

Pour le ministre N'Guessan Koffi, il faut donc aller vite pour " repenser et revaloriser " le développement socio-économique en vue de l'émergence rapide de la Côte d'Ivoire. Le tout autour de deux programmes. Le premier, c'est " L'Académie des Talents ". Un programme destiné à réhabiliter les infrastructures du dispositif, à réviser les curricula, à renforcer les capacités des personnels, notamment les formateurs, à les remotiver, à repenser les relations avec le secteur productif et aussi à rechercher des partenaires académiques et financiers en vue de co-construire des parcours dont l'impact contribuera à relever significativement le niveau et la qualité des formations. L'ambition poursuivie par l'Académie des Talents est de créer les conditions idoines pour une formation technique et professionnelle résolument tournée vers l'excellence. Ce programme vise aussi à mettre en place un parcours de formation sanctionné par le CQP, le CAP, le BT, le DTS et le diplôme d'Ingénieur avec des apprenants recrutés à partir de la classe de CM2. Le second axe est dénommé : " L'Ecole de la Deuxième Chance " ou E2C. L'E2C vise à former aux métiers, des diplômés sans emploi, des déscolarisés et des non scolarisés afin que ceux-ci, possédant un savoir-faire, puissent avoir une insertion professionnelle aisée et décente.

Pour le déploiement de ces deux programmes, le président de la République, Alassane Ouattara, veut aller vite. Ainsi le gouvernement, à travers le ministre du Budget et du Portefeuille de l'Etat, a présenté le 7 novembre dernier aux parlementaires un projet de budget équilibré en ressources et en dépenses à hauteur de 11694 milliards de FCFA. Ce budget comprend 199 milliards de FCFA (Pilier 2 -Développement du capital humain) pour la construction de 66 collèges de proximité et la mise en oeuvre de " L'Ecole de la Seconde Chance ". Un budget de 598 milliards de FCFA est également prévu pour l'acquisition de kits scolaires et la construction d'établissement de formation professionnelle.

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